LA NUIT VENUE, ÉTÉ 85, EXIT : nos coups de cœur ciné du 15 juillet

Sillonnez Paris la nuit. Prenez un bain de soleil et d'embruns. Poussez la chansonnette. Retombez en enfance. Ou enfermez-vous dans l'horreur. "La Nuit Venue", "Été 85", "La Voix du Succès", "Mon Ninja et Moi" et "Exit" sont nos conseils ciné de la semaine.

LA NUIT VENUE, ÉTÉ 85, EXIT : nos coups de cœur ciné du 15 juillet
© Diaphana Distribution

La Nuit Venue de Frédéric Farrucci

Remarqué l'an dernier au Festival de Saint-Jean-de-Luz, La Nuit Venue est la première réalisation de Frédéric Farrucci. Dans ce projet fascinant, qu'il a mis sept ans à concrétiser, il emprunte remarquablement les codes du polar, lesquels lui permettent de mieux explorer la rencontre entre deux oiseaux de nuit.
D'un côté : Jin (magnétique Guang Huo recruté lors d'un casting sauvage), jeune immigré sans papiers, taciturne, qui conduit chaque nuit un VTC pour le compte de la mafia chinoise. De l'autre : Noémie (Camelia Jordana), une call-girl sans famille ni amis qui glisse entre les néons comme une ombre errante. Quand la première entre dans le véhicule du second, les langues se délient graduellement et ces deux ultra solitudes, pareilles à deux flammèches, convergent pour brûler les ténèbres et suspendre les nuits interlopes de Paris.
Entêtant et intriguant, ce drame -nimbé par la magnifique composition musicale de Rone- s'affranchit de ses références et célèbre l'amour salvateur dans les veines du cinéma noir.

Avec Guang Huo, Camélia Jordana, Xun Liang (1h35)

Été 85 de François Ozon

C'est le film qu'il aurait adoré voir ado, en 1985. Il a toutefois fallu attendre des années pour que François Ozon, inspiré par le roman La Danse du Coucou d'Aidan Chambers, transforme ce souhait d'adolescence.
Après dix-huit long-métrages, parcourant une pléthore de genres et d'époques, le voilà qui embrasse fougueusement l'été 85 en se racontant en filigrane de son héros. Alexis (Félix Lefebvre), 16 ans, est sauvé en pleine mer un jour de tempête par David (Benjamin Voisin), figure du meilleur ami providentiel dont il rêvait. Très vite, dans le sublime écrin des côtes normandes, une foudroyante et tragique passion amoureuse l'enflamme et le dévore. Pour lui, c'est le moment de vivre, de toucher, de goûter, d'apprendre et de poser des mots sur cet amour dans un exercice de sublimation qui l'aidera peut-être à trouver le cap de sa vie.
Filmée en Super 16, cette lumineuse réalisation, qui prend les atours d'un paradis perdu au sortir du confinement, souffle un véritable vent de nostalgie. Tendre et magnifique, un été inoubliable.   

Avec Félix Lefebvre, Benjamin Voisin, Valeria Bruni-Tedeschi (1h40)

La Voix du Succès de Nisha Ganatra

Après le très probant Late Night (2019), qui réunissait le duo Emma Thompson et Mindy Kaling et dans lequel elle investissait le milieu télévisuel, la réalisatrice Nisha Ganatra s'intéresse cette fois, avec réussite et pétillement, à l'industrie de la musique.
La Voix du Succès, inspiré par l'expérience de sa scénariste Flora Gleeson, nous dresse l'attachant portrait de Maggie (Dakota Johnson), l'assistante personnelle d'une superstar de la musique, à l'égo gargantuesque, qu'interprète formidablement Tracee Ellis Ross (la fille de Diana Ross). Epuisée par les tâches ingrates qu'elle enquille quotidiennement, la jeune femme espère secrètement épouser cette carrière de productrice musicale à laquelle elle se sait destinée. Et si elle y parvenait ?
Avec son point de vue 100% féminin, ce feel-good movie raconte avec panache et sensibilité le parcours de deux héroïnes fortes qui, ensemble, pourront peut-être connaître des triomphes intimes. Et voir leurs vies totalement changées.      

Avec Dakota Johnson, Tracee Ellis Ross, Kelvin Harrison Jr. (1h54)

Exit de Rasmus Kloster Bro

Mettez Rec, The Descent, Buried et la série Chernobyl dans un shaker, et vous obtiendrez Exit, un excellent survival savamment concocté par le metteur en scène danois Rasmus Kloster Bro. Ce qui saisit immédiatement dans cette entreprise filmique, c'est son refus total et constant de toute forme de facilité.
Aucun effet tape-à-l'œil n'est à signaler au fil d'une histoire où beaucoup auraient pourtant sombré dans la surenchère. Le pitch ? Rie, une journaliste, visite le chantier du métro de Copenhague.
Dans les profondeurs, un accident se produit et cette dernière se retrouve coincée dans un sas de décompression aux côtés de Bharan et Ivo, deux ouvriers avec lesquels elle devra traverser l'horreur absolue en temps quasi réel. Tout du long, on est frappés par l'extrême réalisme enveloppant un projet qu'on pourrait presque, dans ses prémices, assimiler à un documentaire. Saisi et épuisé, le spectateur ne pourra en tout cas que vibrer face à une suffocation dans l'os, qui fait mal et tâche.  

Avec Christine Sønderris, Samson Semere Russom, Kresimir Mikic (1h24)

Mon Ninja et Moi de Anders Matthesen et Thorbjørn Christoffersen

Au Danemark, c'est bien plus qu'un succès : c'est un véritable phénomène de société. Le film d'animation Mon Ninja et Moi d'Anders Matthesen et Thorbjørn Christoffersen y a réuni 950 000 spectateurs dans les salles de cinéma, soit l'équivalent d'un habitant sur cinq.
Surfant sur de nombreuses thématiques sociétales, dont le harcèlement scolaire, cette œuvre enlevée nous emmène à la découverte d'Alex, un élève en classe de 5ème issu d'une famille recomposée. Pour son anniversaire, il reçoit de la part de son oncle une poupée Ninja provenant de Thaïlande. Très vite, le cadeau prend vie, enclenchant des aventures en cascade. Alex et le ninja font en effet un pacte : le premier aidera le second à mener à bien une mystérieuse mission et le second assistera le premier pour faire de lui un être courageux, à l'épreuve des médisances et des méchancetés à l'école.
Une alliance pleine de charme, alimentée par un humour insolent et détonnant, qui séduira les parents et les enfants.     

Avec les voix de Aloïs Agaësse-Mahieu, Stéphane Ronchewski, Adeline Chetail (1h21)