ROCKS ou les belles influences de Sarah Gavron

En salles le 9 septembre, "Rocks", le troisième long-métrage de la cinéaste britannique Sarah Gavron, relate la destinée d'une ado de 15 ans qui réorganise sa vie et celle de son petit frère après le départ de leur mère. Un portrait sensible et touchant, aux inspirations plurielles. Le Journal des Femmes les décrypte.

ROCKS ou les belles influences de Sarah Gavron
© Haut et Court

Rocks, l'héroïne de la nouvelle réalisation de Sarah Gavron, a 15 ans. Face à une mère démissionnaire, qui dépeuple brusquement son horizon et celui de son petit frère, elle n'a d'autre choix que celui de chercher à se bâtir un avenir viable. Pour elle, mais surtout pour cet adorable frangin, qu'elle ne saurait déraciner trop vite de sa précieuse enfance. C'est avec un groupe d'amies, d'origines cosmopolites –à l'image du melting-pot qui fait la richesse du quartier londonien de Hackney–, qu'elle va apprendre à tenir la barre et voguer dans le vent.

Rocks fait ainsi la part belle à la sororité, au pouvoir du groupe et à sa façon de modeler l'individuel et le collectif. Il n'est donc pas étonnant que la cinéaste britannique ait demandé à ses actrices de découvrir des œuvres telles que Mustang de Deniz Gamze Ergüven, Bande de filles de Céline Sciamma ou Divines de Houda Benyamina pour qu'elles s'imprègnent de ces amitiés, de ces liens forts qui unissent des héroïnes confrontées aux vicissitudes de la vie.

Des choix cohérents, et des inspirations aussi, puisque les longs-métrages susnommés traitent de l'effet du groupe et constituent des représentants très qualitatifs d'un genre spécifique : le coming-of-age movie (ou quand est dépeint le parcours psychologique qui mène de l'adolescence à l'âge adulte).   

Le cinéma social à l'anglaise

On ne va pas vous l'apprendre : depuis des décennies, il existe en Angleterre une véritable tradition du cinéma social dont le doublement palmé Ken Loach (Le Vent se lève et Moi, Daniel Blake), Mike Leigh ou Stephen Frears sont les étendards mondialement adoubés. Des cinéastes engagés qui, dès le début des années 1970, ont empoigné leurs caméras pour s'opposer au système et notamment au thatchérisme.

Bukky Bakray et la bande de "Rocks". © Haut et Court

La génération de Sarah Gavron, 50 ans, a ainsi baigné dans cette mouvance artistique ; on peut citer par exemple Shane Meadows (et son formidable This is England), Andrea Arnold (Fish Tank) ou Stephen Daldry (Billy Elliot). Un cinéma qui, avec le sens du détail et une criante ambition de véracité, a eu (et a toujours) pour vocation de capter le réel, l'essence des personnages, à la manière des frères Jean-Pierre et Luc Dardenne en Belgique ou d'Abdellatif Kechiche en France.

Rocks s'inscrit clairement dans cette lignée réaliste, naturaliste, avec son casting sauvage –auquel se sont ajoutés des mois d'ateliers de travail pour préciser le choix des actrices, qui ont nourri de leurs expériences le récit–, sa mise en scène humaniste ou ses décors réels témoignant de l'ici et du maintenant. Une aventure à découvrir et à vivre en salles, le 9 septembre.

"Rocks // VOST"