Virginia Woolf et le cinéma en 3 films
En salles le 10 juillet, "Vita & Virginia" de Chanya Button revient sur l'histoire d'amour ayant lié les écrivaines Virginia Woolf et Vita Sackville-West. Ce n'est pas la première fois que l'oeuvre et la vie de Woolf intéressent le cinéma. La preuve par trois.
Considérée comme l'une des principales auteures modernistes du XXème siècle, Virginia Woolf a marqué l'histoire de la littérature grâce à des romans comme Mrs Dalloway (1925), La Promenade au phare (1927), Orlando (1928), Les Vagues (1937) ou l'essai féministe Une chambre à soi (1929), lequel est né des conférences qu'elle a données dans deux collèges de Cambridge alors réservés aux femmes. " Dès octobre 1928, elle expliquait aux étudiantes que l'autonomie financière est indispensable à toute femme souhaitant écrire. En outre, dans son œuvre, elle expérimente des formes de narration qui sont inédites pour l'époque. Elle est en effet en avance sur la littérature de son temps ", explique la journaliste et biographe Josyane Savigneau. Moderne, tourmentée, passionnante et passionnelle, l'écrivaine londonienne a considérablement inspiré l'art et, plus particulièrement, le cinéma. Dans Vita & Virginia, dans les salles obscures dès le 10 juillet, la réalisatrice Chanya Button s'intéresse par exemple à la relation que l'auteure a eue avec sa consoeur Vita Sackville-West. Idylle fulgurante qui lui a inspiré son best-seller Orlando. Avant ce bel opus, d'autres metteurs en scène se sont penchés, de près comme de loin, à la question Woolf.
The Hours de Stephen Daldry
En adaptant le roman The Hours de Michael Cunningham, lauréat du Prix Pulitzer en 1999, Stephen Daldry évoque avec maestria un double aspect de Virginia Woolf : sa vie et son œuvre. Le long-métrage joue en effet sur trois temporalités. Il y a la banlieue de Londres, dans les années 20, où Woolf (incarnée magistralement par l'oscarisée Nicole Kidman) écrit ce qui deviendra l'un de ses chefs-d'œuvre, Mrs Dalloway ; puis Los Angeles, vingt ans plus tard, où Laura Brown (Julianne Moore) lit l'ouvrage en question ; et enfin, New York, à la fin des années 90, où Clarissa Vaughn (Meryl Streep) s'apparente à une version moderne de Mrs Dalloway. Trois femmes qui n'en font qu'une et qui, sur la sublime partition de Philip Glass, distordent le temps et épousent un bouleversant destin commun.
Orlando de Sally Potter
Si Vita & Virginia en raconte la genèse à travers l'histoire d'amour entre Virginia Woolf et Vita Sackville-West, Orlando de Sally Potter est l'adaptation du roman homonyme de l'écrivaine londonienne. Récompensée en 1994 aux European Film Awards par le prix du meilleur premier film, cette œuvre est axée sur Orlando, un personnage principal qui a la particularité de ne pas vieillir, s'érigeant en bouclier contre les vicissitudes du temps. Entre le film purement historique et les ressorts de la science-fiction, on se passionne ainsi pour cet Orlando, adolescent qui doit honorer le vœu de sa confidente, la reine Elizabeth 1er -en l'occurrence, celui de ne pas vieillir- et traverser quatre cents ans de l'histoire de l'Angleterre, en changeant au passage de sexe. Dans le rôle-titre, Tilda Swinton scintille.
Mrs Dalloway de Marleen Gorris
Nous sommes en 1923. Mrs Dalloway, une femme de la haute société de l'Angleterre d'après-guerre, s'affaire. Dans sa maison cossue de Westminster, rythmée par les aiguilles de Big Ben, elle prépare une fête. Elle s'en va chez le fleuriste, traverse Londres et, surtout, entame un dialogue intérieur avec elle-même. Et les mots, comme les pensées, la conduisent inéluctablement sur les rives de la mélancolie. Après le succès d'Antonia et ses Filles, qui reçut l'Oscar du Meilleur film étranger en 1997, Marleen Gorris fut approchée par la scénariste Eileen Atkins (à l'origine de la pièce dont est adapté Vita & Virginia) et l'actrice Vanessa Redgrave, pour mettre en scène cette transposition cinématographique. L'élégante Redgrave campe Clarissa Dalloway tandis que Natascha McElhone incarne sa version jeune.