Brigitte Fossey - Interview : "Je crois que j'ai été gâtée par Dame Nature", la star se confie (exclu)

L'heure est aux confidences pour Brigitte Fossey : son arrivée dans "Léo Matteï", ses projets, sa famille, son âge ou encore sa carrière, elle dit en interview avec le "Journal des Femmes" !

Brigitte Fossey - Interview : "Je crois que j'ai été gâtée par Dame Nature", la star se confie (exclu)
© Marechal Aurore/ABACA

Le Corbeau et le Renard, Le Lièvre et la Tortue ou encore Le Héron : autant de fables de Jean de La Fontaine qui ont bercé notre enfance et que Brigitte Fossey réinterprète en musique au Théâtre de Poche Montparnasse jusqu'à la fin de l'année. Un spectacle qui enchante la comédienne, qui vient aussi de commencer le tournage de la série Léo Matteï où elle interprète le rôle de la mère de Jean-Luc Reichmann.

Nous avons rencontré la star. Interview exclusive.

Qu'est-ce que vous aimez dans les fables de La Fontaine ? Je crois que vous avez souvent entendu votre mère répéter que "rien ne sert de courir, il faut partir à point" ?
Brigitte Fossey. Effectivement mais elle nous répétait surtout la morale de l'histoire. En revanche, ce que je trouvais très amusant, c'est ce qui précédait. Les fables sont presque des scènes de cinéma ou de théâtre. C'est comme un petit film qui se déroule. Les enfants les apprécient beaucoup et c'est vraiment dommage qu'on ne les enseigne plus à l'école parce que c'était une manière de faire du français sans s'en rendre compte, juste en s'amusant. 

Est-ce que vous en avez une que vous préférez plus que les autres ? 

Brigitte Fossey. Ca change tout le temps ! Je les aime toutes dans leur diversité. Je trouve que La Fontaine montre admirablement la diversité de la nature humaine et de la nature tout court. 

Sur scène, vous êtes accompagnée par la pianiste Danielle Laval. Est-ce que cet accompagnement en musique est plaisant pour une comédienne ? 

Brigitte Fossey. On peut dire que c'est plutôt un dialogue qui montre les affinités entre les morceaux de musique et les extraits de littérature. On essaie de rendre le spectacle vivant par la musique comme si la musique faisait écho au texte et que le texte faisait écho à la musique. En vérité, c'est une complicité plus qu'un accompagnement. Pour moi, c'est mieux de pouvoir concevoir des spectacles avec un musicien : il m'aide à choisir les fables et je l'accompagne sur le choix des musiques. 

Quand je ne travaille pas, je suis très contente aussi

Vous dites que vous aimez travailler en musique. Est-ce que dans votre vie de tous les jours, la musique est également importante ? 

Brigitte Fossey. Elle est importante dans la mesure où elle me manque. J'ai fait du piano jusqu'à l'âge de 17 ans. J'aimais travailler mon piano, mais j'ai toujours adoré aller au concert avec ma professeur de piano, mon père ou mon frère. J'ai toujours eu un appétit de musique, mais j'ai le même appétit pour la peinture. J'ai été élevée dedans car mes parents avaient une passion pour la musique. Quand je ne tourne pas, je vais voir le travail des autres, la peinture des autres et écouter la musique des autres.

Vous avez commencé le tournage de la série Léo Matteï où vous jouez le rôle de la mère de Jean-Luc Reichmann qui s'est dit très heureux de travailler avec vous. Est un plaisir partagé ?

Brigitte Fossey. Tout à fait ! Je suis déjà allé à Marseille tourner les premières scènes avec lui. Et c'est vrai qu'il y a une très bonne ambiance. Je joue un rôle de femme originale, drôle, courageuse aussi, mais un peu extravertie. Cela m'amuse énormément. Et puis, c'est vivifiant de jouer avec Jean-Luc Reichmann parce qu'il a travaillé pendant des années dans le théâtre d'improvisation. Et moi, j'adore improviser. Alors, de temps en temps, on se fait des petites surprises au milieu des scènes ! C'est un exercice qui me plaît car un acteur doit tout faire ce qui permet de recharger ses batteries et d'éviter la routine.

