Lyne Chardonnet, star emportée à 37 ans le 11 décembre 1980

Lyne Chardonnet  s'est éteinte il y a déjà 40 ans. L'actrice à la longue chevelure blonde et aux yeux de biche aurait pu devenir aussi iconique que Brigitte Bardot, mais le destin en a voulu autrement. Décédée à 37 ans des suites d'un cancer du foie, le 11 décembre 1980, elle a tout de même joué aux côtés des plus grands: d'Alain Delon à Louis de Funès, en passant par Jean Gabin et Catherine Deneuve. Elle a également été follement aimée, d'abord par Paul-Loup Sulitzer, puis par le comédien Jacques Cortal. Retour sur le parcours intense d'une actrice partie trop tôt.

Une artiste dans l'âme

Lyne Chardonnet, magnifique enfant aux allures de poupée blonde, acquiert la grâce et le goût de la scène dès ses 5 ans, lorsqu'elle commence la danse classique. Née en 1943 d'un père français, Léopold Chardonnet, et d'une mère irlandaise Ellen Shapiro, directrice du Cours Commercial Chardonnet situé au Château Ecossais d'Enghien-Les-Bains, Lyne Chardonnet grandit choyée par les siens, dans cette commune du val d'Oise. 

Puis, cette artiste dans l'âme entame des études au Conservatoire National Supérieur d'Art Dramatique. Parmi ses professeurs, on compte les acteurs de renom Fernand Ledoux et Robert Manuel. Brillante et charismatique, elle décroche deux seconds prix de comédie, classique et moderne.

Ses partenaires de jeu ? Alain Delon, Jean Gabin…

Lyne Chardonnet a tout pour réussir sa carrière d'actrice : le talent, le charme, l'élégance… À la fin des années 60, cette beauté radieuse et distinguée décroche un premier petit rôle au cinéma dans La guerre est finie d'Alain Resnais. Mais c'est en 1967 que le 7e Art lui ouvre réellement  ses portes, lorsqu'elle campe Jacotte dans Benjamin ou les Mémoires d'un puceau de Michel Deville

Puis, l'actrice donne la république à Catherine Deneuve et joue sa sœur dans Mayerling, de Terence Young. 

Un an plus tard, en 1969, Lyne Chardonnet charme le grand public dans Mon oncle Benjamin de Édouard Molinaro, l'un de ses rôles les plus populaires. Elle campe Arabelle à la place de Claude Jade, qui joue finalement le personnage principal de Manette. 

La comédienne croise de grands acteurs tout au long de sa carrière, tels qu'Alain Delon dans L'Homme Pressé ou Jean Gabin et Louis de Funès dans Le tatoué, de Denys de La Patellière.

"Je garde un excellent souvenir du tournage de ce film étant donné qu'il est toujours intéressant pour une jeune comédienne d'avoir l'occasion de travailler avec deux personnages aussi exceptionnels. Ils m'ont d'ailleurs tous deux appris beaucoup de choses. Jean Gabin m'a inculqué le sens du professionnalisme lequel n'est pas tellement courant en France", avait-elle expliqué en 1976 dans la presse.

Elle est née à la mauvaise époque

Lyne Chardonnet campe des rôles de jeune femme candide et rayonnante avec brio. Mais très vite, les films du mouvement de la Nouvelle Vague prennent le dessus dans le cinéma français. Les longs-métrages se font le miroir d'une société marquée par les mouvements de libération des mœurs de 1968. 

Et l'image de cette actrice à la naïveté séduisante ne correspond plus aux standards de l'époque. Eût-elle été née vingt ans plus tôt, elle aurait peut-être pu devenir une icône...

Ses cheveux, sa force ?

Un autre évènement précipite la fin de la carrière de la comédienne. Tel Samson qui a perdu sa force en coupant ses cheveux, Lyne Chardonnet se voit retirer son statut d'actrice consacrée lorsqu'elle opte pour une coupe courte, dans les années 70. Les réalisateurs la snobent, son physique ne correspond plus à leurs attentes. Dès lors, la nymphette au look féministe ne décroche que des petits rôles peu intéressants...

Mariage et enfant

En 1968, Lyne Chardonnet épouse Paul-Loup Sulitzer. Mais leur mariage ne dure qu'un an. Son véritable amour, c'est le comédien et metteur en scène Jacques Cortal, avec qui elle a une petite fille, Léa, qui naît en 1974. 

Les dernières semaines de sa vie

Malheureusement, la mort vient arracher Lyne Chardonnet. L'actrice décède à seulement 37 ans, en 1980, des suites d'un cancer du foie. Sa fille Léa n'a que six ans. Deux mois avant son décès, l'ambitieuse et courageuse comédienne continuait pourtant à briller devant la caméra, en tournant des scènes de la série télévisée Le mystère de Saint Charlu. 

Elle est inhumée dans le cimetière de Soisy-sous-Montmorency.

Son mari, dévasté, lui rend hommage en 2003 avec son film Quand Je Vois Le Soleil, dans lequel Marie-Claude Pietragalla joue une jeune danseuse atteinte d'une maladie incurable, aux côtés de Florent Pagny et François Cluzet. Un adieu digne et émouvant.