Mondial Placard : 5 bonnes raisons d'y assister

1. Un décor kitsch

Les acteurs évoluent clairement dans un environnement de travail. Le mobilier est quasi inexistant et la mise en scène évoque l'espace détente-cafétaria et l'accueil avec la prise d'appels de la secrétaire. Des portes ultra colorées laissent deviner plusieurs espaces de travail. Sur une mezzanine, avec rideau, trône le boss, dominant l'ensemble. Plus tard, l'apparition d'un placard " intelligent " permet à Côme de Bellescize de rythmer la mise en scène et de multiplier les allers-retours des personnages.

2. Une cheffe engagée

La pièce commence par la nomination de Marion à la direction des ventes par le Pdg, Eric. Cette annonce crée la surprise mais surtout le mécontentement de certains cadres, à l'image du directeur des achats, Pascal. Mais également de Laurent, cadre qui convoite cette fonction depuis un moment et qui regrette les quotas mis en place dans les entreprises pour féminiser les équipes.

3. Une stagiaire moderne

Côme de Bellescize joue sur le cliché de la stagiaire, censée apprendre en silence. Au contraire, cette dernière, Léa, ne cesse de reprendre les propos machistes des cadres masculins. Elle va même jusqu'à commenter le comportement léger de Karine, la secrétaire, qui se laisse complimenter à outrance par Eric sans jamais sourciller. Il s'agit selon elle d'un jeu sans aucune conséquence. Léa est là justement pour lui rappeler que ces remarques n'ont rien de positif mais qu'elles sont, au contraire, dégradantes pour la gent féminine.

4. Une inspiration du vaudeville

Dans Mondial Placard, les codes du vaudeville – comiques de situations, quiproquos, intrigues - sont respectés. Deux personnages se travestissent pour mieux comprendre – prendre – la place de l'autre. Un amoureux transi (Quentin, directeur recherche et développement) ne sait exprimer ses sentiments, le Pdg pousse les plus machos de l'entreprise dans leur retranchement, la stagiaire monte au créneau en permanence. Les répliques sont riches de sous-entendus et les spectateurs se délectent des situations cocasses.

5. Un texte résolument contemporain

Jouant sur les clichés véhiculés par le monde de l'entreprise, Côme de Bellescize questionne sans prise de tête sur les ambitions et le rapport homme-femme au travail. Il s'agit évidemment de rire de la discrimination, du management et des certitudes quant aux compétences des femmes à des postes de direction. L'auteur utilise le travestissement comme un outil, certes décalé, mais utile pour donner de l'épaisseur à ses personnages. La pièce est lauréate du prix du théâtre 2023 Fondation Barrière.

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Mondial placard, de Côme de Bellescize. Théâtre Tristan Bernard. Jusqu'au 30 avril 2024