Dylan Penn : "Mes parents ont coloré ma vie d'expériences folles"

Dans "Flag Day", en salles le 29 septembre, Dylan Penn, la talentueuse fille de Robin Wright et Sean Penn, donne la réplique à son père le temps d'un récit filial qui lui a permis de mieux le redécouvrir...

Dylan Penn : "Mes parents ont coloré ma vie d'expériences folles"
© Jacques BENAROCH/SIPA

A 30 ans, l'ex mannequin et désormais actrice Dylan Penn a reçu à Deauville le Hollywood Rising Star Award, récompensant chaque année une des promesses du cinéma américain. La fille de Sean Penn et Robin Wright succède ainsi à Kristin Stewart ou Sophie Turner. Elle est à l'affiche le 29 septembre de Flag Day, un drame réalisé par son papa, dans lequel elle lui donne aussi la réplique. Elle y incarne une jeune femme qui découvre tout un pan obscur de la vie de son père, un être hors des clous, insaisissable à souhait, avec qui elle devra apprendre à recomposer. Rencontre.    

Etait-ce évident d'accepter de donner la réplique à votre père dans Flag Day ?
Dylan Penn :
Non, il m'a fallu presque 15 ans pour cela. Etre actrice est quelque chose qui, pendant longtemps, ne m'a pas intéressée. Ma passion se situe plutôt derrière la caméra : l'écriture, la mise en scène, la production… C'est vraiment ce à quoi j'aspire. J'ai d'ailleurs exprimé ce voeu à mes parents à 17-18 ans. Et ils m'ont dit, séparément, que je devrais savoir jouer pour m'emparer un jour d'une caméra. C'est ce qui m'a poussée à être actrice et à accepter de petits rôles ici-et-là. Et quand mon père m'a proposé de nouveau Flag Day, qui est l'adaptation d'un roman que j'ai lu à 15 ans, j'ai ressenti de la nostalgie pour le récit et j'ai été sensible au scénario. C'était trop beau pour le refuser.

Vous y incarnez la fille d'un homme hors normes qui dévoile de sombres secrets, ce qui la pousse à le revoir d'un oeil nouveau et à  tenter de reconsolider leur relation. Sean Penn dit que vous êtes une "bête de vérité". Qu'en pensez-vous ?  
Dylan Penn :
Et bien ça me flatte beaucoup quand il dit ce genre de choses (rires). Je pourrais lui rendre la pareille. Cette vérité vient en tout cas de lui et de ma mère. Ils m'ont toujours dit que si quelque chose semble faux chez un personnage, que ce soit un sac à main, un mot, un mouvement, un maquillage, une paire de chaussures…, il ne faut pas le faire car le spectateur s'en rendra compte. Cela s'applique aussi dans la vraie vie.  

Dylan Penn et Sean Penn dans "Flag Day". © Le Pacte

Ce film vous a-t-il permis de redécouvrir votre père ?
Dylan Penn :
J'adore cette question… J'ai grandi autour de lui, de l'acteur qu'il est et de ses tournages, mais le fait qu'il soit mon boss et mon partenaire à l'écran, dans un cadre aussi professionnel, c'est vraiment différent. On a toujours été très proches, avec une relation transparente et honnête. Voir sa persévérance et sa conviction dans sa vision artistique, c'était merveilleux. Je le voyais se battre pour ce film indépendant, au budget très réduit. Me retrouver face à lui en tant qu'actrice, c'était un privilège. Je ne me suis jamais autant amusée sur un plateau. Il est ouvert à l'improvisation et ça rend les choses intéressantes. L'équipe autour de nous était par ailleurs très concentrée et connectée. Jouer des scènes aussi intenses avec mon père et mon frère s'apparentait à une thérapie familiale sur scène. C'était cathartique.

