PETITE SOEUR : 4 bonnes raisons de se laisser émouvoir
Avec "Petite Sœur", en salles le 6 octobre, les réalisatrices Véronique Reymond et Stéphanie Chuat mettent en scène des frère et sœur jumeaux secoués par la maladie et cimentés par l'amour (de l'art). Dans les rôles principaux, Nina Hoss et Lars Eidinger sont époustouflants.
Petite Sœur ou l'exploration du rapport familial
Lisa est une dramaturge allemande qui a remisé ses rêves et ses désirs artistiques loin de sa vue. Afin de s'occuper de ses enfants, dans une nouvelle vie aux antipodes des planches, elle a choisi la tranquillité de la Suisse. Mais ce nouveau départ est bousculé quand son frère jumeau, Sven, célèbre acteur de théâtre berlinois, lui annonce qu'il est gravement malade. Ses jours sont en effet comptés. A partir de ce point de départ, les cinéastes Véronique Reymond et Stéphanie Chuat ont bâti un drame poignant, qui célèbre tout en subtilité et en sensibilité à fleur de peau, l'amour inconditionnel liant ces deux personnages de cinéma. Lesquels sont merveilleusement incarnés par des comédiens au sommet.
Petite Sœur : la mort… mais surtout la vie !
Petite Sœur aurait pu être un film plombant sur le deuil, sur la maladie, sur la fin de vie, dérapant sur le terrain glissant des larmes et du dolorisme. Ce n'est heureusement jamais le cas. Le scénario se concentre sur ce que cette épreuve apporte d'élan vital à ceux qui la vivent. D'un côté, une sœur qui tente de pousser son frère à remonter sur scène pour briller. De l'autre, un frère qui compte réveiller sa sœur pour la propulser de nouveau vers ses véritables aspirations et dispositions artistiques. En ce sens, ce drame s'inscrit du côté de la vie, de ces éclairs qui jaillissent comme autant de gerbes quand la finitude pointe le bout de son nez. Il nous redit l'urgence du moment présent et l'importance d'en faire quelque chose qui compte, et qui nous survit.
L'art comme rempart à la finitude
Ce qui touche en plein cœur réside par ailleurs dans le traitement de ce désir de transmission, par le prisme de l'art. Entre Lisa et Sven, l'amour de la création est un ciment que le trépas ne saurait rompre. L'envie de mots, de théâtre, l'énergie en partage et l'affection confinent à un sentiment d'éternité. Comme si, ensemble, la mort ne comptait plus vraiment, qu'elle n'était qu'une simple étape d'un récit qui en connaitrait d'autres.
Se lever, forts, contre l'inéluctable. Le repousser avec la grâce de l'imaginaire. Et la caméra de les suivre avec une pudeur bienvenue, de sorte qu'elle sonde ce qui somnole mais ne dort pas au creux de Lisa : la force d'écrire, de créer, de proposer, de transcender la trivialité du réel pour accéder au firmament théâtral. Car oui, Petite Sœur est surtout un retour à la vie, la renaissance d'une femme qui s'est oubliée. Et qui se retrouve.
Nina Hoss, éblouissante actrice
Inspiration pour le cinéaste Christian Petzold -elle remporte l'Ours d'argent de la meilleure actrice à la Berlinale 2007 grâce à Yella-, Nina Hoss est la comète qui traverse et illumine le ciel de ce long-métrage. La star allemande brille en effet sous les traits de Lisa, rôle qu'elle n'a pas hésité à empoigner quand les réalisatrices l'ont approchée. Leur rencontre, qui devait durer quelques minutes, s'est en effet étalée sur trois heures. Entre elles, tant de points communs, à commencer par ce lien fort qu'elles ont avec le théâtre et l'art en général. Hoss s'est elle-même distinguée sur les planches, dans les pièces La Vipère de Lillian Hellman en 2014 ou encore Bella Figura de Yasmina Reza en 2015.
Nina Hoss tournera prochainement avec Cate Blanchett et Noémie Merlant sous la direction de Todd Field.