Paul Hamy, visage chéri du cinéma français

Voyou, sculpteur, séducteur... Fort et fragile à la fois, regard tendre et stature baraquée, le Franco-américain Paul Hamy fait chavirer le cinéma français. Ex-mannequin devenu acteur, cet artiste à la douceur touchante a su se faufiler des podiums aux grands rôles en quelques années. Parcours d'un autodidacte, fascinante tête d'affiche de "L'Autre Continent" de Romain Cogitore, au cinéma le 5 juin 2019.

Paul Hamy, visage chéri du cinéma français
© Urs Flueeler/AP/SIPA

Si sa filmographie s'allonge vitesse grand V et ce n'est pas par hasard. Fils d'une vidéaste monteuse pour l'émission d'Antenne 2, "Cinémas, Cinémas", Paul Hamy côtoie très jeune le milieu du 7e Art. "J'avais 7 ans quand ma mère m'a montré des films de Kurosawa, Hitchcock et Billy Wilder", raconte-il à Marie Claire. Pourtant, le jeune homme ne se lance pas avec évidence dans une carrière d'acteur ou de réalisateur.
L'adolescent grandit dans le IXe arrondissement et passe les vacances scolaires avec son père, à New-York, Paul Hamy est repéré par le photographe Paolo Roversi à 16 ans. Il signe chez Elite et défile pour Jean Paul Gaultier et Yves Saint Laurent : l'opportunité de découvrir le monde. "Les jeunes mannequins hommes sont un peu des têtes brûlées. On voyage dans tous les sens, on n'a pas notre famille avec nous, on habite à droite et à gauche… À cet âge-là, on a envie de se marrer, on fait un peu tout et n'importe quoi". 
De retour en France, il s'inscrit en fac de cinéma à Saint-Denis, un cursus qu'il ne suivra pas avec assiduité. "Je faisais trop de trucs à côté. Je préférais être dans l'action !", dit pour sa défense, le co-fondateur du collectif artistique Pain-O-Chokolat

Un acteur touche-à-tout

Paul Hamy n'a pas suivi le parcours-type du comédien en herbe. Mannequinat, fac de cinéma et spots publicitaires (on se souvient de son saut dans les airs torse nu pour Lacoste) : tel est le chemin emprunté par ce jeune Parisien qui se retrouve, en 2019 dans le dernier long-métrage de Justine Triet, Sibyl sélectionné à Cannes, où il incarne le compagnon de Virginie Efira. Mais comment perce-ton dans le microcosme du cinéma français ? "Tout passe à travers la mode ! Les directeurs de casting sont les mêmes que pour le cinéma, et certains projets se mélangent", confie Paul Hamy à Marie Claire.
Sans formation classique, le trentenaire réussit des prouesses face à la caméra : il campe un skinhead dans Un Français de Diastème, un voyou amoureux de Sara Forestier dans Suzanne de Katell Quillévéré, l'amant de Catherine Deneuve dans Elle s'en va d'Emmanuelle Bercot, un peintre en proie à la mégalomanie d'un dictateur, dans l'adaptation du Divan de Staline de l'écrivain Jean-Daniel Baltassat par Fanny Ardant... 

© Sophie Dulac Distribution

Une sculpture nommée désir 

Paul Hamy est capable de de jouer un jeune fêtard dans Mon Roi de Maiwenn comme un strict militaire dans Maryland d'Alice Winocour avec autant de tact et de succès parce qu'il se voue corps et âme aux demandes des réalisateurs. Une matière brute qui reste à modeler. "Quand je suis acteur, c'est quelqu'un qui me donne sa voix et je suis dépendant de son désir. Je suis un outil. Quand je sculpte, je suis tout. Et c'est une prise de risque plus grande, car je suis à la fois la main, le regard, l'outil et l'œuvre."  Allez découvrir Paul Hamy dans la peau d'un polyglotte (il parle 14 langues) expatrié à Taïwan, qui découvre la passion... L'Autre Continent de Romain Cogitore, avec Déborah François, Vincent Pérez, Paul Hamy. En salles le 5 juin 2019.