"Je voulais être avocate"

Qui vous a donné le goût de l'art ? 
Dylan Penn :
Avoir été exposée à d'autres cultures y a contribué. J'ai eu cette chance, ce privilège d'avoir voyagé en découvrant les beautés du monde comme, hélas, ses horreurs… Mes parents ont en tout cas coloré ma vie d'expériences folles : rencontrer Fidel Castro, parler à Nelson Mandela un an après avoir fait un exposé sur lui au lycée -c'était de la folie, l'acmé de ma vie…

Le statut d'enfant de stars peut s'accompagner de nombreux clichés. Quel est celui que vous détestez ?
Dylan Penn :
Je peux comprendre cette idée reçue selon laquelle un enfant de stars serait pourri gâté. C'est drôle parce que j'ai grandi dans une ville du nord de la Californie où tout le monde s'en fout de la célébrité. Le fait de ne pas avoir grandi à Los Angeles me rend moins consciente de tous ces clichés. Je voudrais toutefois ajouter que je suis totalement consciente du népotisme, qui est un avantage pour beaucoup de gens… 

A quoi rêviez-vous enfant ?
Dylan Penn :
J'ai toujours dit que je voulais être avocate. J'en jouerai peut-être une un jour au cinéma (rires). L'activisme de mon père, face auquel j'ai grandi, et sa façon de se battre contre les injustices sociales, m'ont donné envie au départ de faire ce métier pour défendre les gens.  Mais j'aime me dire que les films changent un peu les choses aussi, à leur petite échelle.

Dylan Penn dans "Flag Day". © Le Pacte

Qu'est-ce qui vous a fait bifurquer vers le mannequinat ?
Dylan Penn :
Tout ça vient de ma coiffeuse qui travaillait à mi-temps pour une agence de mannequins et qui m'a poussée à sauter le pas. Elle m'a dit ça parce que je me plaignais de ne pas avoir assez d'argent pour payer mon loyer. Je livrais des pizzas à l'époque. J'ai donc été mannequin de jour et livreuse de pizza la nuit. C'est comme ça que ça a commencé. 

"La France est mon pays préféré"

Et le cinéma alors ?
Dylan Penn :
Je crois que ça s'est fait naturellement. Je ne me souviens pas d'un temps où je n'aimais pas les films. Mes goûts ont été inspirés par ceux de mes proches, des films qu'ils ont aimés, qu'ils m'ont montré… Beaucoup ont compté. La première fois que j'ai su que je voulais écrire et jouer, c'était après avoir vu Annie Hall de Woody Allen. J'avais 12 ans et les dialogues m'ont sciée. Je sais que c'est très controversé de dire ça mais Woody Allen est la raison pour laquelle j'ai commencé à écrire. Autrement j'adore Warren Beatty, Meryl Streep, Emma Stone, Monica Bellucci, Olivia Colman et je peux continuer…  

Que ressentez-vous à l'idée de recevoir à Deauville un Hollywood Rising Pride Award ?
Dylan Penn :
Je suis venue ici une fois pour 24h ; il pleuvait, il faisait froid. Là, il fait beau, c'est magnifique. En France, le public est là pour le cinéma, par pour les paillettes. C'est mon pays préféré; ça a été mon premier voyage sans mes parents. J'avais 18 ans et j'étais avec mes amies. J'aime la bouffe, la culture, la langue que j'ai d'ailleurs essayée d'apprendre, en vain (rires)… Tout ça fait que j'ai l'impression d'être chez moi ici. Je crois profondément que je vivrai un jour à Paris, dans le Marais, pour manger des falalels (rires). 

"Je déteste les réseaux sociaux"

Votre père est un homme engagé. Et vous ? Quelles sont les causes que vous soutenez ?
Dylan Penn :
C'est dur… En tout cas, je ne soutiendrai jamais des mouvements derrière un hashtag. Tout ça est hors de contrôle. Certains savent utiliser les réseaux sociaux pour ça, pas moi. Aller en Haïti très jeune et voir comment ils ont si durement été frappés, ça marque. Et si on est en bonne santé, il faut aller aider. Je déteste les réseaux sociaux même si je sais que ça fait aussi partie du job. Mais je ne crois pas au hashtag #MeToo pour changer les choses. Il y a d'autres façons de faire… J'ai été accusée de racisme ou de telle autre chose sous prétexte que je n'ai pas assisté à telle ou telle marche. Vraiment ? Dois-je promouvoir le fait d'avoir assisté à une marche ? De ne pas être raciste ?