Marina Hands (MYTHO) : "Je n'aime pas l'idée que la vie s'arrête un jour"

Marina Hands se plonge à nouveau dans le personnage touchant d'Elvira, pour la saison 2 de Mytho, diffusée les jeudi 7 et 14 octobre à 20h55, sur Arte. Interview de l'actrice aussi talentueuse que généreuse...

Marina Hands (MYTHO) : "Je n'aime pas l'idée que la vie s'arrête un jour"
© Marina Hands dans Mytho par Jean-Claude Lother

Marina Hands nous enchante (une fois n'est pas coutume) en tant qu'actrice talentueuse et authentique. Dans la saison 2 de Mytho, diffusée les jeudi 7 et 14 octobre à 20h55, sur Arte, le temps de six épisodes savoureux, elle se glisse à nouveau dans le costume d'Elvira, une mère de famille qui a perdu l'estime des siens après avoir feint un cancer. Pour évoquer ce rôle, nous avons pu nous entretenir avec la pétillante comédienne, près de trois ans après l'avoir rencontrée une première fois. Conversation avec l'actrice, redevenue pensionnaire de la Comédie-Française. 

Le Journal des Femmes : Êtes-vous heureuse de retrouver le personnage d'Elvira ?
Marina Hands :
Oui, je suis très fière de faire partie de cette série. Elle est assez unique dans son univers visuel, musical… Il y a un ton plutôt singulier. Je pense qu'il y aura une saison 3!

Que pensez-vous de l'évolution d'Elvira dans le début de cette saison 2 ?
Marina Hands :
Elvira est toujours cette femme qui grandit de ses erreurs, elle cherche  toujours à arranger les choses, même si elle se trompe, elle fait mal, elle essaie toujours de trouver une solution malgré les difficultés qu'elle rencontre dans sa vie, son parcours, son enfance, ses démons, ses secrets. Elle essaie toujours de se reconstruire, de garder le lien avec sa famille. 

Elvira vous ressemble-t-elle sur certains points ?
Marina Hands :
Nous voyons toutes les deux le verre à moitié-plein. On partage ce côté optimiste et résilient. Je pense que l'on peut avoir traversé des choses terribles dans une vie sans qu'elles définissent notre quotidien. Il y a une vraie possibilité de renouveau, de changer sa vie pour le mieux à tout âge. Je ne crois pas en la fatalité, mais je crois très fort en l'imperfection de l'humain. 

"J'ai eu des zones d'ombre à l'adolescence"

Quel autre personnage auriez-vous aimé jouer dans la série ?
Marina Hands :
Je suis très touchée par le personnage de Carole, joué par Marie Drion. A l'adolescence, j'ai eu des zones d'ombres et un sentiment de solitude vis-à-vis de ma famille, d'incompréhension… Et c'est une chose que j'ai pu traverser au même âge, avec la possibilité de subir des influences, parce que j'avais des sentiments de culpabilité. C'est un personnage que je trouve très bien traité dans la série, avec ce moment où l'on se sent un peu comme un fantôme, où l'on a le sentiment que la société ne nous donne pas de place.

Marina Hands : Pourriez-vous vivre dans le mensonge, à l'instar de votre personnage dans la première saison ?
Non, je prône la confrontation, je pense qu'elle est toujours salvatrice. Mais je peux comprendre le mensonge en tant que précaution par rapport à l'autre. Dans cette saison, l'on se rend compte des ravages du mensonge mais aussi de la vérité. Le débat reste ouvert. Moi, je suis davantage du côté de la vérité et de l'effort à faire pour pouvoir la dire et l'entendre.   

Pensez-vous que dans notre société actuelle, une relation amoureuse honnête et fidèle soit une chimère ?
Marina Hands :
Je pense que tout est une histoire de consentement. Je crois énormément au pacte amoureux, amical ou familial. Je crois que les gens ont besoin de se mettre d'accord sur la façon dont ils ont envie de vivre les choses. Ce que je trouve destructeur, c'est lorsque l'on force son désir sur quelqu'un. 

"A la quarantaine, on passe au cimetière au moins une fois par an"

Chacun des personnages est sujet à une emprise, dans cette nouvelle saison de Mytho. Y'a-t-il quelque chose qui vous emprisonne ?
Marina Hands :
La crainte du temps qui passe. C'est quelque chose qui m'affecte beaucoup, lorsque je vois mes proches vieillir, l'approche de la mort. Si je pouvais trouver une sérénité par rapport à cela! Je vois à quel point c'est générationnel. C'était une question qui ne me touchait pas du tout quand j'avais la vingtaine ou la trentaine. Dès la quarantaine, il y a la sensation que la fertilité s'arrête, que le corps commence à accuser le coup, que la forme physique baisse, on connaît les premiers deuils. A la quarantaine, on passe au cimetière au moins une fois par an… Je n'aime pas l'idée que la vie s'arrête un jour!

"J'ai entamé une formation d'auxiliaire-vétérinaire"

La dernière fois que nous avions parlé, vous m'aviez dit que vous ne teniez jamais en place. Le confinement n'a pas dû être simple...
Marina Hands :
J'ai entrepris un certain nombre de choses (rires). J'ai eu beaucoup de chance parce que je suis entrée à la Comédie-Française en plein confinement, donc on a mis en place un lien avec le public par le web. Je me suis aussi occupée d'animaux qui étaient en refuge, j'ai entamé une formation d'aide aux animaux, d'auxiliaire-vétérinaire. Je me suis occupée de chiens, de chevaux… Ce n'était pas des vacances (rires).

Vous ne vous sentiez pas à votre place au sein de la Comédie-Française, lorsque vous y étiez entrée une première fois étant plus jeune. Qu'est-ce qui a changé désormais ?
Marina Hands :
Je pense que la Comédie-Française a changé, qu'elle s'est ouverte à l'éclectisme. Aujourd'hui, il y a beaucoup plus d'artistes qui sont divers dans ce qu'ils proposent. J'ai l'impression que la Comédie-Française ressemble à celle dont je rêvais. Il y a plus de liberté donnée aux acteurs de faire plusieurs choses en même temps, comme tourner, jouer sur d'autres scènes, voyager.

Vous y mettez même en scène le spectacle "Mais quelle comédie!" avec Serge Bagdassarian...
Marina Hands :
J'apprends beaucoup, cela me donne l'impression de débuter à nouveau et me permet d'être dans l'apprentissage, cela n'a pas de prix à mon âge. C'est ça la vraie cure de jouvence!

Ne manquez pas la saison 2 de la série MYTHO, désormais disponible sur Arte.Tv, et diffusée sur Arte les jeudi 7 et 14 octobre à 20h55