Bernard Tapie : ses derniers instants, "C'est fini ma chérie"

Bernard Tapie n'est plus. Voici ses consignes aux médecins, ses ultimes mots, les personnalités comme Brigitte Macron mais aussi Borloo, Delon et Drucker qui lui ont rendu visite avant sa mort et le coup de gueule de son fils...

Bernard Tapie : ses derniers instants, "C'est fini ma chérie"
© Bernard Tapie en avril 2019 par Pierrot Patrice/Avenir Pictures/ABACA

Bernard Tapie a poussé son dernier soupir le 3 octobre, à 78 ans, après quatre années de lutte contre le cancer. L'homme d'affaires s'est battu comme un lion jusqu'au bout. "Il savait bien qu'on ne pouvait pas guérir son cancer. Il le savait bien depuis deux ans (...) mais il ne voulait pas l'entendre, qu'il y avait une fin. (...) Se rendre n'était pas dans son dictionnaire", a expliqué le professeur Eric Van Cutsem, l'un de ses cancérologues, au micro de RMC. Son ami Franz-Olivier Giesbert a d'ailleurs précisé, à la radio, que Bernard Tapie, atteint d'un double cancer de l'estomac et de l'œsophage, "refusait les antidouleurs". Preuve supplémentaire, s'il en fallait, de son état d'esprit combattif.
"Il s'est beaucoup documenté sur la maladie. Ce n'était pas un homme facile. Il pose des questions très pointues. Il remet tout en question, mais c'est constructif. Il veut comprendre. (...) Je l'ai vu encore très récemment, il y a deux semaines, et il y a encore quelques jours. On était très souvent en contact par téléphone. Il ne se rendait pas. Il voulait toujours avoir un dernier petit espoir. Pour voir la lumière au bout du tunnel", a ajouté le cancérologue. 

Bernard Tapie : son combat acharné contre la maladie

"Il a voulu lutter et profiter de sa vie et notamment de ses proches. Il n'a jamais été hospitalisé longtemps. Il est toujours resté chez lui, sauf quand il a été opéré. Ses fils, ses filles et Dominique, son épouse étaient très, très proches de lui. C'était sa motivation", a-t-il expliqué dans une interview au Parisien.
En 2019, le cancérologue belge avait commencé à le soigner pour lui administrer de "nouveaux traitements testés au Japon et en essai clinique aux Etats-Unis, en Espagne et en Belgique". Le père de Nathalie, de l'acteur Stéphane Tapie, de la chanteuse Sophie Tapie et de l'homme d'affaires Laurent Tapie, était prêt à tout pour gagner du temps auprès des siens, il était déterminé à rester un adversaire redoutable face à la maladie qui le rongeait.

Bernard Tapie voulait survivre jusqu'au 6 octobre

Pourtant, Bernard Tapie était réaliste. Il savait qu'éventuellement, le cancer remporterait le rude combat. Mais l'homme d'affaires avait une "stratégie". "Son but, c'était de vivre avec son cancer et d'en faire une maladie chronique. Il y a quinze ans, avec ce cancer, la survie aurait été de moins de six mois", a précisé le professeur.  
L'ancien interprète du Commissaire Valence avait en réalité un objectif en tête: survivre jusqu'au 6 octobre, une date qui faisait office pour lui de véritable ligne d'arrivée. Ce jour-là, la cour d'Appel devait trancher sur le litige qui l'opposait au Crédit Lyonnais. Malheureusement, l'homme d'affaires n'est décédé que 3 jours avant. "Il avait en ligne de mire le 6 octobre, c'est la semaine prochaine. Pourquoi? Parce qu'il y a une décision de justice le 6 octobre. Et il avait demandé à ses médecins de tenir jusqu'au 6 octobre. Il savait qu'il n'irait pas au-delà. Il savait depuis la rentrée, que chaque jour qui passe était un jour gagné, mais un jour gagné pour le 6 octobre", a expliqué sur BFMTV Marc-Olivier Fogiel, qui avait entendu cette information de la bouche du fils de Bernard Tapie, Stéphane Tapie.

Derniers instants de Bernard Tapie : "C'est fini ma chérie"

Une semaine avant de mourir, Bernard Tapie a reçu une visite très spéciale. Celle de Brigitte Macron, qui a été bouleversée par cette dernière rencontre selon l'AFP. "Son combat contre le cancer, même s'il savait que ce serait difficile, il le menait aussi pour les autres", a-t-elle déclaré en apprenant le décès de l'homme d'affaires. Michel Drucker et Jean-Louis Borloo étaient également venus faire leurs adieux à l'ex-député des Bouches-du-Rhône. "Je ne suis pas dans son cœur mais je crois vraiment pouvoir dire, sans impudeur, que jusqu'à jeudi, il pensait quand même qu'il allait gagner", a déclaré l'ancien président de l'UDI sur BFMTV. Selon lui, peu avant sa mort, Bernard Tapie aurait prévenu son épouse Dominique de son départ imminent: "Je crois que c'est le lendemain, la dernière fois que je l'ai vu vendredi, je l'ai entendu chuchoter à Sophie (sa fille, ndlr) qui était là, 'elle est où maman?', elle était partie vingt minutes changer des lunettes. (…) Je l'ai entendu chuchoter à Dominique, je crois, 'c'est fini ma chérie'. Je crois que c'est la première fois où il sentait que la mort arrivait".

