PAUVRE GEORGES ! : voilà 3 bonnes raisons de voir le film en salles 

En salles le 3 juillet, "Pauvre Georges !" de Claire Devers offre à Grégory Gadebois le rôle d'un professeur de français au bord de l'implosion. Un drame-tiroir, thématiquement dense. A découvrir !

PAUVRE GEORGES ! : voilà 3 bonnes raisons de voir le film en salles 
© Jour2Fête

Et de deux ! Sept ans après l'avoir dirigé dans le téléfilm Rapace, dans lequel il campait un trader, la réalisatrice Claire Devers retrouve le comédien Grégory Gadebois pour les besoins de Pauvre Georges !, une adaptation réussie et déroutante du roman homonyme de l'Américaine Paula Fox. Jonglant avec des thématiques plurielles et s'appuyant sur un casting au cordeau, ce drame centré sur un prof en pleine désillusion interroge profondément sur le monde dans lequel on vit et le sens qu'on lui donne. Le Journal des Femmes vous donne trois bonnes raisons de ne pas sécher les cours.

Pour Grégory Gadebois

C'est l'un des meilleurs acteurs français. Sa discrétion n'a d'égale que son talent, qui mûrit de film en film. Touchant en marin pêcheur amoureux dans Angèle et Tony (2011) d'Alix Delaporte, glaçant en papa homophobe dans Marvin ou la Belle Education (2017) d'Anne Fontaine, Grégory Gadebois, 42 ans, brille une nouvelle fois dans Pauvre Georges ! de Claire Devers. Il y incarne, avec un mélange de force, de brutalité et de fragilité, un professeur de français fraîchement installé au Québec avec sa femme (Monia Chokri). Son quotidien apathique, sans relief ni promesses, bascule le jour où il prend sous son aile un ado désorienté ayant fait irruption chez lui. Sans emphase, avec cette simplicité de jeu (toujours à l'os) qu'on lui connait, l'intéressé parvient à donner une belle épaisseur à un héros oscillant entre la gentillesse et la méchanceté, et toujours égaré dans le vortex de ses désillusions.          

Pour la richesse de ses sujets

La force de Pauvre Georges !, au-delà de l'interprétation de Grégory Gadebois et du reste du casting, réside en grande partie dans sa faculté à varier les sujets. Ici, l'intrusion dont est victime le protagoniste met brutalement en lumière de nombreuses problématiques latentes, qui explosent bientôt sous les yeux du spectateur. A commencer par l'effondrement de la conscience et la faillite foudroyante de l'éducation. Georges est en effet excédé par des élèves asthéniques à qui il est devenu trop difficile de transmettre le savoir. En cela, le jeune Zach qui entre par effraction dans sa vie devient l'incarnation d'un nouveau projet d'existence. Egoïste ? Altruiste ? On ne saura jamais ce que recherche vraiment le héros en jouant les bons samaritains. Le scénario n'hésite pas non plus à taper dans les plates-bandes de la bien pensance, épinglant à souhait les faux-semblants et le confort toxique dans lequel on peut tous s'encotonner.   

Pour la (re)découverte de Paula Fox

Longtemps méconnue du grand public de l'autre côté de l'Atlantique (et encore plus sur le Vieux Continent), Paula Fox est désormais considérée comme la "Tchékhov américaine", grâce notamment à l'auteur Jonathan Franzen qui a contribué à sa reconnaissance tardive. La sortie de Pauvre Georges ! en France devrait allumer un joli projecteur sur elle et pousser de nouveaux lecteurs à aller à la découverte de ses écrits, elle qui a d'abord débuté sa carrière dans les romans pour la jeunesse après avoir multiplié les petits boulots. Deux fois sélectionnée pour le prix Fémina, l'écrivaine, décédée le 1er mars 2017 à New York, à 93 ans, aimait dépeindre des invisibles (servantes, paysans, personnes démunies) ou les personnages à bout de souffle, perdus au sein de la société, en marge. A l'instar de Georges, un pur fruit de son imaginaire. Décentré. Triste. Incernable. Jusqu'aux dernières minutes du film.  

"Pauvre Georges ! // VF"