Comme LES ENVOÛTÉS, 3 films français à voir sur les fantômes

En salles le 11 décembre, "Les Envoûtés" de Pascal Bonitzer aborde, à sa singulière façon, la figure emblématique du fantôme. L'occasion pour le Journal des Femmes de replonger dans trois films hexagonaux qui, dans ce domaine, ont également su tirer leur épingle du jeu.

Comme LES ENVOÛTÉS, 3 films français à voir sur les fantômes
© SBS Distribution

Les Autres, Ghost, Sixième Sens, SOS Fantômes, Ring, la saga Conjuring et on en passe... Ailleurs, les fantômes ont toujours fait recette au cinéma. En France, ils sont plus discrets dans leurs apparitions filmiques et surtout moins tape-à-l’œil. En cause ? Une question d'approche. Pascal Bonitzer le prouve par exemple avec "Les Envoûtés", adaptation très libre d'une nouvelle d'Henry James. Il y propulse son héroïne, une journaliste pigiste (Sara Giraudeau), dans les bras d'un homme sauvage (Nicolas Duvauchelle) sur lequel elle doit écrire. Ce dernier estime en effet avoir vu le fantôme de sa mère avant que celle-ci ne livre son dernier souffle. Bonitzer se débarrasse là de l'imagerie traditionnelle associée à la figure du fantôme pour faire danser la mort, l'amour et la vie sur un tempo lancinant. Avant lui, d'autres cinéastes français ont également abordé cette thématique à leur manière. Voici trois suggestions.   

"Les envoûtés // VF"

PERSONAL SHOPPER d'Olivier Assayas (2016)

Maureen (Kristen Stewart fascinante), une jeune américaine basée à Paris, gère au quotidien la garde-robe d'une célébrité. C'est le moyen qu'elle a trouvé pour payer son séjour dans la capitale en attendant que l'esprit de son défunt frère se manifeste. Bientôt, elle reçoit d'étranges SMS… Personal Shopper d'Olivier Assayas fait partie de ces œuvres qu'il faut laisser murir et grandir dans l'esprit. C'est la meilleure manière d'en saisir les ombres, les délinéations, les mystères. Il est d'ailleurs ardu de résumer limpidement son récit, lequel se situe à la croisée des fantômes, du drame et du cauchemar. Il est baigné d'une aura spectrale qui émane elle-même de la façon de figurer l'invisible et de retranscrire le silence. Fort d'une réalisation glacée et d'une incroyable portée suggestive, cet opus atypique se faufile dans nos psychés comme un serpent, dessinant dans ses rampements une réflexion identitaire et métaphysique.

ENTER THE VOID de Gaspar Noé (2010)

Gaspar Noé pose ici sa caméra à Tokyo. Et révèle son héros, Oscar, sur sa terrasse, observant les lumières planer. Pour que sa sœur -avec qui il a fait un pacte de sang à la suite du décès accidentel de leurs parents- vienne s'installer avec lui, ce jeune homme paumé accepte de dealer. Jusqu'au jour où, sous l'emprise d'une came surpuissante, il se prend une balle dans les toilettes sordides d'une boite de nuit. Son esprit, résolu à ne pas quitter le monde des vivants, erre alors dans la ville, entre présent, passé, futur et fantasmes. Commence dès lors un trip halluciné et hallucinant, en caméra subjective. Véritable expérience sensorielle, la radicale proposition de Gaspar Noé se pare d'une certaine forme de grâce, laquelle émerge des tréfonds des ténèbres. Enter the Void se décline comme un grand film nécessitant un réel effort de concentration. Deux heures et trente minutes de beauté et d'épuisement, à courir derrière un fantôme de néons.

DANS LA FORET de Gilles Marchand (2017)

Après Qui a tué Bambi ? (2003) et L'autre monde (2010), le cinéaste Gilles Marchand embrasse une nouvelle fois le genre fantastique et ses sinuosités avec Dans la forêt. Ce long métrage casse-gueule puise sa source aux confins des bois de Suède. C'est là qu'un papa décide d'emmener ses deux petits garçons tout juste débarqués de France. L'homme (Jérémie Elkaïm), taiseux, insomniaque et aussi anxiogène que l'espèce d'entreprise chimique pour laquelle il travaille, joue ainsi la carte du dépaysement total en ralliant une cabane perdue au milieu d'un océan végétal. Autant dire qu'il fait bon se perdre entre les arbres et revisiter le mythe de la forêt vivante, ensorcelée, possédée, riche de fantômes. On pense à des classiques littéraires (bonjour Stephen King), à John Boorman, au Village de Shyamalan, à la mythologie de Miyazaki… L'amour du réalisateur pour le genre est contagieux et sa lyophilisation des émotions d'autant plus passionnante qu'elle rend l'effroi plus tranchant. Une belle réussite filmique dont le fantôme nous poursuit après le visionnage.