Jessie Buckley : "En ce moment, je suis amoureuse de Bob Dylan"

A 28 ans, c'est une future star en puissance. Dans "Wild Rose" de Tom Harper, l'impressionnante Jessie Buckley interprète une mère, tout juste sortie de prison, qui rêve d'une carrière dans la country. Entretien.

Jessie Buckley : "En ce moment, je suis amoureuse de Bob Dylan"
© Brian Ach/AP/SIPA

Tandis qu'elle truste le haut de l'affiche dans la mini-série à succès Chernobyl, l'Irlandaise Jessie Buckley, 28 ans, brille de mille feux dans Wild Rose de Tom Harper, en salles dès le 17 juillet. Chanteuse géniale, actrice d'une justesse et d'un charisme fous -elle a été aperçue en 2018 dans Jersay Affair-, elle incarne à la perfection une mère sortie de prison qui délaisse ses enfants pour tutoyer ses rêves de carrière dans la country music. Nous sommes allés à la rencontre d'une star en puissance !

Qu'est-ce qui vous a immédiatement saisie à la lecture du scénario ?
Jessie Buckley :
Je pense que c'est la question centrale du film : cette lutte intérieure que vit Rose-Lynn dans son chemin vers le rêve. Elle est confrontée aux questions d'identité, d'individualité… Elle a envie d'embrasser son amour pour la musique et, dans le même temps, elle est tiraillée parce qu'elle veut être auprès de ses enfants. Comment, dans ces circonstances, trouver le juste équilibre entre son rêve et sa réalité ?

La trouvez-vous égoïste ?
Jessie Buckley : Non. Je crois que c'est plus compliqué que ça. Ses choix peuvent être compréhensibles. C'est une femme qui essaye d'aller de l'avant. Ses agissements, surtout ceux qui peuvent être associés à de l'égoïsme, provoquent toujours en elle des conséquences émotionnelles. Ils la dévorent, notamment dans son questionnement autour de ses propres limites. La vie est comme ça, elle est pleine de hauts et de bas, de compromis, de jeux…

Wild Rose dépeint son héroïne sans glam. C'est très brut. Etait-ce important pour vous cette franchise cash ?
Jessie Buckley : Oh oui, à 100% ! C'est justement ce que j'ai aimé. J'étais heureuse d'aller à la rencontre d'une héroïne à vif, rouillée, cabossée, de cette femme ultra vraie qui évolue dans un environnement sans fard. George Steel, le chef-opérateur, m'a beaucoup aidée à aller à sa rencontre. Lors de la phase de préparation, nous discutions beaucoup d'autres références filmiques et il était très à l'écoute. On voulait que tout soit concret : des endroits où elle chante jusqu'à la direction vers laquelle son esprit s'oriente. Biutiful d'Alejandro González Iñárritu était très inspirant pour nous. Je voulais en tout cas retranscrire le parcours fracturé et chaotique de Rose-Lynn avec le plus de précision et de justesse possibles… Je crois qu'elle est touchante pour ses failles.

"J'ai grandi dans la musique, j'en écoute d'ailleurs tous les jours. Impossible d'y déroger."

Comment avez-vous investi la Country ?
Jessie Buckley :
Je n'avais aucune relation avec ce genre musical (rires). Mais Nicole Taylor, la scénariste, en est une méga fan. En la matière, elle a un savoir biblique et une compréhension dingue. C'était comme un voyage durant lequel je suis tombée amoureuse des paroles et des personnages qui sommeillent au creux des chansons et qui en sortent pour nous enchanter ou nous briser le cœur. Beaucoup mythifient ce style musical alors qu'il est extrêmement humain. Ça parle de personnes qui ont de vrais sentiments et vivent des histoires auxquelles on peut tous se rattacher.

Quelle est la première personne qui vous a dit que vous chantiez bien ?
Jessie Buckley : Ouh… Je ne m'en souviens pas. Ma mère peut-être ? Elle est harpiste. Mon père fait de la musique et écrit des poèmes. Ils m'ont toujours soutenu dans mes démarches artistiques. J'ai grandi dans la musique, j'en écoute d'ailleurs tous les jours. Impossible d'y déroger. J'ai toujours chantonné quelque chose quelque part. Ado, j'adorais les musicals, puis, en arrivant à Londres, je me suis intéressée au jazz. J'ai des goûts très éclectiques : j'aime autant Ella Fitzgerald que Billy Strayhorn, Judy Garland, Maria Callas ou Janis Joplin. En ce moment, je suis amoureuse de Bob Dylan.

Quelle est votre meilleure imperfection ?
Jessie Buckley : Dois-je vous le dire ? (rires) Je ne sais pas si c'est beau mais je ronge beaucoup mes ongles. Un ami m'a dit l'autre jour : "C'est magnifique que toutes tes petites vulnérabilité soient sur tes ongles". C'est une belle métaphore !

Vous êtes également à l'affiche de la mini-série Chernobyl, qui rencontre un succès fou. Vous y attendiez-vous ?
Jessie Buckley : Non, on n'attendait pas un tel succès. Le scénario était fou. Il m'a impressionnée. Comme tout le monde, je connaissais le sens du mot mais pas toute l'histoire derrière. C'était une responsabilité de raconter, ensemble, cette histoire. Ce qui m'excitait, c'était de faire quelque chose d'aussi fort, politique et provocateur.

"WILD ROSE // VOST"