ETE 85, la saison du succès pour le prometteur Félix Lefebvre

Il est la tête d'affiche de "Été 85", le magnifique nouveau film de François Ozon, en salle le 14 juillet. A 20 ans, Félix Lefebvre s'y démarque en ado exalté qui se débat avec fougue contre les vagues de l'amour. Portrait d'une jeune pousse appelée à grimper haut.

ETE 85, la saison du succès pour le prometteur Félix Lefebvre
© Diaphana Distribution

"On rêve tous de vivre dans un film de François Ozon." Félix Lefebvre, 20 ans, ponctue son aveu d'un sourire aussi solaire que l'astre qui illumine Eté 85, le nouveau film dudit cinéaste. Dans cette œuvre labellisée Cannes 2020, le prometteur talent en herbe tient le rôle principal. Une ascension surprise et fulgurante à laquelle, derrière sa mèche blonde et son ton camarade, il n'était pas tout à fait préparé. "On ne s'attend pas à ces choses-là. C'est comme quand on tombe amoureux." Et d'amour, il en est justement question dans cette magnifique réalisation.
Son personnage, c'est Alexis, 16 ans, sauvé héroïquement en pleine mer par David (Benjamin Voisin), figure providentielle de l'ami rêvé. Lequel, bientôt, se mue en bourreau de son cœur. "J'ai été touché par son innocence, sa naïveté et, surtout, par sa façon d'apprendre de ses expériences en les transformant en choses belles et artistiques", confie-t-il, avant d'ajouter le plaisir qu'il a eu à partager l'affiche avec Benjamin Voisin, louant une "alchimie immédiate".

Flash-back

Né le 19 novembre 1999 à Saint Maurice, dans le Val-de-Marne, Félix Lefebvre est le fils d'un guitariste-peintre et d'une maman qui travaille dans l'industrie pharmaceutique. "Elle a beaucoup bossé pendant le confinement. Elle gère des équipes qui cherchent des médicaments. Du coup, j'avais une vision interne avec quelques infos en avance", concède-t-il, souriant. Entouré d'un grand-frère, de deux ans son aîné, et de parents aimants, il dit avoir trouvé un équilibre entre la fibre artistique paternelle et la fibre scientifique maternelle. Pourtant, dès l'école, c'est vers le théâtre qu'il va s'orienter. Elève bavard –mais sauvé par de bonnes notes–, il gravit les planches dès la classe de CP : "Je jouais un docteur et j'ai fait tripper tout le monde en faisant tomber accidentellement mon stéthoscope." Ce souvenir provoque un rire nostalgique.

Félix Lefebvre et Benjamin Voisin dans "Été 85". © Diaphana Distribution

Le coup de foudre pour le cinéma opérera un peu plus tard, alors qu'il dépanne des amis pour l'élaboration d'un court-métrage homemade. "J'y ai découvert un vrai esprit de groupe et j'ai adoré jouer devant cette caméra qui m'accompagnait et qui voyait au fond de moi mieux que n'importe qui." Le résultat n'est jamais sorti –ce qui semble soulager l'intéressé– mais il a clairement conforté les velléités cinématographiques de ce fan d'Al Pacino, Peter Sellers, Daniel Day-Lewis, Jim Carrey… "et des deux bêtes du septième art que sont Marlon Brando et Gérard Depardieu." Le bac S en poche, spécialité maths, il rallie le Conservatoire du 8ème arrondissement parisien avant de s'inscrire au Cours Florent, en classe libre, où il perfectionne son jeu depuis un an. "J'aime m'inventer des vies ou vivre les histoires des autres."     

Ozon, le Graal

Passé par quelques séries télévisées (Le Chalet, Paris Etc, Infidèle…), et après un petit rôle dans l'excellent L'Heure de la Sortie de Sébastien Marnier en 2017, Félix Lefebvre a donc vu sa persévérance récompensée avec Eté 85. "En passant le casting, je ne savais pas que c'était un premier rôle. J'avais vu quelques films de François sans l'idéaliser." C'est en étant rappelé le lendemain et en discutant avec Ozon que le jeune homme réalise, "avec excitation et angoisse", le défi qui l'attend. "J'adore son cinéma si instinctif, simple, jamais prétentieux et totalement universel ; c'est pour ça qu'il a un public aussi populaire que cinéphile", affirme-t-il avec élan, saluant au passage la beauté de ses personnages, qui vivent le bonheur comme la tristesse à 100%, quitte à toujours brûler la chandelle par les deux bouts.

"La vie existe pour qu'on vive des premières fois", s'enthousiasme-t-il. Et, de son propre aveu, l'été est le meilleur moment pour ça, "le temps de l'amour, des rencontres… un peu comme chez Rohmer." Ses étés, Félix Lefebvre les a souvent passés en Normandie mais aussi à l'étranger. Dès l'âge de 11 ans, via l'association CISV, il a en effet partagé les douceurs de cette saison avec des enfants d'horizons différents entre les Etats-Unis, le Brésil ou l'Espagne. Ce qui en a fait un citoyen vivant, alerte et conscient des richesses et de la fragilité du monde… et de son métier. "Je vis ça au jour le jour et je ne me dis pas que je serai encore comédien dans 10 ans." Nous, on l'espère.  

"Été 85 - BA"