Comme AU NOM DE LA TERRE, 3 films sur les difficultés du monde agricole

Les suicides dans le milieu agricole continuent. "Au Nom de la Terre" d'Edouard Bergeon rappelle ce triste constat et met en exergue les engrenages qui mènent à cette détresse généralisée. Avant lui, d'autres cinéastes ont alerté les consciences, à leurs façons.

Comme AU NOM DE LA TERRE, 3 films sur les difficultés du monde agricole
© Apollo Films

De plus en plus, le cinéma s'empare, avec ses moyens et ses outils, de la question agricole. Tandis que les agriculteurs continuent en effet de subir de plein fouet un quotidien douloureux, des films émergent et témoignent –sur des tons différents– de leur réalité terrible. Dernier exemple en date ? L'édifiant et émouvant Au Nom de la Terre dans lequel Edouard Bergeon, dont c'est le premier long-métrage, raconte la véritable histoire de son père, qui s'est donné la mort, dévoré par sa situation économique et personnelle. C'est Guillaume Canet, totalement investi, qui lui prête ses traits aux côtés de Rufus, Veerle Baetens et Anthony Bajon. Sur plusieurs années, le scénario évoque l'effet d'accumulation de contrariétés qui pèsent sur les agriculteurs et sensibilisera fortement les spectateurs. Avant Edouard Bergeon, d'autres cinéastes se sont illustrés sur cette même thématique. En voici trois exemples.  

"Au nom de la terre // VF"

PETIT PAYSAN de Hubert Charuel

En 2017, il frappa considérablement les esprits en devenant un succès surprise et un petit phénomène public et critique. Avec autour de 550.000 spectateurs à son compteur, l'excellent Petit Paysan marqua les premiers pas derrière la caméra de Hubert Charuel. Ce dernier, né en 1985 de parents paysans (dont la ferme se situe à Droyes, entre Reims et Nancy), a grandi dans le milieu de l'élevage laitier avant de rallier, en 2011, la célèbre FEMIS. Son opus, qui remporta 3 César – ceux du meilleur acteur pour Swann Arlaud, du meilleur second rôle féminin pour Sara Giraudeau et de la meilleure première œuvre –, raconte, à la manière d'un véritable thriller, l'épidémie qui s'installe au cœur d'un élevage de vaches laitières et la façon dont son tenancier franchit la ligne rouge pour s'en sortir.

ROXANE de Mélanie Auffret

Premier film de la réalisatrice Mélanie Auffret (dont les grands-parents avaient une exploitation de vaches laitières), Roxane investit la ruralité et la vie des agriculteurs avec un mélange de douceur et de drôlerie, sans jamais être dupe des problèmes économiques monstrueux auxquels se heurtent, souvent avec violence, ce corps de métier. En témoigne justement le destin de Raymond (Guillaume de Tonquédec, pétillant d'humanité), un petit producteur d'œufs bio dans le centre de la Bretagne qui déclame du Cyrano de Bergerac à ses poules et qui voit bientôt son équilibre chavirer face aux prix imbattables de ses grands concurrents : les industriels. Moins dramatique dans le traitement que Petit Paysan ou Au Nom de la Terre, cette réalisation entend toutefois saluer l'amour indéfectible de la terre.  

LA VIE MODERNE de Raymond Depardon

C'est sa voix qui ouvre et referme ce documentaire, lequel a été sélectionné à Cannes en 2008 au Certain Regard avant de remporter le Prix Louis Delluc. Avec le bouleversant La Vie Moderne, Raymond Depardon brode, image par image, le tableau tout en délicatesse et en véracité des paysans français. Pour ce faire, il les a suivis pendant une dizaine d'années. De quoi lui permettre d'immortaliser l'intérieur des fermes avec un naturalisme déconcertant. Les images nous donnent l'impression de vivre parmi eux, de saisir l'essence de leur quotidien. Et si l'impact est aussi fort, c'est sûrement parce que Depardon signe là un hommage au milieu rural qu'il a quitté à l'âge de 16 ans et qu'il connait. Il a en effet passé son enfance dans une ferme avant de fuir la campagne dans les années 60. Indispensable.