L'ETREINTE : Emmanuelle Béart transcende ce beau portrait de femme

En DVD le 25 août et désormais disponible en VOD et EST, "L'Etreinte" marque les premiers pas ultra prometteurs du cinéaste Ludovic Bergery. De manière organique et inspirée, il y met en scène Emmanuelle Béart sous les traits d'une femme qui tente de se reconnecter à la vie et à l'amour. Une réussite éclatante.

L'ETREINTE : Emmanuelle Béart transcende ce beau portrait de femme
© Pyramide Distribution

Un récit au timing parfait

L'EtreinteDepuis le début de cette pandémie, c'est sûrement ce qui nous a le plus manqué. Sentir des bras chaleureux qui enserrent, réchauffent, revitalisent, pour oublier le poids de la solitude, du doute, de la peur de l'après…  

Retourner en salles pour découvrir un film avec un titre pareil revêt un caractère hautement symbolique ; le plaisir de reconstruire notre plénitude existentielle rejoint d'une certaine manière la trajectoire d'une héroïne qui doit, elle aussi, réapprendre à vivre le monde.

A son image, nous aspirons à une renaissance, à une envie d'en découdre, à une volonté de propulsion vers l'avant. C'est en cela que Margaux, qui habite tous les plans du premier long-métrage de Ludovic Bergery, est immédiatement tangible, ancrée et émouvante.

Mariée depuis l'âge de 20 ans à un homme plus âgé, elle se retrouve soudain veuve, debout face à une montagne de nouveaux possibles à escalader. Elle s'inscrit en fac de littérature. Dans des salles de cours pleines à craquer -et sans masque, ça fait du bien-, elle entend virevolter les noms d'auteurs allemands, s'entoure d'une bande de jeunots qui la traîne en soirée, s'amourache d'un prof ; devenant un électron libre qui guette l'énergie dans la friction, dans le hasard des rencontres, dans l'amour ; et ce, pour casser le solipsisme et ressentir les autres et l'espace.

L'abandon d'Emmanuelle Béart  

C'est sublime une actrice qui s'abandonne, qui s'oublie, et dont le désir vital d'endosser un rôle devient phosphorescent pour celles et ceux qui l'admirent. Dans la peau de Margaux, Emmanuelle Béart trouve l'un de ses plus beaux rôles récents. Son visage et son corps sont envisagés par le réalisateur Ludovic Bergery comme un relief de cinéma, une terre à ausculter.

L'intéressée s'est, de toute évidence, laissé envahir par le personnage ; cela crève les yeux autant qu'elle crève l'écran, parfaite en figure cheminante, souvent captée en gros plans, se mouvant dans les encoignures et les chicanes pour trouver sa route, son horizon, pour rattraper un temps perdu, revivre tardivement, mais revivre.

Et si Margaux est si saisissante, c'est sûrement par la force qu'elle dégage, par son obstination à ne jamais faire de son sort ou du regard qu'on pose sur elle des freins. Elle est une femme d'action, qui ose la frontalité sans raser les murs. Chaque seconde compte ; il s'agit de ne surtout pas hésiter, et tant pis si elle se vautre ou que les amours charnelles d'aujourd'hui, mécaniques et désincarnées, restent incompréhensibles à ses yeux.

Qu'elle les rencontre sur appli ou de visu, cette héroïne, à la candeur puissante, rabat sur elle-même, et de tout son être, ses pulsions de vie. Comme pour se shooter au réel.

Emmanuelle Béart et Vincent Dedienne dans "L'Etreinte". © Pyramide Distribution

Une mise en scène organique       

En tournant ce premier long-métrage, Luc Bergery avait à cœur de retrouver la patine des films de John Cassavetes et Gena Rowlands (Gloria, Une femme sous influence, Opening night…) ou d'Alice n'est plus ici de Martin Scorsese. Et pour épouser ce grain, il a tourné en pellicule en faisant peu de prises, ce qui favorise la spontanéité de sa réalisation et de sa direction d'acteurs.

Au lieu de matérialiser de manière caricaturale l'urgence de vivre, désormais servie à toutes les sauces (pourvu que la caméra gesticule avec des velléités naturalistes), il capte plutôt, avec une grâce brute, tous ces essentiels nichés dans l'anodin, dans la respiration, dans le regard.

Son approche organique confère à son récit et à ses images une sensualité de tous les instants. En effet, il ne se détache jamais de son héroïne, comme si la caméra était greffée dans sa chair de sorte que le spectateur ressente chacune de ses impulsions, chacun de ses frémissements, chacun de ses éveils. Ce mode opératoire permet aussi de rester en apnée dans ce tourbillon de rencontres proposées.

L'Etreinte n'obéit pas à un scénario classique, à une histoire balisée. C'est, au contraire, une œuvre de sensations, où les hasards de collisions dictent les actions. In fine, c'est bel et bien à une ronde de vie que nous convie un cinéaste dont on a hâte de voir le prochain pas.   

© L'ETREINTE - DVD

Découvrez L'Etreinte, de Ludovic Bergery, en DVD le 25 août et désormais disponible en VOD et EST
Bonus : L'ACCARA ROUGE, court-métrage - 18 min, 2003 et Entretien avec Emmanuelle Béart et Ludovic Bergery - 11 min 
Prix de vente conseillé du DVD : 19,99 € TTC