SWALLOW : 3 bonnes raisons de dévorer cette pépite de cinéma

C'est un des films chocs de ce début d'année. Avec "Swallow", première réalisation inspirée, Carlo Mirabella-Davis dresse le portrait d'une desperate housewive qui avale des objets, au péril de sa vie, pour tromper le spleen. Le Journal des Femmes vous dit pourquoi il faut y aller !

SWALLOW : 3 bonnes raisons de dévorer cette pépite de cinéma
© UFO Distribution

Aux origines, une histoire intime 

Pour un premier long-métrage, c'est une réussite totale. Salué par le Prix spécial du 45ème anniversaire du Festival de Deauville en septembre dernier, passé par la case Tribeca, Swallow marque, sans l'ombre d'un doute, les premiers pas glorieux d'un cinéaste à suivre : Carlo Mirabella-Davis. Le scénario de ce brillant opus lui a été inspiré par sa grand-mère qui, dans les années 50, a développé des troubles obsessionnels compulsifs ; elle nettoyait sans arrêt sa maison et se lavait les mains à longueur de journée. Elle fut internée et, d'injections en électrochocs, son état se dégrada. Mirabella-Davis s'est ainsi basé sur cette punition faite à une femme qui ne répondait pas aux attentes sociales pour créer le personnage de Hunter, jeune épouse emprisonnée dans un mariage surfait et peu épanouissant. Pour tromper son mal-être, cette dernière, victime d'un trouble compulsif du comportement alimentaire, va se mettre à avaler des objets. Pour aller mieux. Tout en allant mal.   

Exploration de la maladie de Pica

En scannant le corps et en épousant l'inconfort, Carlo Mirabella-Davis marche ici sur les pas de David Cronenberg et de ces cinéastes qui savent traduire le malaise en jouant sur la force graphique ou suggestive des images. Et, soyez-en certains, la référence n'est aucunement galvaudée. Hunter, harnachée à une existence morose où elle se voit assignée à un rôle de potiche, de femme-objet forcée de répondre aux doléances d'une belle-famille control-freak, trouve une forme de panacée dans l'ingestion de billes, de punaises et autres objets contondants. Elle y puise aussi un retour à l'enfance, à quelque chose d'amniotique puisque, la maladie de Pica est très commune chez les gamins, souvent enclins à avaler du sable ou des petits objets. En se basant notamment sur le savoir de la psycho-clinicienne Dr Rachel Bryant-Waugh, une sommité en la matière, le cinéaste traduit brillamment dans cet exercice filmique par ce mélange de douleur et de libération, d'animisme et de brutalité, qui habite son héroïne. 

Une actrice fabuleuse

De tous les plans, magnifiée par une mise en scène au cordeau, où chaque plan est parfaitement structuré (et éclairé par la lumière de Katelin Arizmendi), Haley Bennett triomphe sous les traits de cette Desperate Housewife au bout du rouleau, dont le mal dévorant et libérateur qui l'enserre infuse jusqu'à contaminer le spectateur. A 31 ans, cette native de Floride, aperçue dans des oeuvres aussi diversifiée que Le Come-Back, Equalizer, Hardcore Henry, La Fille du train ou Les Sept Mercenaires, trouve à cet effet le plus beau rôle d'une carrière qui devrait désormais exploser. Sa mine diaphane, sa représentation de l'aboulie, de la dépression, et son jeu épurée, sur le fil du rasoir, composent une sorte de danse avec la réalisation tenue de Mirabella-Davis. Ensemble, ils livrent un ballet clinique, organique et parfois sanglant qui marque durablement les esprits. Gageons que le mot "révélation" trouve, dans ce contexte artistique, son sens le plus noble.