Plongée dans l'enfer des violences obstétricales avec Tu Enfanteras Dans La Douleur sur Arte

Césariennes à vif, épisiotomies abusives, touchers rectaux sans consentement : en France, les violences obstétricales sont loin d'être rares. Les conséquences sont lourdes pour les femmes qui en sont victimes. Le documentaire "Tu enfanteras dans la douleur", réalisé par Ovidie et à voir en replay sur la plateforme d'Arte, réunit des témoignages qui font froid dans le dos.

Plongée dans l'enfer des violences obstétricales avec Tu Enfanteras Dans La Douleur sur Arte
© Capture d'écran - ARTE

"Les femmes sont comme les juments : celles qui ont de grosses hanches ne sont pas les plus agréables à monter, mais c'est celles qui mettent bas facilement" : cette phrase qui semble venue d'un autre temps a pourtant été affichée sur l'écran du Congrès du Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français… le 7 décembre 2018. Le documentaire Tu enfanteras dans la douleur, diffusé sur Arte le 16 juillet et désormais disponible en Replay (jusqu'à juillet 2020), débute avec ces propos chocs. Dans ce long-métrage coup de poing, la réalisatrice Ovidie réunit les témoignages pétrifiants de femmes ayant subi des violences obstétricales.
Ce terme encore mal connu désigne "tout comportement, acte, omission ou abstention commis par le personnel de santé, qui n'est pas justifié médicalement et/ou qui est effectué sans le consentement libre et éclairé de la femme enceinte ou de la parturiente", selon la définition établie par Marie-Hélène Lahaye, auteure du livre Accouchement : les femmes méritent mieux. Si une partie des femmes se rappellent de leur accouchement comme étant le plus beau jour de leur vie, pour d'autres, il s'agissait tout bonnement d'un cauchemar éveillé qui a laissé de lourdes séquelles physiques et psychologiques. Certaines ont subi des césariennes à vif ou des épisiotomies non consenties (intervention chirurgicale qui consiste à inciser le périnée pour laisser passer le nouveau-né), d'autres ont été suturées sans anesthésie… Autant d'expériences traumatisantes qui ont laissé des traces.

Violences obstétricales : "La douleur est tellement atroce que l'on préfère mourir"

C'est le cas de l'une des mères qui témoigne dans ce documentaire : "Quand la sage-femme commence à me faire le forceps, je hurle de douleur, j'ai les jambes qui sautent au plafond. C'est une douleur tellement atroce que l'on préférerait mourir plutôt que de sentir ça. Je leur dis de faire une césarienne, car je n'en peux plus. J'essaie de me débattre, je lui dis qu'elle me fait mal, je lui demande d'arrêter. Elle n'arrête pas. L'autre sage-femme m'appuie sur le ventre et me maintient contre ma volonté. Puis, je sens des coups de rasoirs, elle est en train de me faire l'épisiotomie alors que je la supplie d'arrêter." La jeune femme a lutté pour se reconstruire. Après ce terrible accouchement, elle reprend le travail, mais ne parvient pas à se concentrer, bloquée par les souvenirs de ce qu'elle décrit comme "une scène de massacre".

Violences obstétricales : "Je sursaute à chaque fois que l'aiguille rentre dans la chair"

Pour beaucoup de femmes qui ont subi ce genre de traumatisme, souvent vécu comme un viol, avoir des rapports sexuels est devenu éprouvant, voire impossible. "Dès que l'obstétricien a commencé à recoudre à vif, je lui ai donné un grand coup pour lui dire d'arrêter, mais il m'a dit de ne pas bouger et il a continué à suturer, c'était horrible, ça a duré 45 minutes. Il fallait qu'il vérifie que tout soit bien suturé, donc j'ai eu droit au toucher vaginal et au toucher rectal", s'est souvenue l'une d'elles. "Il me recout à vif et je sursaute à chaque point, à chaque fois que l'aiguille rentre dans la chair. Personne ne réagit. Mes jambes se referment de douleur, il me dit : 'Alors là, ma grande, je ne vais plus rien voir.' Ce 'Alors là ma grande' m'a marqué, je l'ai trouvé tellement infantilisant et irrespectueux", a témoigné une autre. 

Violences obstétricales : Marlène Schiappa se souvient d'une "boucherie"

Marlène Schiappa, qui a commandé un rapport sur les violences gynécologiques et obstétricales en 2018, a également vécu un accouchement éprouvant : "J'ai eu un déclenchement. On ne m'a pas prévenue qu'on me déclenchait. On m'a oubliée dans une pièce pendant plusieurs heures. Lorsque l'équipe est revenue, la tête était déjà en train de sortir. L'ascenseur était occupé donc on m'a fait descendre à pieds de plusieurs étages jusqu'à la salle d'accouchement. Ensuite, l'anesthésiste n'a pas voulu me faire de péridurale parce qu'il trouvait que je me plaignais trop des douleurs". La secrétaire d'État à l'égalité femmes hommes n'a pas souhaité s'épancher sur la suite de son calvaire, mais a décrit une scène "de l'ordre de la boucherie". En France, force est de constater que la torture est toujours d'actualité...

Découvrez le documentaire Arte Tu enfanteras dans la douleur, réalisé par Ovidie, en replay.