Comme MAIS VOUS ETES FOUS, 5 plongées dans l'addiction

En salles le 24 avril, le percutant "Mais vous êtes fous", première réalisation d'Audrey Diwan, ausculte en profondeur une famille qui vole en éclat à cause de l'addiction du père. Il s'inscrit ainsi dans une longue lignée d'œuvres ayant abordé les conséquences de la prise de drogues.

Comme MAIS VOUS ETES FOUS, 5 plongées dans l'addiction
© Wild Bunch

Mais vous êtes fous, le premier long-métrage d'Audrey Diwan en tant que réalisatrice –avant ce baptême de feu, elle avait coécrit les scénarios de HHhH ou La French–, nous emmène à la rencontre de Roman (Pio Marmaï), un père de deux enfants totalement accro à la coke. Une addiction dans laquelle il a sombré depuis longtemps, sans que ses proches ne s'en rendent compte, et qui le consume de l'intérieur. Un soir, sa fille aînée est secouée par une grave crise de tremblements. A l'hôpital, le verdict glaçant des médecins tombe : elle a été contaminée à la cocaïne. Inspirée d'une incroyable histoire vraie, à vous hérisser l'échine, le long-métrage rejoint le haut du panier de ces œuvres qui, avec panache, ont su rendre compte de l'horreur de l'addiction. Pour le Journal des Femmes, nous vous en avons choisi cinq. Petit tour d'horizon.

"MAIS VOUS ÊTES FOUS // VF"

Requiem for a dream de Darren Aronofsky (2001) 

© Sagittaire Films

C'est un peu le maître-étalon des films ayant abordé cette thématique. Rien qu'en entendant les notes de la BO de Clint Mansell, les images nous reviennent en mémoire. En adaptant Last Exit to Brooklyn, le roman culte d'Hubert Selby Jr., Darren Aronofsky n'était certainement pas conscient que le résultat entrerait instantanément dans la catégorie des classiques du 21ème siècle. Le cinéaste y suit, avec une mise en scène rythmée –presque spasmodique– et sensorielle les descentes au enfer de plusieurs personnages, notamment Harry (Jared Leto), junkie rêvant à des paradis artificiels, et sa maman Sara (Ellen Burstyn), rivée sur des pilules censées lui couper l'appétit et la rendre suffisamment maigre pour participer à son émission de télé préférée. Le choc est total, jusqu'aux insoutenables dernières minutes.  

Basketball Diaries de Scott Kalvert (1995) (DR)

Un peu plus de deux ans avant d'être propulsé au rang de superstar internationale avec le succès de Titanic, Leonardo DiCaprio avait traumatisé une génération de spectateurs en incarnant à l'écran Jim Carroll, d'après son roman autobiographique. Dans cette réalisation, devenue culte sous l'ère des vidéoclubs, Scott Kalvert réussissait à exploiter à plein régime tout le talent d'un jeune acteur époustouflant. Dans le New York des années 1960, DiCaprio baladait ainsi sa frêle silhouette, non loin de Mark Wahlberg et Juliette Lewis, impressionnant le public par le réalisme de sa prestation. Impossible d'oublier cette séquence inouïe dans laquelle, derrière une porte verrouillée, il supplie sa mère, à cor et à cri, de lui donner de l'argent pour qu'il puisse s'envoyer une dose de plus. A (re)voir !  

Trainspotting de Danny Boyle (1996)

D'après le roman homonyme d'Irvine Welsh, publié en 1993, Trainspotting de Danny Boyle faisait l'effet d'une véritable déflagration lors de sa présentation hors compétition au Festival de Cannes, en 1996. C'est le film qui a révélé au grand jour l'acteur Ewan McGregor, lequel y incarne avec brio le jeune Mark Renton, un junkie d'Edimbourg entouré de son groupe d'amis héroïnomanes. Film sur la drogue, doublé d'une véritable peinture sociétale dans une Ecosse aux prises avec la crise économique, le scénario explore le désœuvrement de ses personnages, dans un monde déliquescent et ponctué par une bande son qui a contribué à faire connaître encore plus le film : Lou Reed, Iggy Pop, New Order, Pulp, Blur, Elastica… Rien que ça ! Moments cultes en rafale, interprétations au diapason, succès public et critique : un must sur toute la ligne (sans jeu de mots).     

Las Vegas Parano de Terry Gilliam (1998) 

Panneau de sortie des sixties, délire psychédélique, force cartoonesque, Las Vegas Parano est un des rares films ayant pour toile de fond la drogue qui se révèle à ce point jubilatoire et délicieux. Pour rappel, le réalisateur Terry Gilliam, génialement déjanté, porte pour l'occasion à l'écran le récit de Hunter S. Thompson, chantre du journalisme gonzo. Une approche basée sur l'ultra-subjectivité, à la première personne avec usage de drogues en bonus. A l'écran, Johnny Depp impressionne par son mimétisme en restituant, au geste près, tout le body language de son personnage et épouse à merveille le cynisme qui a succédé à l'échec du rêve américain. D'ailleurs, il a été si engagé dans ce rôle qu'il est devenu l'un des meilleurs amis de Thompson, au point d'honorer ses dernières volontés après son suicide le 20 février 2005. NB : le reste du casting, incluant notamment Benicio Del Toro et Cristina Ricci, est tout aussi magique.   

My Beautiful Boy de Félix Van Groeningen (2019) (Metropolitan)

Encore une histoire vraie ! Cette fois, celle de Nic Sheff, qui a consigné son combat contre l'addiction dans deux livres : Beautiful Boy: A Father's Journey Through His Son's Addiction et Tweak: Growing Up on Methamphetamines. Le cinéaste belge Felix Van Groeningen, à qui l'on doit le sublime Alabama Monroe, l'a transposé ici au cinéma en offrant le rôle principal à Timothée Chalamet. Certes classique dans sa forme, le long-métrage revient par le menu sur toutes les difficultés qu'impliquent les rechutes. Des embûches qui se cristallisent sur le visage d'un père-courage, merveilleusement interprété par Steve Carell, qui va se battre contre vents et marée pour sortir son fils d'une spirale carnassière, dévastatrice et aussi sombre que les ténèbres. Le duo prend à la gorge et atténue les quelques passages obligés et autres facilités scénaristiques. Pour info, Ben is back avec Julia Roberts, sorti presque au même moment, explore exactement les mêmes dynamiques, cette fois avec le rapport mère-fils.