Raphaël se confie : famille, dépression et paternité...

Raphaël est né dans une famille d'intellectuels où l'excellence est la norme. Parcours scolaire à la fois brillant et chaotique, dépression, choix difficiles... Le chanteur de 45 ans, compagnon de la comédienne Mélanie Thierry, a raconté son étonnant chemin de vie dans "Le Monde". Itinéraire.

Raphaël se confie : famille, dépression et paternité...
© SADAKA EDMOND/SIPA

Il n'est pas né dans une caravane. Pour Raphaël, la barre était haute... presque dès sa venue au monde. Son père est passé par Sciences Po avant de devenir avocat, tout comme son grand-père, son oncle est sorti major de Polytechnique et de l'Ecole Normale Supérieure et a été Prix Nobel de physique en 2012. Quant à ses autres oncles, ils sont médecins, physiciens ou universitaires.
Difficile pour le jeune Raphaël Haroche, de son nom complet, de trouver sa place dans ce méli-mélo d'intellectuels. "Mon père m'a raconté une anecdote : lorsqu'ils étaient enfants, ma grand-mère, qui avait immigré de Russie au début du XXe siècle, leur lisait La Tempête, de Shakespeare, en allemand et en russe… Il avait 7 ans ! Cela vous pose le contexte familial", s'est-il souvenu dans Le Monde.

Durant son enfance et son adolescence, cette exigence de réussite s'est perpétuée. "A l'école, on ne me demandait pas d'avoir des bonnes notes : on me demandait d'avoir de très bonnes notes", a-t-il lâché.

Raphaël : son "paradis" d'enfance

Pour autant, cette rigueur ne s'accompagnait pas d'une éducation distante et froide, au contraire. 

Raphaël l'assure : il a été choyé dans son enfance: "Avec mon père, c'était comme une espèce de paradis, on rigolait beaucoup ensemble, une vie joyeuse parallèlement à cette injonction de réussite scolaire (...) Mes parents m'ont beaucoup aimé, ils se sont beaucoup occupés de moi ".

Il grandit dans cette famille à la fois chaleureuse et exigeante, dans le quartier du Marais à Paris, et étudie dans le très prestigieux lycée Henri IV, situé dans le Ve arrondissement de la capitale. 

Face à l'excellence scolaire qui y est requise, Raphaël doit mettre les bouchées double. Et la pression se fait ressentir. 

"Comme j'avais peur de ne pas réussir, je faisais tout ce qu'il fallait pour y parvenir. Lorsque vous êtes dans un lycée comme celui-là, tous les gosses travaillent, vous êtes plongé dans une classe où la question d'un fort investissement personnel ne se pose pas", s'est-il souvenu, toujours dans Le Monde.

"Dépression" et rêves irréalisables

Pourtant, depuis ses 8 ans, le jeune garçon ne rêve que de musique. Une passion, un rêve de vie... difficile à concilier avec ce parcours scolaire brillant qui lui est prédestiné.

"Dans le milieu scolaire où j'ai grandi, faire de la musique si tu n'es pas premier de conservatoire, cela ne mène à rien. Il y a entre ces murs un académisme permanent".

"Je n'étais plus en état de fonctionner"

En classe de terminale, l'adolescent tombe dans une "dépression", due, entre autres, à une surcharge de travail et une peur de l'avenir: "Les six derniers mois qui ont précédé les épreuves, de janvier à juin, j'étais quasiment dans l'incapacité de bouger de chez moi. J'ai traversé une espèce d'épisode dissociatif, je ne sais pas si c'était l'épuisement, le passage à l'âge adulte, l'inconnu de ce qu'allait être ma vie. Mais je n'étais plus en état de fonctionner".

Alors, pour la première fois, Raphaël expérimente la vie, la vraie. Il s'autorise à sortir en boîte de nuit, à faire la fête avec ses amis... et décroche tout de même son bac littéraire avec mention bien. 

Raphaël, face à la "froideur"

Puis, vient le temps d'affronter le monde des études supérieures. Raphaël s'inscrit en hypokhâgne à Henri-IV... avant de changer d'avis: "La période d'effondrement psychique complet que j'ai traversée en terminale m'a forcé à m'interroger sur ce choix". 

Sans trop savoir pourquoi, il entame des études de Droit à Assas. "Mes parents répétaient: 'Le Droit mène à tout, à condition d'en sortir'", a-t-il déclaré. 

Et d'ajouter: "Dès la première année d'études, j'ai été frappé par la froideur avec laquelle cette discipline appréhende le monde. Par exemple, l'emploi du latin de cujus pour parler d'un mort. Je sentais mon âme très loin de ces enseignements".

Pour lui, la vie a commencé...

Il passe tout de même tous les diplômes, "DEUG, Licence, Maîtrise". Une fois ses études achevées, il se lance dans la musique... et sort son premier album, Hôtel de l'Univers, à 24 ans. Le début d'une longue (et belle) histoire.

La plus belle période de sa vie ? Il est en train de la vivre. "C'est avoir de jeunes enfants, leur parler, les voir s'endormir le soir dans le canapé et les porter dans leur lit", a assuré le père de Roman, 12 ans, et Aliocha, 7 ans, nés de son amour avec Mélanie Thierry.

En couple depuis 13 ans avec une incroyable actrice, papa attentif, voilà (enfin) Raphaël en paix avec lui-même.