LA FRACTURE et LAS NIÑAS sont nos 2 coups de cœur du 27 octobre

Une chute vertigineuse dans un hôpital au bord de l'implosion, en pleine crise des gilets jaunes, face à la révolte d'une fillette à l'aube de l'adolescence, dans l'Espagne conservatrice des années 90. Entre "La Fracture" et "Las Niñas", les sorties de la semaine du 27 octobre sont placées sous le signe de l'insoumission.

LA FRACTURE et LAS NIÑAS sont nos 2 coups de cœur du 27 octobre
© Carole Bethuel / Le Pacte

La Fracture de Catherine Corsini

© Le Pacte

Pio Marmaï est Yann, routier en colère. Pour exprimer son mécontentement et dans l'espoir fou d'établir un dialogue avec Emmanuel Macron, il participe à une manifestation de gilets jaunes et repart la jambe explosée par une grenade. Aux urgences, il tombe sur Raf (Valeria Bruni Tedeschi), une dessinatrice au coude cassé et aux préjugés bien ancrés, désespérée par sa rupture imminente avec Julie (Marina Foïs). Sous l'écriture acérée de Catherine Corsini et face à sa caméra haletante, les dialogues fusent et rendent le choc social inévitable. Car pendant que l'un et l'autre se chamaillent, le service sature. Kim (Aïssatou Diallo Sagna) et les autres soignants font tout leur possible pour maintenir le calme et continuer à faire leur boulot, alors que le chaos menace de faire imploser l'hôpital. La pression est constante dans ce drame tragicomique au rythme incessant, où seul l'humour permet le répit. Avec La Fracture, la réalisatrice de La Belle Saison signe une œuvre intime et politique qui pousse au rire, aux larmes et à la réflexion. Un film nécessaire, sur des crises toujours très actuelles.

Avec Pio Marmaï, Marina Foïs, Valeria Bruni Tedeschi et Aïssatou Diallo Sagna (1h38).

Las Niñas de Pilar Palomero

© Epicentre Films

Las Niñas est un très joli film, non pas sur l'adolescence, mais encore mieux : sur le chemin qui y mène. La caméra de Pilar Palomero joue à la parfaite petite souris pour nous projeter en 1992, dans le quotidien de Celia, 11 ans. Tout bien faire, étudier, prier, copiner, cuisiner pour sa mère débordée... c'est sans jamais rechigner que la fillette contente tout le monde. Jusqu'au jour où une nouvelle amie lui ouvre la voie de l'affirmation de soi. Entre deux cours, Brisa lui souffle qu'elle a le droit d'exister. Ecouter du rock, découvrir la féminité, les bêtises, le sexe, les booms, la cigarette... et enfin faire entendre sa voix. Quand les non-dits et les questionnements religieux viennent s'ajouter aux excitations adolescentes, Celia a du mal à rester dans le rang. Dieu merci, Las Niñas décolle avec douceur l'image de la petite fille sage, sans jamais glisser vers le cliché de l'ado rebelle. La mise en scène laisse toute la place aux jeunes actrices, Andrea Fandos en tête, d'habiter l'écran. Une incursion habile dans la tête d'une gamine en quête d'attention. Captivant.

Avec Andrea Fandos, Natalia de Molina, Zoe Arnao (1h30).