VILLA CAPRICE : Patrick Bruel et Niels Arestrup au cœur du scandale

En salles le 2 juin, "Villa Caprice" de Bernard Stora emprunte les codes du thriller pour nous plonger dans les affres du pouvoir et de ses rapports de force. Le face-à-face Patrick Bruel et Niels Arestrup, tendu et prenant, tient toutes ses promesses.

VILLA CAPRICE : Patrick Bruel et Niels Arestrup au cœur du scandale
© Bac Films

Villa Caprice : un récit aux contours actuels

Aux prémices de l'intrigue, les chaînes d'infos tournent en boucle sur la même actualité, à l'image de celles qui font régulièrement la une de nos médias grâce au parfum de scandale qu'elles dégagent. C'est ainsi que s'ouvre le nouveau long-métrage de Bernard Stora, sur une espèce de musique familière, de déjà-vu dont les ingrédients nous sont cathodiquement familiers.

Tout commence par une perquisition, laquelle a lieu dans une imposante demeure juchée sur la Côte d'Azur, au bord d'une Méditerranée resplendissante: la Villa Caprice… Celle-là même qui a donné son titre à l'œuvre en question. C'est d'elle que vont partir les ondes de choc. Elle est l'épicentre d'un morcellement global. Son propriétaire Gilles Fontaine (Patrick Bruel), accessoirement l'un des patrons les plus puissants (et arrogants) de France, est en effet soupçonné de l'avoir acquise douteusement, avec le concours d'un couple politique et influent, moyennant un gros chèque en direction d'un paradis fiscal. Acculé, mais loin d'être battu -ce n'est pas le genre de la maison-, l'intéressé s'adjuge derechef les services d'un avocat dont le nom fait trembler les fondations de la justice hexagonale: Luc Germon (Niels Arestrup).

Les deux hommes se lancent dès lors dans un combat où la coopération et le trouble vont oser une danse délétère.  

Une variation de Bernard Stora sur les rapports de pouvoir

Si tout paraît ici réaliste, c'est que le projet est bel et bien né de l'observation du réel.

C'est Pascale Robert-Diard, chroniqueuse judiciaire au Monde, qui a soufflé à Bernard Stora l'idée de Villa Caprice suite au suicide, en 2013, de l'avocat parisien de renom Olivier Metzner. Pourquoi ? Comment ? La mort de ce dernier a soulevé de grandes interrogations. Il paraissait impensable qu'un homme aussi installé, connu et prospère s'en aille de cette manière. Pour autant, Stora a judicieusement choisi de prendre ses distances avec l'histoire concernée pour s'intéresser à deux personnages aussi fictifs que… parlants.

De l'opulence d'une demeure de Crésus aux bureaux lustrés des avocats, du jet privé top of the range à la berline rutilante, ce thriller politique joue à la sonde pour s'engouffrer là où le commun des mortels n'est pas convié : dans ce territoire reptilien ou les puissants se serrent la main tout en sortant le poignard une fois que l'interlocuteur regarde ailleurs.

Cette peinture d'un monde de manipulations, de mensonges, de ce microcosme où chacun pense avoir l'ascendant sur l'autre, où chacun tire sur les ficelles de ses marionnettes, s'avère implacable. Surtout quand elle raconte le fourvoiement de ceux qui, par leur arrogance patentée, ne voient pas toujours venir le précipice.  

"Villa Caprice // VF"

Patrick Bruel et Niels Arestrup, deux acteurs en osmose

S'il est bien une évidence dans Villa Caprice, c'est la foi totale que Bernard Stora accorde à ses interprètes principaux ; tous se révèlent saisissants et plus vrais que nature dès leur apparition à l'écran.

Il suffit en effet de voir Patrick Bruel décocher ses directives depuis son avion privé pour croire d'emblée à cet ogre du Cac-40, aussi fascinant que détestable. Que dire de Niels Arestrup, impérial en avocat impayable, au cuir dur, dont la réputation s'apparente à une pieuvre à mille tentacules.

Le premier, qui rêvait de tourner avec le second -c'est aussi une des raisons pour lesquelles il a rallié le navire-, se fond dans ce costume de manitou du business avec une aisance déconcertante.

Le second, qui a été le premier et seul choix de Stora, excelle dans le grand écart qui a fait sa marque de fabrique : le mélange de brutalité et de fragilité.

Jouant à fond la carte de l'ambiguïté, le cinéaste les dirige avec précision et les ancre dans des décors mis en valeur par un filmage proche du cinémascope.

Il s'appuie par ailleurs sur un scénario aux dialogues incisifs dont on se souvient a posteriori. "En France, on n'aime pas les riches", "On vous paye pas ok, on vous achète !"… Autant de flèches éjectées avec panache et traduisant la violence d'un mécanisme aux dents d'acier.