Noémie Merlant : portrait d'une actrice en feu

Noémie Merlant étincelle aux côtés d'Adèle Haenel dans "Portrait de la Jeune Fille en Feu", le quatrième long-métrage de Céline Sciamma, le 18 février en DVD, BLU-RAY et VOD. De film en film, Noémie Merlant, 30 ans, se taille une place de choix dans le paysage cinématographique français. Focus.

Noémie Merlant : portrait d'une actrice en feu
© Lionel GUERICOLAS/MPP/SIPA

Le regard doux et fort. La grâce du geste. Dans Portrait de la Jeune Fille en Feu de Céline Sciamma, prix du scénario au dernier Festival de Cannes, Noémie Merlant trouve le meilleur rôle de sa jeune carrière.
Le port du corps est altier, pareil à celui de la danseuse qu'elle fut pendant douze années de son enfance. L'intelligence du jeu est également là, fruit de la précision de la cinéaste française. "Avec elle, chaque mot compte. Même les respirations sont calées dans une sorte de chorégraphie parfaitement maîtrisée", explique l'intéressée, en admiration devant la méthode Sciamma et sa personnalité "bienveillante, douce et pleine d'humour". "Elle nous pousse à la retenue tout en nous permettant de nous révéler par le geste. Malgré les contraintes, elle reste à l'écoute."  

Noémie Merlant dans "Portrait de la Jeune Fille en Feu". © Pyramide Distribution

A l'écran, elle irradie sous les traits de Marianne, une peintre qui, en 1770, doit réaliser le portrait de mariage d'Héloïse (Adèle Haenel), dont elle s'amourache éperdument. "J'ai été saisie par cette passion. Le film redit ce que c'est que de tomber amoureux. Il rappelle aussi qu'une histoire d'amour est une oeuvre et un langage qu'on crée à deux", confie la comédienne, comparant ce tournage à un laboratoire où Sciamma l'autorisait à être force de proposition. "D'abord impressionnée", elle s'y est très vite sentie à son aise.

Il faut dire que Noémie Merlant est rarement aussi heureuse que lorsque le clap se fait : "Quand je joue, je peux être ce que je veux. Je vibre grâce au texte et je me sens plus libre. Vivre avec les rôles m'est plus facile que vivre avec moi-même", lâche-t-elle en souriant.   

Merci papa  

Noémie Merlant aurait bien pu ne jamais briller sur grand écran, elle qui souhaitait, après une scolarité traversée de bonnes notes -"mon seul problème, c'était l'orthographe, je perdais deux points dans toutes les matières à cause de ça"- et un bac ES, intégrer une école de commerce. "Sans savoir quoi faire en plus !"

L'illumination vient de son père, qui tenait une petite agence immobilière avec son épouse à Rezé, près de Nantes. Lequel lui suggère de rallier Paris pour une année sabbatique. "Il me disait : 'Je veux que tu fasses un métier lié à l'image'. C'était son intuition", se souvient-elle. A l'époque, Noémie Merlant n'a pas spécialement envie d'être actrice. Tout juste a-t-elle joué dans une pièce à l'école. Mais son entrée au Cours Florent change la donne et l'éclaire sur ses aspirations enfouies. 

Noémie Merlant et Adèle Haenel dans "Portrait de la Jeune Fille en Feu". © Pyramide Distribution

Il y avait pourtant des signes avant-coureurs. Enfant, elle adorait faire des spectacles avec ses cousins, enfiler des costumes, s'amuser devant ses proches. Chasse le naturel, il revient donc au galop. Crinière au vent, elle se lance à cor et à cri dans le jeu, activité qui l'aide à vaincre sa timidité et son caractère réservé. "Je mets du temps à me sentir à l'aise et à me lâcher au sein d'un groupe. Je suis souvent dans la distance, dans la rêverie. J'ai peur de ne pas dire ce qu'il faut ou de ne pas bien dire les choses, de manquer de culture."

Dans sa course folle, Noémie Merlant évolue, grandit et persévère. Et ce, de rôle en rôle. Présélectionnée en 2010 au César du Meilleur Espoir pour L'Orpheline avec en plus un bras en moins de Jacques Richard, elle sera finalement nommée en 2017 pour sa prestation de jeune femme radicalisée dans Le Ciel Attendra de Marie-Castille Mention-Schaar.

Elle se souvient encore de cette expérience aussi éprouvante -le tournage a débuté deux jours après les attaques du Bataclan, des terrasses et du Stade de France- qu'enrichissante. "Nous étions soudés pour combattre la peur et comprendre les mécanismes qui mènent à de telles horreurs. Par la suite, j'ai participé à une centaine de débats sur ces questions, avec des lycéens notamment."

Sur les pas de Rowlands...

Epuisée par la tournée marathon de Portrait de la Jeune Fille en Feu, qui vient de passer par la case Toronto, Noémie Merlant maximise désormais son temps (un peu plus) libre en écrivant des trames, des intrigues, "avec des fautes d'orthographe". L'éclat de rire qui suit l'aveu suinte la sincérité. "Quand je ne tourne pas, j'essaye de vivre un film dans ma vie en rencontrant plein de nouvelles personnes et en découvrant de nouveaux endroits." Inspiré par des actrices comme Kate Winslet, Cate Blanchett -Carol fut une référence pour Adèle Haenel et elle sur le tournage- et Geena Rowlands, Merlant sait qu'elle a désormais le luxe de mieux choisir ses rôles. Et elle espère bien donner toujours plus de place aux premiers films, à l'instar des Drapeaux de papier de Nathan Ambrosioni, qui sont "toujours garants de belles promesses".

En attendant de nouveaux tournages, elle sera bientôt à l'affiche des Jours d'Avant de Stéphanie Pillonca-Kervern, face à Sami Bouajila. Le scénario des Jours d'Après est couru d'avance : Noémie tutoiera les étoiles.

Découvrez Portrait de la jeune fille en feu le 18 février en DVD, BLU-RAY et VOD.