Caterina Murino : "J'ai toujours assumé avec force ma féminité"

Sublime, elle l'est, elle le sait, elle l'assume, mais Caterina Murino n'est pas qu'une créature de fantasme. Cette Italienne a les pieds sur terre et mène depuis 12 ans un combat humanitaire en tant qu'ambassadrice de l'AMREF. Confidences d'une star au cœur immense, généreuse sans artifice, altruiste par conviction.

Caterina Murino : "J'ai toujours assumé avec force ma féminité"
© ANGELA ROSSI-AUTHENTIC PROD / FEDERATION ENTERTAINMENT / TF1

Regard de braise, physique de rêve : Caterina Murino est la bombe latine à la plastique explosive de Casino Royale, celle qui fait chavirer l'espion Daniel Craig. C'est aussi le visage de la Maison Chaumet, mais surtout, cette Sarde éclatante est une femme engagée !
Nous avons rencontré une actrice sincère, authentique, passionnée à l'occasion de sa performance dans la série Le Temps est assassin, diffusée à partir de jeudi 29 août sur TF1.

Venez-vous d'un milieu artistique ? 
Caterina Murino : Je n'ai pas baigné dans le Cinéma, mais dans l'Opéra. Ma mère est mezzo soprano et ma tante, soprano. Elles ont fait le conservatoire et tous leurs amis sont dans le chant lyrique… Voilà pour ma famille !

Vous êtes née à Cagliari, vous y avez grandi… qu'avez-vous de sarde, aujourd'hui ?
Tout ! (rires). Le caractère, l'envie de bien faire et surtout une propension à m'énerver quand les choses ne sont aussi parfaites que je le voudrais… Je pourrais être l'emblème de l'île ! Je suis tellement têtue, enflammée, obstinée. Je dis volontiers que j'ai un Nuraghe dans le cerveau. Vous savez, les nuraghes, ce sont ces mystérieux monuments de pierres, nos vestiges du passé historique de la Sardaigne, il y a plus 8 000 de ces tours sur la terre sarde, construites avant les Vénitiens, avant les pyramides…

Que faites-vous à l'italienne ?
J'adore la France, mais c'est à l'italienne que je cuisine : des pâtes fraîches avec de la tomate, du basilic, de la mozzarella, de l'ail et du parmesan… Ma façon de m'habiller aussi est typique, et mon accent !

Y'a-t-il un parfum que vous associez particulièrement à l'été ? 
L'odeur du maquis, ses effluves d'hélichryse et de myrte accentuées par la chaleur.

Qu'est ce qui est mieux sous le soleil ?
L'humeur, la vision du monde et des autres…

Quel était votre rêve d'enfant ?
Voyager, un peu comme Ulysse qui revient sur son île, mais après un long périple, une belle odyssée...

Votre fantasme d'adolescente ?
Devenir médecin. Je voulais écouter la douleur des gens pour les soigner, me sentir utile pour une cause, sauver des vies. Je pensais qu'il n'y avait que ça que je pouvais faire…

Pourtant, vous êtes devenue comédienne ?
J'ai loupé deux fois les examens de médecine… J'étais meilleure pour les concours de beauté. Après l'élection de Miss Italie, on m'a proposé un contrat de mannequin à Milan. De fil en aiguille, j'ai tourné dans des pubs, des courts-métrages, j'ai été danseuse à la télévision, puis j'ai suivi une formation au théâtre. J'ai aussi mis à profit mon goût de la joaillerie et lancé ma marque de bijoux. Bref, je ne me considère pas comme une actrice de métier… Ce parcours m'a permis de rencontrer en 2006 l'AMREF, la première ONG de santé publique en Afrique avec 9 millions de personnes aidées chaque année. C'est cet engagement qui m'anime et que je considère comme mon travail. C'est à cette association que je reverse les bénéfices de mes créations. Quelle fierté !

Caterina Murino, vous êtes magnifique, votre beauté vous a-t-elle parfois desservie ?
Très souvent… et encore aujourd'hui alors qu'à 41 ans, je ne suis plus une jolie jeune première… Et je ne dis pas cela pour entendre un compliment ! Certains metteurs en scène m'ont refoulée des castings parce que "trop belle". Cette phrase n'est pas une plaisanterie. Je l'ai entendue 100 fois et c'est autant de films dans lesquels je n'ai pas pu jouer…

Aviez-vous pris position avec le #MeToo et le fait de dénoncer le sexisme dans l'industrie du cinéma ?
Je suis très partagée sur le sujet. Ce qui me dérange c'est le bruit médiatique autour de témoignages ambigus, certaines personnes en ont profité pour se faire remarquer… Mes collègues ont mis en lumière un problème dans le petit milieu du 7e Art. c'est un microcosme. Il y a certes des cas réels dans le showbiz, mais je voudrais libérer la parole, dans les campagnes, dans les villes, protéger les femmes qui souffrent de rester murées dans le silence.

