Qui est Gretchen Carlson, ex-star de la télé qui a inspiré SCANDALE ?

Pendant plus d'une dizaine d'années, Gretchen Elizabeth Carlson a officié pour la chaîne de télévision américaine Fox News. Cette ex-Miss America –titre qu'elle a remporté en 1989–, née le 21 juin 1966 dans le Minnesota et diplômée de Stanford, y a animé le talk-show du matin Fox & Friends avant d'hériter de sa propre émission, The Real Story with Gretchen Carlson, où s'enchaînaient les invités devant ses questions, son sourire diamant et ses mugs.
Ces deux programmes ultra populaires en ont fait, en une décennie, une véritable coqueluche du monde cathodique et une des têtes de gondole du média détenu par le nabab Rupert Murdoch et adoubé avec hystérie par un certain… Donald Trump. En juillet 2016, après l'expiration de son contrat, elle brise un silence assourdissant et lâche une bombe médiatique en intentant des poursuites judiciaires contre l'omnipotent Roger Ailes, alors président et chef de la direction de Fox News, qu'elle accuse de harcèlement sexuel.

Pensant bénéficier d'un réseau assez fort pour se tirer d'affaire, le manitou est très vite acculé par de nouvelles accusations similaires émanant notamment d'une autre présentatrice phare, Megyn Kelly. Dos au mur, il est poussé à la démission après une implacable et brève tempête –avec, toutefois, un parachute doré de 40 millions de dollars.

Cette affaire, annonciatrice du scandale Weinstein et des mouvements de libération de la parole des femmes comme #MeToo ou Time's Up, a forcément intéressé le cinéma. L'édifiant et efficace Scandale de Jay Roach, en salles le 22 janvier, revient justement sur ce moment-clé en nous faisant visiter, dans une ambiance pesante, les arcanes délétères du network transatlantique.

A l'écran, c'est la comédienne australienne Nicole Kidman, impériale, qui prête ses traits à Gretchen Carlson, face à Charlize Theron (Megyn Kelly), Margot Robbie (dans un rôle fictionnel de productrice) et John Lithgow (Roger Ailes). Un casting au cordeau pour un drame passionnant.

Gretchen Carlson, une féministe démocrate ?

Autre preuve, s'il en est, de l'importance de cet épisode ? La mini-série télé The Loudest Voices (actuellement sur Canal+) qui, elle aussi, nous plonge dans les mécanismes rugueux du média en question, avec Naomi Watts dans le rôle de la lanceuse d'alerte et Russell Crowe dans la peau du patron libidineux.

Nommée en 2017 parmi les 100 personnes les plus influentes au monde par le magazine Time, Gretchen Carlson est devenue depuis, et contre toute attente, un porte-voix du féminisme, elle qui a servi les intérêts d'une chaîne pourtant réputée pour ses positions très conservatrices concernant l'immigration, les droits des personnes LGBT, l'avortement ou les armes à feu. D'aucuns lui reprochent d'avoir soutenu cette ligne éditoriale rigoriste avant de passer de l'autre côté de la ligne, se métamorphosant (de manière opportuniste ou sincère ?) en une nouvelle égérie démocrate et hollywoodienne.

Désormais, l'intéressée se bat pour faire entendre la voix des victimes de harcèlement en mettant la justice de leur côté. Pour rappel, elle a obtenu gain de cause, avec des indemnités s'élevant à 20 millions de dollars… en échange d'un accord de confidentialité avec Fox News.