Coline Berry Rojtman se confie : "C'était ça ou j'en crève"

Coline Berry Rojtman, qui accuse son père Richard Berry d'inceste, s'est livrée à cœur ouvert auprès de "France Info". La mère de famille de 45 ans explique ce qu'elle attend de la justice, ses confrontations avec son père, la réaction de sa famille, le déni et le soulagement...

Coline Berry Rojtman se confie : "C'était ça ou j'en crève"
© Coline Berry Rojtman - Capture d'écran - C8

Après des jours de silence, Coline Berry Rojtman s'est confiée sur sa démarche compliquée auprès de France Info, le 13 février. La fille de Richard Berry, qui accuse son père d'inceste, a porté plainte contre l'acteur pour "viols et agressions sexuelles sur mineur de 15 ans par ascendant et corruption de mineur".
Les faits sont désormais prescrits, mais Coline Berry Rojtman a souvent pensé à porter plainte au cours de ces dernières décennies. "J'ai toujours eu très peur de mon père, ça, c'est sûr, de sa violence, de beaucoup de choses. Oui, la peur de faire du mal à d'autres que soi. Pas qu'à mon père, à ma famille, à mes grands-parents. Ma grand-mère me disait d'attendre qu'il soit mort, parce que voilà, on fait tout exploser. J'avais bien conscience de tout ce que ça implique", a-t-elle expliqué.

Le déclic : "C'était ça ou j'en crève"

C'est en lisant le nouveau livre de Camille Kouchner, La Grande Familia, dans lequel elle accuse son beau-père Olivier Duhamel d'avoir abusé sexuellement de son frère jumeau durant son adolescence, que la fille de Richard Berry a décidé de libérer sa parole. Une véritable prise de conscience.

"Cela a été le moment où moi, dans ma vie, avec tout le passé de souffrances, toutes les tentatives que j'ai faites auprès de lui, en privé, depuis des années, sans que je ne change quoi que ce soit de version dans ce que j'avais à lui reprocher, c'est arrivé. Je l'ai ressenti physiquement, c'est-à-dire que c'était ça ou j'en crève, en fait", a asséné cette mère de trois enfants, âgée de 45 ans.

Consciente que son témoignage chambarde totalement la famille, l'épouse du producteur Romain Rojtman, devenue agente d'artistes, souhaite malgré tout se reconstruire, faire la paix avec un passé douloureux et empêcher que d'autres atrocités ne se produisent parmi les siens. 

Coline Berry Rojtman : ce qu'elle attend de la justice

"Quand on dit qu'on va dénoncer, on a l'impression, et c'est aussi ce que votre entourage vous renvoie, qu'on va faire du mal, en plus à une personne qu'on aime. Ce n'est pas un étranger qui vous a agressé que vous dénoncez (...) Peut-être, oui, que ça va lui faire du mal. Encore que j'estime que j'apporte de la réparation dans la famille, et pour les générations futures. Mais le mal que ça m'a fait est devenu plus fort que celui que j'avais peur de lui infliger", a-t-elle poursuivi, toujours auprès de France Info.

Pour autant, Coline Berry Rojtman ne s'attend pas à ce que son père soit condamné. La prescription des faits ne le permettra d'ailleurs sans doute pas. "J'ai besoin de la reconnaissance des faits. Je n'ai jamais eu besoin qu'elle s'effectue soit par un procès, soit par un rapport privé entre mon père et moi", a-t-elle assuré.

Grâce à la médiatisation de cette affaire, la fille de Richard Berry, qui a été entendue par la Brigade de protection des mineurs pendant 6 heures, le 12 février, souhaite donner "le courage à d'autres de prendre la parole".

Richard Berry : ce qu'il lui répond

Coline Berry Rojtman a tenté de s'expliquer plusieurs fois avec son géniteur. Mais elle n'a jamais obtenu une "reconnaissance des faits" de sa part. Et c'est pourtant tout ce qu'elle demande. "Soit il minimise les faits, en les considérant comme anecdotiques. Soit il considère que c'est de la faute de Jeane Manson (son ex-épouse contre laquelle Coline Berry Rojtman a également porté plainte, ndlr), dont il aurait subi la liberté sexuelle. Ou alors je suis traité de folle. Enfin, ça dépend : il a pris plusieurs postures différentes", a-t-elle détaillé.

Et de préciser : "Ce déni, c'est encore une destruction qui vient s'ajouter à la déchirure que je vis depuis toutes ces années".

Le dépôt de plainte, même s'il n'aboutit pas à une véritable condamnation, aura permis à la femme de 45 ans de se soulager d'un fardeau qu'elle traîne depuis sa plus tendre enfance : "Je me sente délestée de quelque chose, déjà. Je suis même heureuse et contente qu'il puisse y avoir une enquête sérieuse, pointilleuse. C'est peut-être très candide, mais je suis sereine et ça m'a apaisée".