Anne Berest et Fabrice Gobert : "Mytho est un mélange de Twin Peaks et Desperate Housewives"

Accrochez-vous, la saison 2 de Mytho débarque et elle promet d'être haute-en-couleurs! Déjà disponible sur Arte.Tv, elle est diffusée les jeudi 7 et 14 octobre sur Arte à 20h55. Alors qu'Elvira (Marina Hands) a vu son terrible mensonge exposé, la famille tente de tourner la page, chacun à sa manière (et de façon parfois loufoque). Nous avons conversé avec Anne Berest et Fabrice Gobert, les créateurs de la série qui a le vent en poupe. Ils nous expliquent l'envers du décor...

Le Journal des Femmes : Que pouvez-vous nous dire sur cette nouvelle saison de Mytho ?
Anne Berest : En saison 1, nous avons quitté la famille Lambert, qui est une famille éclatée. Tout le monde s'est disputé, Elvira est partie après que son mensonge a éclaté au grand jour. Il s'est passé seulement quelques semaines, et l'on retrouve notre famille dans une profonde tristesse, mélancolie puisque les membres de cette famille souffrent de cet éclatement. Mais comme l'on est dans Mytho, cela crée des situations de grande comédie! On observe comment Patrick fait les courses, le ménage, toutes ces tâches sans Elvira… On retrouve ce mélange d'émotion et de drôlerie chère à notre série !
Fabrice Gobert : Nous sommes à deux semaines de Noël, c'est le moment un peu critique où dans une famille, tout peut devenir "grave" d'une certaine manière. Il y a un contraste très intéressant entre la magie de Noël qui est très mise en valeur dans le décor, et la situation un peu périlleuse dans laquelle se trouvent Elvira et sa famille. L'envie de Virginie, c'est de passer Noël tous ensemble, mais cela s'avère compliqué.

On sent que chaque personnage secondaire prend davantage de place dans cette nouvelle saison...
Anne Berest : La saison 1 était principalement centrée autour du personnage d'Elvira. Le thème de cette saison était la charge mentale, le fait qu'une femme ait besoin d'inventer un tel mensonge pour que l'on l'écoute, qu'elle ne soit pas percue par sa famille comme une femme de ménage qui doit remplir le frigo…
La saison 2 est beaucoup plus chorale, on suit les personnages et on s'intéresse davantage aux mécanismes d'une famille et des liens entre les différents membres de la famille.

De nouveaux thèmes sont évoqués aussi…
Anne Berest : Oui, on évoque la comédie du remariage. On essaye d'observer comment l'on passe d'une famille éclatée à une famille qui se retrouve. Il y a également le sujet de l'emprise: chacun de nos personnages est sujet à une emprise. Le troisième thème est celui de la vérité, par opposition au mensonge, traité dans la saison 1.
Fabrice Gobert : On s'intéresse à l'histoire d'Elvira, d'où elle vient, quelles sont les raisons qui l'ont poussée à se lancer dans ce mensonge terrible de la saison 1, quelles sont les conséquences lorsque l'on n'arrive pas à affronter des éléments qui ont été très marquants pour soi, ces secrets de famille qui persistent et qui font des victimes à l'intérieur de la famille, qu'ils le sachent ou pas. Même lorsque l'on essaie de les cacher, il y a quelque chose qui se transmet toujours.

Il paraît qu'à l'origine, Mytho ne devait comporter qu'une saison. Fabrice, vous auriez finalement demandé à Anne de modifier la fin du script de la saison 1 pour que la série puisse se poursuivre…
Fabrice Gobert : C'est vrai ! Je trouvais intéressant de développer les autres personnages, même ceux autour de la famille, comme la voisine d'en face, Mme Ménard. On ne savait pas si l'on ferait deux ou trois saisons, mais on se disait qu'il serait formidable de voir cette famille évoluer sur le long terme. C'est touchant. J'espère donc qu'il y aura une troisième saison! 

Qu'est-ce qui fait que Mytho se démarque dans le paysage audiovisuel français ?
Anne Berest : En général, les chaînes françaises n'aiment pas trop le genre de la "dramédie", ce mélange de drame et de comédie. Arte nous a fait confiance, mais cela reste extrêmement rare dans le paysage audiovisuel français. Le fait que dans un même épisode ou une même scène, l'on puisse passer d'un moment drôle à un moment où l'on sort les mouchoirs. C'est l'une des spécificités de la série. Je crois que c'est ce qui a beaucoup plu aux téléspectateurs.
Fabrice Gobert : Ce que j'ai aimé dans l'écriture d'Anne, c'est que la famille Lambert, l'endroit où ils habitent, leur métier, ont quelque chose de très proche de nous, mais en même temps de très singulier. Ils pourraient être nos voisins, mais des voisins un peu étranges. La porte est ouverte vers le romanesque, tout en gardant un lien avec le spectateur pour qu'il soit toujours capable de s'identifier à Elvira et à sa famille. Dans la saison 2, Elvira observe sa famille en se cachant derrière la fenêtre de chez sa voisine, ce qui est une situation assez improbable. Mais en même temps, tout le monde sait qu'une séparation, c'est compliqué à gérer...

Comment réagissez-vous lorsque l'on compare Mytho à Desperate Housewives ?
Fabrice Gobert :  On est flattés (rires) ! On nous a déjà parlé de Twin Peaks aussi, c'est un mélange. Je pense que l'on ne se prive pas d'avoir des références américaines, tout en ancrant l'histoire dans un environnement très français. Le fait de situer l'histoire dans ce type de banlieue, par exemple, est un choix à la fois personnel, puisqu'Anne et moi avons toux deux vécu dans une banlieue, et une inspiration assumée de Desperate Housewives.

Ne manquez pas la saison 2 de la série Mytho, désormais disponible sur Arte.Tv, et diffusée sur Arte les jeudi 7 et 14 octobre à 20h55