Finnegan Oldfield : "J'ai flirté avec la folie"

Finnegan Oldfield joue à merveille le rôle du anti-héros dans la mini-série d'Arte, "Amour Fou', diffusée le 20 février à 20h50 et disponible sur Arte.TV jusqu'au 20 mars. Nous nous sommes entretenus avec cet acteur qui monte, qui monte...

Finnegan Oldfield : "J'ai flirté avec la folie"
© Caroline Dubois

Finnegan Oldfield aime brouiller les pistes, aller là où l'on ne l'attend pas. Dans Amour Fou, l'haletante mini-série d'Arte, réalisée par Mathias Gokalp et diffusée le 20 février à 20h50 et disponible sur Arte.TV jusqu'au 20 mars, il campe l'inquiétant frère de Romain (Jérémie Rénier), violent et empêtré dans la drogue, qui se fait embarquer dans le plan à la fois abracadabrant et bien pensé de Rebecca (Clotilde Hesme). Son passé le rattrape malgré lui, comme une machine impossible à stopper, qui vient tout détruire sur son passage. Un rôle plaisant pour l'acteur de 29 ans, qui nous avait déjà convaincus dans Le Poulain au côté d'Alexandra Lamy. Entretien.

Le Journal des Femmes : Qu'est-ce qui vous a convaincu de vous lancer dans l'aventure "Amour Fou" ?
Finnegan Oldfield :
J'ai toujours aimé les enquêtes policières, les Agatha Christie et compagnie. Dans Amour Fou, il y avait un peu de ça, à une échelle différente. Je trouvais le rôle assez chouette à défendre. À la lecture, mon personnage peut sembler un peu caricatural, on comprend qu'il a un passé assez trouble, on sait qu'il est ancien toxicomane, qu'il boit… Mais lorsque l'on joue le rôle, cela prend une autre dimension. J'y ai cru, j'ai essayé de comprendre comment l'on grandit lorsque l'on est un "enfant à problèmes", que deviennent les copains un peu perturbés que l'on croise à l'école primaire. Malgré tout, même si je tente de m'y identifier, le personnage est haut en couleur : le moment où il frappe sa copine est pour moi, inexcusable, je n'arrive pas à le concevoir. 

Est-il plaisant d'endosser le rôle d'un anti-héros ?
Finnegan Oldfield :
Totalement. Il a des côtés à la fois charismatiques et manipulateurs. Mine de rien, ce n'est pas un type de rôle que j'ai pu jouer auparavant. Je ne voulais pas en faire un monstre ni un "débile", je voulais creuser, essayer de comprendre un peu. Contrairement à mon personnage, je ne suis pas colérique de nature, alors j'ai dû aller chercher ces émotions et brouiller les pistes. Dans cette série, tout est trouble, les relations sont biaisées, on ne sait jamais ce qu'il se passe...

Avez-vous pu vous identifier, au moins un peu, à votre personnage ?
Finnegan Oldfield :
Même s'il ne me ressemble absolument pas et qu'il est assez détestable, je peux me reconnaître dans son côté un peu jaseur, le fait qu'il aime bien se moquer gentiment de son entourage. Je ne me permettrais pas d'aller aussi loin que lui, mais il a un côté un peu coquin et goguenard que j'ai aussi et que je ne montre pas toujours au cinéma. Il est également bon vivant, tout comme moi, enfin… pas dans la même mesure (rires) ! 

"Amour Fou", c'est aussi l'histoire d'un amour fraternel, d'une relation entre deux frères que tout oppose. Romain est prêt à faire beaucoup pour son frère, à le protéger, à le défendre contre presque tout…
Finnegan Oldfield : C'est vrai qu'il y avait cette relation primordiale à l'intrigue qu'il fallait tenter de saisir du mieux que l'on pouvait. Avec Jérémie, on se connaît depuis pas mal de temps. On avait déjà fait un film ensemble, Ni le ciel ni la terre, de Clément Cogitore. On avait donc passé du temps ensemble au Maroc, pendant le tournage de ce film en 2015. Nous sommes très bons potes, cela nous a certainement aidés à incarner ces deux hommes qui, effectivement, vivent une relation compliquée d'amour fraternel.

La famille peut nous monter vers le haut, ou au contraire, nous tirer vers le bas. A-t-elle été une force pour vous ?
Finnegan Oldfield :
Elle m'a guidée un peu vers mon choix de faire du cinéma mon métier. Je viens d'un milieu assez artistique puisque mon père est dans la musique et ma mère a toujours adoré les films, le cinéma. J'ai de la chance, car ma famille m'a toujours tirée vers le haut. C'est pour cette raison que j'ai trouvé les rapports familiaux dans Amour Fou d'autant plus choquants. On sent que tous les personnages sont sur la sellette, entre Romain qui ne veut pas croire ce qu'il voit, Michaël qui pète un plomb…

Pour vous, qu'est-ce que l'amour fou ?
Finnegan Oldfield :
Aimer, c'est toujours un peu fou. Se dévouer à quelqu'un, se donner corps et âme, c'est insensé, mais c'est ce qui nous nourrit. Il y a une grosse part de folie dans le fait d'aimer quelqu'un toute sa vie, rester avec une personne jusqu'à la fin. Cela peut être magnifique, par opposition à d'autres personnes qui ne s'accrochent à rien, pensent être libres, mais au final, se retrouvent seuls.

L'écrivaine Marguerite Yourcenar écrivait : "Il faut toujours un coup de folie pour bâtir un destin". Que vous inspire cette phrase ?
Finnegan Oldfield :
Je suis 100% d'accord. Je crois dur comme fer à la folie, elle est nécessaire dans tout. On a besoin de cela pour avancer, être créatif, avoir de l'imagination. Toutes ces choses nous sauvent dans le monde d'aujourd'hui.

La folie a-t-elle été un moteur dans votre carrière ?
Finnegan Oldfield :
Oui, il faut un peu d'audace pour se lancer dans ce métier, mais j'ai commencé jeune. Je pense qu'il est plus facile d'être fougueux lorsque l'on est ado ! Je n'ai jamais voulu rentrer dans les rangs, j'ai toujours voulu faire les choses à ma manière. C'est vrai que j'ai un peu flirté avec la folie, il arrive que je me remette en question mais je ne regrette rien. Pourvu que ça dure !

Ne manquez pas la nouvelle mini-série Amour Fou, de Mathias Gokalp, diffusée le 20 février à 20h50 sur Arte et désormais disponible en ligne jusqu'au 20 mars.