Marina Hands : "Je suis une pro de l'échec"

Marina Hands irradie l'écran dans "Zone Blanche", une série policière fantastique dont France 2 diffuse la 2e saison. La comédienne, dont la capacité d'adaptation n'a d'égale que le caractère prolixe et enjoué, a rencontré le Journal des Femmes, pour des confidences autour d'un café.

Marina Hands : "Je suis une pro de l'échec"
© Julien Mignot

Marina Hands pousse la porte du Café du Trocadéro, près de la Tour Eiffel, avec élan et enthousiasme. Cheveux légèrement ébouriffés par le vent, la laisse (et son chien) dans une main, son portable dans l'autre, l'actrice de 44 ans est de celles que l'on imagine constamment pressées, poussées par une envie impérissable d'accomplir toujours plus, de noircir son emploi du temps pour être le plus productive possible. Notre échange confirmera cette impression. 
Au-delà de ce dynamisme, c'est une réelle affabilité que je remarque chez la comédienne. "Voici mon chien. Il s'appelle Mooky", lâche-t-elle pour faire les présentations. Et de préciser, pour expliquer l'agitation du cabot : "Il a le goût de la justice, il adore me défendre. Avec vous, cela fait deux femmes à protéger ! Il est tout excité." Spontanée et souriante dans la vie comme à l'écran, Marina Hands s'impose dans la saison 2 de Zone Blanche, dès le 18 février sur France 2Elle y incarne Delphine Garnier, inspectrice de l'environnement. Si débarquer sur le plateau de tournage d'une série n'est pas chose aisée, la comédienne a parfaitement su s'imposer face à la caméra. Cette férue de challenges et autres défis en tout genre n'a pas peur de repousser ses limites. La Comédie-Française, les séries, les scènes de nu : Marina Hands tente tout... et c'est tant mieux.

Le Journal des Femmes : Qu'est-ce qui vous a donné envie de rejoindre le casting de "Zone Blanche" ?
Marina Hands :
Je connais Suliane Brahim (qui incarne Laurène Weiss dans la série, NDLR) depuis longtemps, elle était ma camarade de théâtre à la Comédie-Française. Je la trouve géniale en tant qu'actrice. J'avais envie de travailler sur un tournage où j'adore les acteurs. Et puis, je trouvais l'univers fantastique très original. L'atmosphère, visuellement différente de ce que l'on a l'habitude de voir en France, m'a énormément séduite.

Vous incarnez Delphine Garnier à partir de l'épisode 3 de la saison 2. Comment décririez-vous votre personnage ?
Marina Hands :
Delphine Garnier est une inspectrice de l'environnement, en distance avec le monde dans lequel elle vit et avec son métier. Elle va être très déstabilisée dans sa mission, au fur et à mesure des épisodes. Elle fonctionne dans un monde assez sombre. C'est un personnage qui est énormément dans le contrôle, un peu comme moi ! Être déstabilisée alors que l'on a un souhait de tout maîtriser, cela me connaît. C'est un sentiment plutôt désagréable.... Mais c'est la première série française qui a été vendue à Amazon, sur Prime. Ils en sont très fiers, mais cela place la barre assez haute. Tant mieux, l'adrénaline est mon moteur. J'ai toujours une attirance pour l'inconnu, c'est de la curiosité, un challenge... Tout ce qui me fait peur m'attire.

"Tourner nue, c'est libérateur"

Vous avez également tourné dans la série Capitaine Marleau...
Marina Hands :
Corinne Masiero est devenue mon idole absolue, même si je la connaissais déjà en tant qu'actrice. Pour moi, elle est une icône, qui incarne la liberté et la transparence. Je suis toujours très reconnaissante envers les gens qui racontent leur parcours et qui partagent des expériences heureuses comme malheureuses. Cela m'aide à réfléchir sur moi-même. 

Vous êtes la fille de l'actrice Ludmila Mikaël et du metteur en scène Terry Hands. Vous avez longtemps voulu être cavalière professionnelle : un rêve qui a pris fin lorsque votre cheval s'est blessé. Dès lors, était-ce un choix naturel de se tourner vers le cinéma ?
Marina Hands :
J'ai longtemps cogité avant de me lancer dans l'aventure du cinéma, cela a été une décision compliquée. Ensuite, à mes débuts, j'ai mené une réelle bataille pour me sentir légitime en tant qu'artiste. On m'a tellement renvoyée dans la figure que c'était facile de faire le même métier que ses parents… On m'a longtemps testée. Avant, j'essayais de prouver ma légitimité aux autres. Maintenant, je veux être fière de moi, c'est tout ce qui compte !

