Chez Xavier Dolan, bien choisir la musique, c'est tout un art !

On attend ses films avec impatience. Mais ses BO aussi ! Jusqu'à son dernier opus, l'épatant "Matthias & Maxime", en salles le 16 octobre, Xavier Dolan parvient toujours à insérer judicieusement des morceaux pop qui portent certaines de ses séquences à incandescence. En voici quatre exemples.

Chez Xavier Dolan, bien choisir la musique, c'est tout un art !
© Diaphana Distribution

On ne change pas de Céline Dion dans Mommy

C'est la chanson qui cimente définitivement le destin des trois personnages principaux et qui fait basculer Mommy, le délogeant instantanément du statut de grand film à celui de chef-d'oeuvre. Lorsque le hit On ne change pas de Céline Dion retentit, Diane (Anne Dorval), une mère au bord de l'implosion, et Steve (Antoine Olivier Pilon), son fils turbulent, sont dans la cuisine avec leur voisine Kyla (Suzanne Clément), invitée à dîner. "C'est notre trésor national !", hurle le jeune héros, TDAH, excité, extatique. Trois êtres cabossés, chacun à sa manière, se mettent alors à danser et à chanter dans un fascinant et bouleversant moment de lâcher-prise. Kyla ne bégaye plus. Steve perd sa violence. Diane respire. Ils ne forment plus qu'un, avec le spectateur, lui aussi embarqué dans la ronde. Magique.    

Dragosta Din Tei d'O-Zone dans Juste la fin du monde

Autre cuisine, autre ambiance. Avec Juste la Fin du Monde, Xavier Dolan adapte la pièce homonyme de Jean-Luc Lagarce. L'histoire ? Après douze ans d'absence, un écrivain, incarné avec brio par Gaspar Ulliel, retourne dans son village natal pour annoncer à sa famille qu'il va bientôt mourir. Des retrouvailles placées sous le signe d'une incommunicabilité meurtrissante et de griefs non résolus. Impossible d'oublier le héros, interdit face à sa mère (Natalie Baye) et sa soeur (Léa Seydoux), dansant ensemble, avec une maladresse confondante, sur l'inattendu Dragosta Din Tei du groupe moldave O-Zone. Là, la musique, d'ordinaire propice au resserrement des liens, illustre le malaise familial par son caractère détonnant et dissonant. En somme, un choix très pertinent.

Stand by Me de Florence + the Machine dans Ma vie avec John F. Donovan

On aurait pu choisir l'entraînant Rolling in the Deep d'Adele qui ouvre le film avec un magnifique plan sur le visage de John F. Donovan, alias Kit Harington. Mais optons plutôt pour ce moment si dolanien -rapport mère-fils oblige- où le jeune protagoniste, campé par l'hallucinant Jacob Tremblay, retrouve sa maman (Natalie Portman) sous une pluie battante. Pour l'illustrer, avec également le concours d'un magnifique ralenti, Xavier Dolan a choisi la reprise de Stand by Me par le groupe de rock indépendant Florence and the Machine. Pour rappel, Ma vie avec John F. Donovan raconte les correspondances entre un enfant et son acteur préféré. Lesquelles dessinent, en creux, l'autoportrait touchant du cinéaste. A coup sûr son film le plus personnel.

J'ai Cherché d'Amir dans Matthias & Maxime 

Cet insert musical, on ne l'avait clairement pas vu venir. Dans Matthias & Maxime, sa huitième réalisation, le réalisateur québécois a carrément déployé le tube J'ai Cherché, que les héros écoutent dans une voiture, en l'entonnant joyeusement. Matthias (Gabriel d'Almeida Freitas) a embrassé Maxime (Xavier Dolan) au début de l'intrigue, réveillant d'autres sentiments que celui de l'amitié d'enfance. De l'amour, sûrement, se tapit derrière ce moment suspendu. Quelque part, la chanson d'Amir -celle qui l'a fait connaître lors du concours de l'Eurovision- raconte exactement ce qui unit les deux jeunes garçons. Dans le premier couplet, on entend : "J'ai cherché un sens à mon existence". Le film raconte la quête de sa place dans le monde. Dans le refrain : "You're the one that's making me strong". Se trouver en sachant qui aimer. 

"Matthias et Maxime // VOST"