Mort de Bernard Tapie : Alain Delon, dévasté

Quant à Alain Delon, encore sous le choc de la mort de Jean-Paul Belmondo, il doit maintenant faire face au décès de Bernard Tapie, qu'il "adorait". "Je le regardais avec peine et finalement avec joie. Maintenant, il est tranquille. Il en avait marre, il a tout essayé et a tout fait pour tenir, il n'a pas pu et c'est bien comme ça, maintenant il est libre, heureux, tranquille. Il a tout fait en fonction de son âme et de son cœur et c'était très beau, je le regrette infiniment", a confié le Guépard sur LCI.
Et l'acteur de 85 ans de poursuivre: "J'espère qu'il est parti dans son sommeil, qu'il n'a pas souffert, qu'il n'a rien senti. C'est une liberté, je suis heureux pour lui, a ajouté Alain Delon, très ému. Rassurez-vous, le prochain, ce sera moi".

Bernard Tapie : son fils Laurent Tapie pousse un coup de gueule

Alors que les chaînes d'information rendaient hommage à celui qui fut ministre de la Ville de 1992 à 1993, son fils, Laurent Tapie, a poussé un coup de gueule sur le plateau de CNews, face à la journaliste Sonia Mabrouk.

"Je n'avais pas du tout envie de réagir, mais c'est plus fort que moi quand j'entends dire des bêtises. Pendant 28 ans, les médias, vous avez dit des bêtises les unes après les autres. On a tout essayé pour les faire rectifier", a-t-il commencé par déclarer, avant de s'expliquer: "Votre collègue tout à l'heure, sans doute ne pensait-il pas à mal, mais il aurait dû réellement expliquer pourquoi mon père n'a pas pu reprendre Manufrance et n'a pas lâché le projet. Malgré les dires, il avait proposé un plan (...) Il a sauvé des milliers d'emplois et non pas supprimé des emplois. Est-ce que vous pouvez comprendre ça? Quand un chirurgien vous coupe une jambe, c'est pour vous sauver la vie".
"J'espère qu'enfin vous allez arrêter de débiter des conneries après 28 ans que vous le faites. Et commencez par vérifier les faits que vous donnez à l'antenne, ça vous changera", a-t-il conclu.

Bernard Tapie : son nom au stade Vélodrome ?

Pour rendre hommage à l'ancien président de l'équipe de l'OM, une chapelle ardente doit être dressée cette semaine au stade Vélodrome à Marseille. "La famille souhaite que Bernard Tapie entre une dernière fois au stade Vélodrome", a expliqué le maire socialiste de la cité phocéenne, Benoît Payan. Des fans marseillais qui rendent hommage à l'homme d'affaires souhaitent d'ailleurs que le stade soit rebaptisé à son nom. Quelques heures après sa mort, certains ont même brandi une banderole "Stade B. Tapie Vélodrome" devant une tribune. Mais pour l'instant, impossible de savoir si cette requête sera agréée. 
"Aujourd'hui si l'OM est connu dans le monde entier, c'est grâce à l'arrivée de Bernard Tapie.. On est fier de pouvoir l'honorer, de lui rendre hommage parce qu'il a marqué les esprits. Même les enfants dans les cours de récréation connaissent Bernard Tapie. C'est un personnage incontournable et la marie de Marseille se doit de l'honorer à la hauteur de ce qu'il a fait pour les Marseillais", a précisé dans Télématin Sébastien Jibrayel, adjoint aux Sports à la Ville de Marseille, qui a ajouté que le nom de Bernard Tapie serait, dans tous les cas, associé à une rue ou un complexe sportif de la ville, dans un futur proche.

Bernard Tapie : ses obsèques

Quant aux obsèques de Bernard Tapie, elles doivent se dérouler vendredi 8 octobre à 11 heures à Marseille, en la Major, la cathédrale sainte Marie-Majeure, ont précisé le diocèse de Marseille​ et Dominique Tapie. L'archevêque de Marseille, Mgr Jean-Marc Aveline, préside la cérémonie. L'ancien président de l'OM doit ensuite être inhumé au cimetière de Mazargues, dans le 9e arrondissement de la cité phocéenne, a annoncé Emmanuel Macron dans une lettre publiée dans La Provence. "Depuis le cimetière de Mazargues, qu'il va rejoindre pour son dernier repos, il continuera, j'en suis sûr, de veiller sur cette ville dont nous avons tant parlé ensemble et pour laquelle il cultiva jusqu'à la fin une passion sans bornes",