Vos parents ont-ils soutenu votre décision de vous lancer dans une carrière artistique ?
Marina Hands :
Non, ils m'ont dissuadée, m'ont dit que c'était de la folie, cela ne les a pas du tout amusés (Rires). J'étais vraiment sûre de moi et de mon envie. Je me disais que si cela se passait mal, je ferais autre chose, de toute façon j'avais déjà voulu faire autre chose avant. Cela n'allait pas m'arrêter. Mes parents étaient plus inquiets. Je n'ai jamais eu peur de l'échec car je l'ai déjà vécu très jeune, lorsque j'étais sportive. Il ne m'a jamais empêchée de me battre pour ce que j'avais envie de faire. Il ne vaut mieux pas être paralysé par la peur d'échouer dans ce métier, car lorsque l'on essaie d'avoir des rôles, surtout au début de sa carrière, on gagne une fois sur 40, sur 100… Dès le départ, on est mis à rude épreuve. Il ne faut pas avoir d'ego.

On dit que ceux qui réussissent sont "pros de l'échec"... Ils n'ont pas peur d'échouer 100 fois jusqu'à réussir.
Marina Hands :
J'adore, c'est trop bien d'être un pro de l'échec ! Alors, je me considère ainsi ! Comme je voulais être sportive de haut-niveau, j'ai été baignée dans cette culture où il ne faut jamais baisser les bras, où l'on apprend à l'effort, à la défaite. Cela m'a aidée dans ma carrière et dans ma vie de tous les jours.

Que vous a apporté votre expérience à la Comédie-Française ?
Marina Hands :
Ce que je vais dire est dur, mais d'abord, cela m'a appris que je n'étais pas du tout capable de travailler à la Comédie-Française. Cela demandait une manière de vivre ce métier qui n'était pas la mienne. On est mieux considéré si l'on a fait la Comédie-Française. La réalité, c'est qu'il n'y a pas un endroit mieux qu'un autre. Je suis passée par cinq écoles, certains n'en ont pas fait et sont meilleurs que moi… Le rythme, le fonctionnement, la manière de travailler : tout ça n'était pas fait pour moi. Je suis bien plus heureuse en étant plus libre ! 

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Marina Hands © Arthur Mola/AP/SIPA

Préférez-vous les planches ou les plateaux de tournage ?
Marina Hands :
Je préfère les planches. C'est un peu maso (Rires). J'y trouve beaucoup plus de difficultés, de responsabilités. En tant qu'interprète, on est davantage maître du temps, on tient les choses dans nos mains. Personne ne nous guide, nous dit s'il faut recommencer… Si je réussis un spectacle ou un rôle au théâtre, je me sens mille fois plus fière que lorsqu'un film marche. Les aventures de tournage sont géniales, mais en tant qu'actrice, je peux être un peu frustrée de ne pas avoir davantage mon mot à dire.

Vous semblez sereine, libre de toute angoisse. Y-a-t-il quelque chose qui vous paralyse ?
Marina Hands :
Je suis assez obsédée par le temps qui passe, je n'aime pas vieillir. Chez moi, cela se manifeste par une incapacité à arrêter de travailler. Je ne sais pas m'ennuyer. J'ai beaucoup de mal à être contemplative, je l'étais lorsque j'étais jeune, mais maintenant, je ressens une urgence à vivre qui me joue des tours. Par moments, j'ai besoin de me reposer, mais le temps qui file me tracasse.

Avez-vous peur de la mort ?
Marina Hands :
J'ai terriblement peur de la mort et de celle de mes proches. C'est une chose qui fait partie de moi depuis que j'ai 40 ans. À un moment donné, me dire que je ne peux plus avoir d'enfants, c'est compliqué. J'aurais voulu donner la vie, mais cela ne s'est pas produit comme je l'aurais souhaité. Les autres options ne me sont pas envisageables, pour le moment, en tout cas.

Votre vie amoureuse a souvent été médiatisée, notamment votre histoire avec Julien Doré : vous le regrettez ?
Marina Hands :
Je l'assume totalement. Quand j'aime vraiment quelqu'un, je trouve ça très joyeux, j'ai envie de le crier sur tous les toits !  Les histoires d'amour, c'est beau. Julien a été mon grand amour. Le fait d'avoir joué dans son clip L'été Summer (en 2011, NDLR) était une manière de déclarer mes sentiments. Cela ressemblait à notre relation, qui était très belle et vraie. J'imagine que les choses sont compliquées lorsque la relation est mensongère, mais là ce n'était pas du tout le cas.