TOUT PEUT CHANGER : comment fonctionne le test de Bechdel ?

En salles le 19 février, le documentaire "Tout peut changer, et si les femmes comptaient à Hollywood ?" de Tom Donahue nous interroge sur le sexisme et le manque de représentativité des femmes au sein de l'industrie cinématographique américaine. L'occasion de nous pencher sur le fameux test de Bechdel qui met à l'épreuve les films et les cinéastes sur la question.

TOUT PEUT CHANGER : comment fonctionne le test de Bechdel ?
© Alba Films

Natalie Portman, Reese Witherspoon, Sandra Oh, Jessica Chastain ou encore Chloë Grace Moretz… Et on en passe ! Dans l'édifiant documentaire Tout peut changer, et si les femmes comptaient à Hollywood ?, on ne compte pas les actrices, réalisatrices ou productrices s'exprimant sur le sexisme qui a toujours régné en maître dans tous les couloirs et encoignures du cinéma américain. Un système bien huilé qui, non content de reléguer  (très souvent) la femme au second plan, l'a éconduite des rôles forts au détriment des hommes. Geena Davis l'a compris il y a quelques années devant les dessins animés, saisie de voir que, dès notre plus jeune âge, nous sommes soumis à des images favorisant la gent masculine. Ce constat l'a d'ailleurs poussée à lancer le Geena Davis Institute Of Gender in Media, l'unique organisme de recherche du secteur médias et divertissement luttant contre les inégalités hommes/femmes et les stéréotypes sexistes sur la base de chiffres imparables.

En rang pour le test !

Depuis l'explosion du scandale Weinstein, qui a contribué à libérer la parole et à lancer les mouvements #MeToo et Time's up, la prise de conscience sur ces questions est grandissante. Hollywood semble en effet avoir compris que quelque chose ne tournait pas rond dans ses rouages d'antan. D'un coup, la voix des femmes a commencé à se faire entendre et les productions de prendre graduellement en considération la question de leur représentativité à l'écran. D'ailleurs, il existe désormais un outil –certes imparfait– qui permet de déterminer si un long-métrage est féministe ou, au contraire, sexiste : le test de Bechdel. Cette appellation provient de l'esprit de la dessinatrice Alison Bechdel. Et plus précisément d'une intitulée La Règle, parue en 1985 dans sa BD Gouines à suivre 2. Deux personnages, incluant l'intéressée, discutent de la question de la représentativité, à l'instar, des années avant, de Virginia Woolf qui soulevait déjà cette question au rayon littéraire dans Une Chambre à Soi

Le test de Bechdel doit être davantage considéré comme un indicateur et non comme une mesure définitive. Il n'empêche que son emploi révèle de saisissants résultats. De quoi s'agit-il précisément ? Chaque film qui y est soumis est scruté par le prisme de trois critères : au moins deux femmes doivent y être nommées (nom et prénom), parler ensemble et parler de quelque chose qui est sans rapport avec un homme. Gravity, qui est pourtant un film mené par une héroïne badass (incarnée par Sandra Bullock), reçoit par exemple un avis défavorable alors qu'il n'est en rien sexiste. De même, un film peut échouer sans véhiculer une image négative de la femme ou l'invisibiliser. D'où les fameux limites dudit procédé. Il n'empêche que son usage fait florès. Le site web bechdeltest.com recense de très nombreux films pour voir qui sont les bons et les mauvais élèves. En 2019, si Aladdin, La Reine des Neiges 2, Midsommar ou Terminator Dark Fate, passent le test haut la main, on ne peut pas en dire autant de The Irishman, Gemini Man, Le Mans 66 ou le film d'animation Klaus. Comme de 40% des productions actuelles. La route est longue mais le ratio s'amenuise. 

"Une mère incroyable // VOST"