On a l'impression que vous travaillez tout le temps. Pas de retraite en vue ?

Brigitte Fossey. Mon métier, c'est ma passion et les rencontres que je fais me donnent envie de poursuivre le dialogue. L'année dernière, j'ai rencontré un metteur en scène australien qui s'appelle Michael Bond. Il m'a montré son scénario et je suis allée tourner avec lui en avril et mai près de Serre Chevalier un film sur la résistance qui s'appelle Mon nom est Marianne (qui sortira en 2024). Tout de suite après, j'ai enchaîné avec la pièce Love Letters mise en scène par Muriel Mayette-Holtz que j'ai jouée au Théâtre National de Nice avec Jean Sorel. Mais quand je ne travaille pas, je suis très contente aussi. Je me balade dans la campagne avec mon chien, je vais voir les arbres, des expositions de peinture et je me repose énormément. 

La seule chose qui m'est très difficile, c'est...

Julie Gayet a confié que les actrices à partir de 50 ans étaient souvent invisibilisées. Un avis que ne partage pas Isabelle Adjani qui estime que c'est aux actrices d'aller vers les réalisateurs. Quel est votre avis ?

Brigitte Fossey. C'est une question très délicate mais je pense qu'il faut mieux, comme le disent les orientaux, allumer une bougie que de se lamenter sur l'obscurité. Moi je crois que quand la chance passe, il faut la saisir et ne pas être trop difficile non plus. Aujourd'hui, il y a des grandes comédiennes qui sont absolument époustouflantes. Je pense à Nicole Garcia qui n'arrête pas de tourner mais aussi à des femmes extraordinaires comme Isabelle Huppert, Isabelle Adjani, Julie Gayet, Charlotte Gainsbourg, Isabelle Carré ou Catherine Deneuve. Je crois que le cinéma amène le théâtre parce qu'il faut tout faire. 

On entend en ce moment Michel Sardou répéter que "c'était mieux avant ". Partagez-vous son opinion ?

Brigitte Fossey. J'essaye d'éviter la nostalgie parce que c'est un sentiment qui pèse, qui ne donne pas beaucoup d'optimisme et d'allant. J'ai toujours été dans le moment présent et je n'ai pas tellement conscience du temps. Quand j'ai commencé à l'âge de 5 ans, je parlais avec des gens qui avaient 80 ou 90 ans. Pour moi, l'âge n'est pas une barrière. La seule chose qui m'est très difficile, c'est la technologie et les réseaux sociaux. 

Le temps semble n'avoir aucune prise sur vous. Est-ce que vous faites attention ou avez été gâtée par Dame Nature ? 

Brigitte Fossey. Je crois que j'ai été gâtée par Dame Nature et puis, je respecte le corps qui m'a été donné. J'aime la danse et je fais aussi un peu de yoga. J'aime aussi prendre l'air, aller voir les arbres. D'autre part, j'attache beaucoup d'importance à la nourriture. Je suis très, très, très gourmande. Je pense que c'est bon pour la santé (rires). Je ne fais pas tellement de régime mais j'ai une passion pour les légumes et les fruits, les poissons, la viande et pour le chocolat aussi !

Votre métier a toujours occupé une place importante dans votre vie mais vous êtes aussi maman et grand-mère. Est-ce que vous pensez que vous avez réussi à concilier vie de famille et carrière d'actrice ?

Brigitte Fossey. Je ne sais pas si j'ai réussi mais j'ai essayé. J'essaie toujours, d'ailleurs. Mais je pense que la chose la plus importante, c'est la vie, les racines et la famille. Un arbre ne peut pousser que dans une bonne terre. Chaque branche représente un autre aspect de la vie. Il y a ma fille et mon petit-fils mais aussi mon frère qui vit en Espagne et qui fait de la sculpture et de l'architecture. Quand il revient, on fait la fête avec toute la famille. Il y a aussi ma sœur que j'aime beaucoup, qui s'occupe d'une galerie d'art moderne. Je pense aussi à mes neveux et à mes nièces. C'est une petite famille, mais elle est très importante pour moi.

Interview exclusive pour le Journal des Femmes.