Anaïs Demoustier et Fabrice Luchini, duo en or d'Alice et Le Maire
"Alice et le Maire" réunit Anaïs Demoustier et Fabrice Luchini. Ce deuxième long-métrage de Nicolas Pariser, en salles le 2 octobre, dégage un charme intelligent et réjouissant !
A la Mairie de Lyon, rien ne va. Surtout pour le maire, Paul Théraneau, qui enchaîne les journées diplomatiques et autre salamalecs politiques avec aboulie et lassitude. En cause ? Il n'a plus d'idées lui qui, dans son passé de brillant publicitaire, était obligé de les enregistrer au réveil dans un dictaphone tant elles affluaient. Vidé, il s'alloue bientôt les services d'une jeune femme dont l'érudition littéraire et philosophique, de Welles à Spinoza, pourrait bien l'aider à sortir de sa léthargie.
Tel est le point de départ pétillant d'Alice et le Maire, second long-métrage de Nicolas Pariser. Un peu plus de trois ans après Le grand Jeu, dans lequel il investissait déjà les arcanes de la politique avec Melvil Poupaud et André Dussolier, le cinéaste de 44 ans renoue ici, dans un geste malicieux et plein de panache, avec l'exercice du pouvoir. Pour l'occasion, il a fait appel à un acteur qu'il admire depuis longtemps et à qui il tenait, dès les prémices du projet, à offrir le rôle principal : Fabrice Luchini.
La malice d'Alice
Fort de son flegme et de son phrasé inimitables, le comédien français excelle dès la première seconde sous les traits d'un politicien que le cinéaste regarde toujours sans jugement. Pariser s'échine en effet à ne jamais poser un regard trop définitif sur ce maire qui se lance dans un projet casse-gueule. Mieux : il articule tout son long-métrage sur des dialogues emballants entre lui et Alice, campée à la perfection par Anaïs Demoustier. Laquelle trouve là un de ses meilleurs rôles. Le spectateur entre ainsi -grâce notamment à un plan séquence épatant dans le dernier tiers- dans le secret du travail, dans ces moments où les mots germent et les idées naissent.
En creux, la question pour Pariser, passionnante et extrêmement actuelle, est la suivante : "Pourquoi ceux qui agissent ne pensent pas et pourquoi ceux qui pensent n'agissent pas ? " Et c'est avec une structure narrative purement rhomérienne, où les personnages discutent très longuement sans pour autant que leurs propos soient rasants, que le cinéaste et les acteurs nous invitent à trouver (ou pas) une réponse. On salue au passage l'humour permanent qui ponctue ce face-à-face et les petites pointes mélancoliques (et même émouvantes) qui affleurent, ici et là.