Guillaume Gallienne, le maestro

Après le succès de "Les Garçons et Guillaume, à table !", Guillaume Gallienne signe son deuxième long-métrage, sublime, "Maryline", en salles le 15 novembre. L'occasion de revenir sur la carrière impressionnante de ce prodige du jeu.

Guillaume Gallienne, le maestro
©  JC Tardivon/SIPA

Comme une évidence, une urgence, c'est à 19 ans que Guillaume Gallienne se met en tête de devenir comédien, vaille que vaille. "C'était le 24 décembre 1990, jour de la mort de ma cousine, que j'aimais énormément. Il fallait dire à ce moment-là ce que je voulais vraiment", se souvient-il dans L'Express.
En 1991, il entre au cours Florent, puis aiguise son talent au théâtre. Mère courage et ses enfants, Les Femmes Savantes ou Andromaque, l'acteur habile joue dans les plus grandes pièces, avant de devenir pensionnaire de la Comédie Française en 1998.

Acteur, sinon rien

Le comédien, qui a plus d'une corde à son arc, s'essaye au septième art. Il fait ses débuts au cinéma en enchaînant des rôles secondaires dans Tableau d'honneur, au côté de François Berléand, et Monsieur Naphtali, dans lequel il donne la réplique à Elie Kakou.

Sa carrière se précise grâce au rôle qu'il obtient dans Fanfan La Tulipe, au côté d'un casting d'acteurs de renom : Penélope Cruz, Didier Bourdon et Vincent Perez. Son enfance dans le XIVe arrondissement et l'éducation stricte qu'il a reçue de sa mère, fille d'une princesse georgienne, lui permet de jouer les rôles de "bourgeois" avec facilité. En 2006,Guillaume Gallienne est à l'affiche de La Jungle, dans lequel il incarne un fils à papa et obtient un petit rôle dans Marie-Antoinette de Sofia Coppola, aux côtés de grands noms du cinéma américain, comme Kirsten Dunst ou Judy Davis.

Mais c'est en 2008 que le succès devient populaire : Guillaume Gallienne se fait connaître auprès du grand public grâce à sa chronique humoristique dans Le Grand Journal : Les Bonus de Guillaume. Avec son physique bonhomme, sa chevelure bouclée et sa féminité assumée, le comédien, charismatique et paradoxal, séduit avec ses petits sketchs. Fantasque, il use de son talent de comédien pour imiter savamment, tour à tour, Richard Harris, Antonio Banderas ou Julie Andrews. et se rit des clichés du septième art. "Un biopic avec Bardot vieille ? Mais ça intéressera qui, franchement ?", ironise Gallienne dans l'une de ses parodies.

Le mythe de l'androgyne

A cette époque, il écrit son premier one-man-show : Les Garçons et Guillaume, à Table ! La critique est unanime, le public en redemande... à tel point que "Guillaume" endosse l'habit de réalisateur pour adapter cette pièce autobiographique au cinéma. Le long-métrage relate la jeunesse tourmentée du comédien durant laquelle sa mère le considère comme une fille, à cause de son côté précieux et délicat. "Pour exister auprès de ma maman que j'adore, je ne devais pas intégrer la masse anonyme des garçons composée de mes quatre frères. Il me fallait donc être une fille", explique-t-il au Figaro. Dans une interview à AlloCiné, il se décrit comme un jeune homme qui était "trop fasciné par sa mère, par les femmes en général".

Un an plus tard, Gallienne excelle sous le costume de Pierre Bergé dans Yves-Saint Laurent, où il donne la réplique à Pierre Niney, qui joue l'illustre couturier.  Habitué des rôles féminins, il se glisse trois années durant dans la peau de Lucrèce Borgia (Victor Hugo) à la Comédie Française. Il y met tout son être... et souffre à la hauteur du personnage. "Cela a été une vraie douleur. Pas du tout en scène où c'était très bien mais avant et après, c'était invivable", confie-t-il à Paris Match. Et d'ajouter : "Se faire violer et mourir tous les soirs, ce n'est pas facile".

Artiste complet : acteur, interprète, mais aussi scénariste et réalisateur, Guillaume Gallienne s'impose en cinéaste avec son second film, Maryline. Il retrace avec maestria le parcours d'une jeune provinciale taiseuse qui décide de monter à Paris pour devenir comédienne. Un film qu'il qualifie de "lumineux et émouvant", au micro de RTL. Un peu comme lui.