JUDY, LARA JENKINS, DARK WATERS : nos coups de coeur ciné du 26 février

Découvrez la vie tourmentée de Judy Garland. Vibrez au son du piano et des drames d'une mère autoritaire . Tremblez devant les méfaits des industries chimiques polluantes. Sursautez face à l'homme invisible. "Judy", "Lara Jenkins", "Dark Waters" et "Invisible Man" sont nos conseils ciné de la semaine.

JUDY, LARA JENKINS, DARK WATERS : nos coups de coeur ciné du 26 février
© Pathé

Judy de Rupert Goold

Révélée mondialement grâce au rôle mythique de Dorothy dans Le Magicien d'Oz, Judy Garland est devenue, pour des générations, une véritable icône de la pop culture. Une légende du cinéma qui méritait bien que son art se penche sur son destin tragique, fait d'ombres et de lumière. Mis en scène par Rupert Goold, connu pour ses directions artistiques théâtrales, le biopic Judy revient ainsi sur sa destinée folle et sur la façon dont l'industrie hollywoodienne, par le pouvoir de ses studios –en l'occurrence MGM ici–, l'a broyée et lui a ôté ses lumières. Si elle est notamment célébrée pour sa chanson Over the Rainbow, le ciel de sa vie n'a pas toujours été parcouru d'arcs-en-ciel. Loin de l'exercice hagiographique, ce drame à la mise en scène efficace et élégante nous plonge en effet dans les affres et les plaies d'une femme à bout de souffle qui, en fin de carrière, enchaînait les concerts entre la joie de retrouver son public et la lassitude d'une existence dédiée à l'entertainment. Au point de s'être totalement oubliée en cours de route. Bouleversant, comme son interprète oscarisée : l'incroyable Renée Zellweger.

Avec Renée Zellweger, Jessie Buckley, Finn Wittrock (1h58)

"Judy // VF"

LARA JENKINS de Jan-Ole Gerster

© KMBO

Lara Jenkins nous emmène 24h dans la vie d'une femme, dans la vie d'une mère... qui est passée à côté de la sienne... Ce n'est pas JUDY, pas un biopic à paillettes : et pourtant... Derrière l'esthétique austère, la réalisation sans concession, une héroïne tragique, une artiste contrariée, concertiste ratée, qui, tiraillée entre excès d'ambition et peur de l'échec s'est construite une armure d'hyper-exigence, de mépris, de franchise désarmante, de méchanceté... une carapace de solitude au détriment de toutes relations humaines. 
Lara (Corinna Harfouch) est parfaite en sexagénaire glaciale, cinglante et destructrice, suspecte jusque dans sa consommation d'alcool et de cigarettes...
Jan-Ole Gerster met en scène de jolis moments de musique. Virtuose des silences aussi, ce cinéaste allemand réussit la prouesse de nous rendre attachante cette ex-fonctionnaire de mairie, retraitée suicidaire, génitrice tyrannique qui n'a connu d'émotion que par procuration à travers son pianiste de fils (Tom Schilling, génial et grave).
Lara Jenkins a manqué son destin, mais cette oeuvre du 7e Art, oscillant entre drame et comédie noire, fait vibrer la corde sensible. Une partition réalisée avec maestria qui rend ardent le désir de profiter de ses passions... Justine Boivin

Avec Corinna Harfouch, Tom Schilling, André Jung (1h38)

"Lara Jenkins // VOST"

Dark Waters de Todd Haynes

Ce n'est peut-être pas un film d'horreur mais on en ressort tétanisés, une frousse blanche nous broyant les intestins. Avec Dark Waters, le cinéaste américain Todd Haynes épingle les dérives gravissimes des entreprises chimiques polluantes et nous livre un film choc, aux antipodes de ses sublimes et sirkiens Loin du Paradis et Carol. Ici, il s'intéresse plus précisément au combat acharné, sur plus d'une décennie, d'un avocat –incarné par un Mark Ruffalo sobre et investi– face à DuPont, un géant de la chimie soupçonné de contaminer le bétail et les habitants de Parkersburg, en Virginie-Occidentale. A mesure que l'intrigue –construite à la manière des grands films de dénonciation des années 70– se déploie, les proportions du désastre glacent le sang. L'idée est de montrer comment une contamination régionale et nationale de l'air et de l'eau s'est muée en une contamination mondiale du système sanguin à cause des effets nocifs du PFOA, une colle industrielle utilisée pour faire tenir le Teflon sur les pôeles. Un cri d'alarme d'utilité publique !  

Avec Mark Ruffalo, Anne Hathaway, Tim Robbins (2h07)

"Dark Waters // VF"

Invisible Man de Leigh Whannell

C'est un personnage mythique de l'Histoire du cinéma. Sorti de l'imaginaire de l'écrivain H. G. Wells, L'Homme Invisible a en effet connu d'innombrables adaptations ciné. Sa version 2020, moderne et très soignée esthétiquement, est portée par le regard expert de Leigh Whannel, connu notamment pour avoir cosigné le scénario de Saw. Autant dire qu'en matière de terreur, il en connait un rayon. Mais attention de croire qu'Invisible Man est un énième gadget horrifique comme Hollywood en produit à la pelle. Oh non. Dès son intense segment d'ouverture, un climat de thriller est installé, soutenu par le charisme immédiat d'Elisabeth Moss, qui incarne l'héroïne. En l'occurrence, une femme maltraitée par son mari, un scientifique aussi riche que violent, qui décide de prendre la fuite. Plus tard, elle apprend que ce dernier s'est suicidé en lui léguant un pactole et, dans le même temps, une étrange présence invisible lui assombrit le quotidien. Bien que longuet, le résultat marque les esprits pas sa portée féministe. Ici, le monstre mythique devient la métaphore de la violence faite aux femmes. Prenant.

Avec Elisabeth Moss, Oliver Jackson-Cohen, Harriet Dyer (2h05)

"Invisible Man // VF"