Comme LA VERITE, 3 films à voir de Hirokazu Kore-eda

Un peu plus d'un an après avoir remporté la Palme d'or pour "Une Affaire de Famille", le Japonais Hirokazu Kore-eda nous revient en forme avec "La Vérité", en salles le 25 décembre. Cette oeuvre, tournée en français, ausculte les rapports familiaux. L'occasion de replonger dans trois de ses oeuvres emblématiques.

Comme LA VERITE, 3 films à voir de Hirokazu Kore-eda
© Le Pacte

A 57 ans, le réalisateur japonais Hirokazu Kore-eda est devenu une figure incontournable et majeure du cinéma mondial. Lauréat en 2018 de la Palme d'Or au Festival de Cannes pour Une Affaire de Famille, qui avait mis en émoi le jury présidé par Cate Blanchett, l'intéressé a fait l'ouverture de la dernière Mostra de Venise avec La Vérité, dans lequel il a réuni pour la première fois à l'écran Catherine Deneuve et Juliette Binoche.
Fidèle à son obsession pour les thématiques familiales, il y raconte les relations houleuses et touchantes entre une mère, actrice de renommée internationale qui s'apprête à publier ses mémoires, et sa fille, une scénariste new yorkaise venue pour les vacances à Paris. Avec son regard délicat et sa sensibilité à fleur de peau, Kore-eda fait de ce drame un moment solaire et réjouissant. A cet effet, le Journal des Femmes vous invite à (re)découvrir ces trois longs-métrages du maestro nippon.  

"La vérité // VF"

NOBODY KNOWS (2003)

C'est le film qui l'a définitivement imposé à l'international, faisant de lui un cinéaste qui compte. Présenté à Cannes en 2004, où son acteur de 12 ans, Yûya Yagira, reçut le prix d'interprétation masculine, Nobody Knows est inspiré d'un fait réel ; l'histoire d'une très jeune mère qui abandonne ses cinq enfants dans un appartement.
Le scénario a d'ailleurs été écrit au moment des faits et le film tourné quinze ans plus tard. Il reprend, en substance, lesdits événements et plonge le spectateur au coeur d'un mélo déchirant dont Hirokazu Kore-eda, tel un équilibriste, élude tous les poncifs et autres passages obligés.
Avec sa grâce, pareille à celle des haïkus, il parvient à draper de poésie, de raffinement et d'une belle dose d'humour toute la rudesse et l'horreur du propos qu'il y développe. Pour cela, il a pu compter sur de jeunes comédiens géniaux qui portent aux nues ce drame, aux allures de documentaire, dont on ressort les tripes serrées et les yeux humides.    

STILL WALKING (2009)

C'est l'été à Yokohama. Une famille japonaise se réunit en hommage au frère aîné, mort noyé quinze ans auparavant. Il y a le patriarche, un brin acariâtre, ancien médecin pour qui la promenade quotidienne est une affaire quasi religieuse. La mère, toujours hantée par le spectre de son fils, qui s'agite et cuisine malgré la douleur la tenant en joug. Il y a aussi les enfants et les petits enfants.
Pour les besoins de Still Walking, Hirokazu Kore-eda filme avec une justesse clinique les retrouvailles, sur un week end, d'une smalah où chaque membre a mué avec le temps. Des scènes de déjeuner, de cuisine ou de balades bucoliques émergent une pureté et un onirisme qui n'échapperont pas à vos cornées. Tout en délicatesse, en murmures et en non-dits, les personnages s'affrontent, s'aiment ou se font des reproches. La simplicité de la mise en scène confère au tableau une force redoutable qui nous fait baller de la mélancolie à l'apaisement, du rire à la nostalgie.

TEL PERE, TEL FILS (2013)

Présenté à Cannes en 2013, Tel Père, Tel Fils est, quelque part, un concentré du cinéma de son metteur en scène avec ce mélange équilibré -et si reconnaissable- d'humour, d'émotion et de délicatesse. Et, en fil rouge, toujours, les liens du sang. C'est d'ailleurs en devenant père, en 2008, que le réalisateur s'est interrogé sur la paternité pour aboutir à la mise en chantier de cette oeuvre saluée aux quatre coins du monde.
L'histoire ? Ryoata, un architecte intensément carriériste, compose avec sa jeune épouse et leur fils de 6 ans une famille en apparence modèle. Pourtant, son quotidien dévisse quand la maternité de l'hôpital où est né leur enfant leur apprend que deux nourrissons ont été échangés à la naissance. Le garçon qu'il a élevé n'est donc pas le sien ; leur fils biologique ayant grandi dans un milieu plus modeste…
Fin observateur sociétal, l'intéressé laisse les silences raconter le doute, le monde, la famille et l'amour. Un moment touchant !