"J'ai toujours assumé avec force ma féminité"

Vous avez incarné un sex-symbol, une James Bond Girl, il y a 15 ans, vous a-t-on souvent ramenée à votre seule apparence ?
Les prédateurs ne sont jamais loin. Ils sentent quand une personne peut avoir une faille… Pour ma part, j'ai toujours assumé avec force ma féminité sans jamais connaître ce type d'agression. Certains hommes m'ont fait des avances, mais dans une démarche de séduction, sans jamais m'imposer leur désir.

Comment entretenez-vous votre silhouette parfaite ? 
J'adore manger… alors il faut compenser par le sport ! Trois fois par semaine, je me lève à 7h30 du matin pour aller courir dans mon quartier de Montmartre avec mes voisines. Je pratique aussi intensément la natation.

Avez-vous des secrets cosmétiques à nous transmettre ?
Mes yeux sont très fragiles. Je les démaquille avec le soin Respectissime de La Roche Posay. Ce démaquillant Waterproof m'est indispensable. J'ai aussi eu pour fétiche, un crayon Dolce & Gabbana gris et noir avec des paillettes dorées. Et j'ai longtemps porté comme fragrance… l'eau de toilette 007 de James Bond !

Comment percevez-vous le temps qui passe ?
Tranquillement. Je n'ai aucune peur, aucune crainte. Je savoure l'instant présent. C'est pour cela que je n'ai jamais fait d'excès, jamais grillé une cigarette ou touché à la drogue. Mon grand-père maternel est mort d'un cancer du poumon à cause du tabac. C'est un trauma… Lorsqu'on me demande si je fume, je réponds que je m'aime trop pour subir ces ravages là !

Est-ce compliqué de s'aimer lorsqu'on est face caméra ?
Monica Bellucci, Nicole Kidman et Catherine Deneuve nous prouvent que l'on peut avancer et âge et toujours briller.  Je ne sais pas si c'est lié aux rides, à la vieillesse ou à une date de naissance, mais l'on m'a offert récemment les plus beaux rôles de ma vie. Il y a deux ans, j'ai incarné dans DEEP, une championne d'apnée. Ce fut une performance, un challenge, un défi relevé car j'avais en face de moi un jeune plongeur professionnel. Physiquement, j'ai dû me préparer comme si j'étais une gamine de 25 ans. L'autre rôle important important pour moi, c'est celui que je joue dans Le Temps est assassin. Mieux qu'une histoire linéaire, ce sont des destins de femmes sur plusieurs générations, de leur combat pour vivre avec ce dont elles ont hérité mais aussi s'en libérer. J'interprète Palma, la mère de Clotilde, l'héroïne. Mariée à un Corse, je suis l'étrangère, victime d'ostracisme, mais courageuse, forte, entière... Je suis prête à tout par amour.

Le Temps est assassin © ANGELA ROSSI-AUTHENTIC PROD / FEDERATION ENTERTAINMENT / TF1

Dans la nouvelle série de TF1, vous partagez l'affiche avec Mathilde Seigner et Jenifer Bartoli, quel souvenir gardez-vous de vos partenaires à l'écran ?
Elles sont tellement différentes… Mathilde est très drôle, c'est une force de la nature. Elle dit, sans filtre, ce qu'elle pense. Jenifer est beaucoup plus discrète, dans la retenue. Elle nous demandait des conseils sur le plateau. Je l'ai trouvée d'une humilité extraordinaire malgré son statut de star. J'ai eu beaucoup de chance, c'est vraiment un film d'équipe et un très beau casting féminin !

Le Temps est assassin est une mini-série événement de 8 x 52 mn, librement adaptée du bestseller de Michel Bussir et réalisée par Claude-Michel Rome. Cette saga est diffusée sur 4 semaines à compter du 29 août, deux épisodes par jeudi à 21h05 sur TF1.

Résumé : Seule survivante de l'accident tragique qui a coûté la vie à son frère et à ses deux parents en Corse, lorsqu'elle avait 16 ans, Clotilde (Mathilde Seigner) accompagnée de son mari Franck part rejoindre sa fille Valentine sur les lieux du drame où elle n'a pas remis les pieds depuis 25 ans. Mais à peine est-elle arrivée que des incidents se multiplient jusqu'à ce qu'elle reçoive une lettre de sa mère, Palma, présumée morte dans l'accident... Clotilde décide alors d'enquêter afin de découvrir la vérité sur ce qui s'est réellement passé à l'époque et qui pourrait la mener jusqu'à sa mère qu'elle espère encore vivante…