Nadia Roz : "Manger est une vraie passion"

Comédienne et actrice de cinéma, Nadia Roz est devenue incontournable sur la scène humoristique française. Révélation du Marrakech du rire en 2015, elle va jouer son One Woman Show "Ça fait du bien" le 15 mai à l'Olympia. Un incroyable succès qu'elle doit à sa folie, son naturel et à ses convictions... très féministes ! Car saviez-vous qu'avant, cette pétillante brune était assistante de direction ? Rencontre.

Nadia Roz : "Manger est une vraie passion"
© François Berthier

Nadia Roz peut jouer un bébé racaille en couche ou encore une tata marocaine un peu tyrannique : elle est irrésistiblement drôle. Son One Woman Show, Ça Fait du Bien, remplit les salles depuis 3 ans.
Le 15 mai 2019, cette artiste talentueuse et culottée aura la mythique scène de l'Olympia comme nouveau terrain de jeu. Une véritable consécration pour cette reine de l'humour. Le Journal des Femmes l'a rencontrée dans un café place Clichy. Dehors, le temps est gris maussade. Au moment où l'humoriste s'assoit à la table, le bistrot prend instantanément des couleurs. Un arc-en-ciel après l'orage. Pétillante et affamée, Nadia Roz commande une formule petit-déjeuner avant de répondre avec attention... et sourire, à nos questions... 

Le Journal des Femmes : Pouvez vous expliquer le titre de votre spectacle Ça fait du bien ?
Nadia Roz : À sa création, ce spectacle n'avait pas encore vraiment de titre. Au premier show-case les retours m'ont inspirée. Les gens sortaient et disaient : "Ça fait du bien d'avoir rigolé comme ça". Il y a beaucoup d'interactions dans mon spectacle et d'improvisations avec le public… Ils entrent un peu dans mon univers. 

Qu'est-ce qui vous fait du bien au quotidien ? 
Nadia Roz : Manger est une vraie passion. Sinon, des choses simples comme la vie de famille, marcher dans la forêt, prendre un bain chaud… J'adore aussi être témoin d'un acte de bienveillance. Quand je suis dans la rue, je cherche toujours la personne qui aide une dame âgée à traverser la route. J'ai envie de prendre ces gens dans mes bras et de dire : "C'est bien, nous sommes une humanité d'amour". 

Qu'est ce que cela vous fait de jouer sur la scène mythique de l'Olympia ? 
Nadia Roz : Cela me donne le vertige, me fait plaisir, et cela m’excite comme une gamine. J'ai hâte, c'est Noël pour moi. Je ne suis pas encore trop stressée, mais 10 jours avant, je vais être plus tendue… Je vais moins manger, faire des rêves bizarres, être moins cool à la maison. Et en même temps, le jour J, je n'aurai plus peur. J'arrive à gérer pour ne pas gâcher mon plaisir.

© Nadia Roz

Comment passe t-on du métier de secrétaire à celui d'humoriste ? 
Nadia Roz : J'étais comédienne de formation, j'ai fait beaucoup de théâtre. En revanche, j'ai appris le secrétariat sur le tas, mais l'envie était trop forte. Tous les matins, j'allais au bureau avec mon tailleur et mon chignon... Un vrai cliché ! C'était une grosse entreprise très classe et ce n'était pas moi. Lorsque je me projetais, je voyais bien que j'avais un autre rêve. Un jour, je me suis dit : "Tu dois essayer !". J'ai commencé à écrire des textes et je me suis donné un an pour réussir. Très rapidement, j'ai gagné Paris fait sa comédie et le prix était de faire la première partie d'un gala à l'Olympia... Dix ans après, j'y retourne. C'est fou ! 

Vous faites-vous violence pour "oser" ? 
Nadia Roz : Non, il ne faut vraiment pas me pousser beaucoup...  J'ai souvent tendance à faire la folle dans ma vie privée ! 

En 2016, vous avez dressé la liste de vos consœurs pour montrer que les femmes aussi sont présentes dans le milieu de l'humour. Aujourd'hui, les hommes ont-ils toujours une longueur d'avance ou la situation s'est améliorée ?
Nadia Roz : Il y a un tout petit peu plus de femmes sur scène, sur les plateaux et dans les théâtres. Or, je trouve qu'à l'écran, dans les festivals et dans les galas malheureusement, ce n'est pas le cas. On retrouve souvent maximum 3 filles sur 10 artistes dans les festivals. Des programmateurs m'ont expliqué que les filles n'osaient pas assez… Mais les femmes ont surtout moins d'opportunités ! 

Vous sentez-vous pleinement féministe ? 
Nadia Roz : Oui, car j'essaye de désacraliser le mot "féministe". Les gens ont peur du mot mais si on leur demande s'ils sont anti-racisme par exemple, ils n'ont aucun problème à dire "Ah oui évidemment, car le racisme c'est mal !". La misogynie et le sexisme, c'est mal aussi. Il y a des victimes, des femmes qui meurent, des salaires plus bas… C'est une vraie injustice qui est chiffrable ! Il faut sortir ce grand mot de son côté sulfureux. 

"L'humour se passe dans l'intellect, pas dans la culotte. "

Existe t-il un humour féminin selon vous ? 
Nadia Roz : Non, j'adopte un point de vue de femme dans mon show, mais la mécanique de l'humour est universelle. Quand on rigole, ce ne sont pas les œstrogènes ou la testostérone qui déclenchent le rire. L'humour se passe dans l'intellect, pas dans la culotte. 

Dans la sphère de l'humour, les femmes sont-elles plutôt solidaires ou rivales ?
Nadia Roz : D'après mon expérience, il existe une véritable solidarité parce qu'on est moins nombreuses. J'ai de vraies copines dans le métier comme Antonia de Rendinger, dont j'ai fait la première partie à la Cigale, ou encore Bérengère Krief. Je trouve même que certains hommes sont plus durs entre eux que les femmes. 

Quels sont vos projets futurs ? 
Nadia Roz : C'est la fin de mon spectacle le 15 mai, à L'Olympia donc... grosse fête ! Ensuite, il y aura l'écriture du prochain spectacle pour 2020... Oui, ça me fait peur ! Et puis, je joue dans le film réalisé par Stéphane Ben Lahcene avec Pascal N'Zonzi et Michèle Laroque, qui s'appelle Premier de la classe et La Vie scolaire, de Grand Corps Malade et Mehdi Idir avec Zita Hanrot et Alban Ivanov. Enfin, il y a Peplum dont je co-signe le scénario et qui est la suite de la série. On a tourné en Bulgarie avec un décor assez dingue. Après, j'ai des tournages pour des séries mais pour l'instant c'est top secret… 

Retrouvez Nadia Roz à l'Olympia le 15 mai 2019 dans son One Woman Show Ça fait du bien.