Sarah Jessica Parker : "Je suis fière de ma réputation"

Icône mode, actrice romantique et productrice sérieuse, Sarah Jessica Parker est honorée d'un prix pour l'ensemble de sa carrière à Deauville. En direct des planches normandes, elle s'est confiée sur la confiance en soi, la féminité et l'affaire Weinstein. Rencontre avec la plus stylée des New-Yorkaises.

Sarah Jessica Parker : "Je suis fière de ma réputation"
© Jacques BENAROCH/SIPA

Des yeux bleus comme les cieux. Quand on pense à Sarah Jessica Parker, on visualise ses iris perçants. C'est aussi sur lui que s'ouvre Here and Now, présenté au Festival du Cinéma Américain de Deauville. Dans ce drame, la star new-yorkaise incarne une chanteuse accablée après une mauvaise nouvelle chez le médecin. S'en suit une journée dans les pas de cette grande sensible, sur le chemin de l'acceptation. Ses iris azur sont aussi ce qui frappe quand on est face à elle. Un regard doux et pétillant. Considérée comme l'icône d'une génération après avoir couru Big Apple en stilettos à la recherche de l'amour pendant les six saisons de Sex and the City, l'actrice d'Hocus Pocus et Mars Attack!  est depuis devenue productrice. Elle nous a parlé du chemin parcouru, de l'importance d'être une personne respectable et de sa plus grande fierté, alors que Deauville lui rend hommage.

Le Journal des Femmes : Qu'est-ce qui vous a séduite chez Vivienne ?
Sarah Jessica Parker : On a développé ce personnage pendant longtemps avec Fabien Constant, le réalisateur. Tout m'a séduite. Je n'avais jamais joué un rôle qui me permettait de contempler une vie. Ce diagnostique médical est un règlement de compte pour elle. J'ai été emportée par cette histoire, cette situation délicate.

La caméra vous suit de très près pendant tout le film, il y a peu de dialogues... Quel a été le plus gros challenge de cette interprétation ?
Je ne prête pas attention à la caméra pendant que l'on tourne, alors le challenge, c'était plutôt de trouver un moyen de raconter son histoire, son cheminement interne, de montrer sa tristesse, sa terreur, ses regrets...

On sent la passion viscérale qui lie Vivienne au chant. Qu'est-ce qui vous stimule en tant qu'actrice ?
Comme elle, j'ai le désir de faire quelque chose qui a du sens et que j'aime. Je suis motivée par la curiosité, l'appel de l'inconnu. Dans ma vie perso, je suis drivée par mon rôle de mère, mes amitiés, les voyages et les bons livres.

La mère de Vivienne l'admire pour sa persévérance face à l'échec. Comment gérez-vous les déceptions ?
Contrairement à Vivienne, je n'en ai pas eu beaucoup dans ma carrière, mais il y a aussi les déceptions de la vie en général. J'ai dû développer mon mécanisme de défense et ma résilience. Chacun doit trouver à quel point il peut récupérer, à quel point il veut que ces sentiments guident sa vie... Quand on tient à quelque chose et que ça ne marche pas, c'est normal d'être touché. Je ne suis pas dans le déni, mais je refuse de voir le monde par le prisme de ces blessures.

Le Festival du film américain de Deauville vous rend hommage, vous êtes une icône pour toute une génération... Comment vivez-vous ce statut ?
J'ai adoré jouer ce rôle, j'ai adoré le casting, les histoires, les tournages à New York... Les gens voudraient que ce soit un fardeau, mais ce n'est pas le cas. Sex and the city m'a donné d'immenses opportunités à l'écran. Il y a des fois où j'ai été exposée aux ragots, mais la chance d'avoir pu incarner ce rôle génial éclipse tout le reste. C'était fabuleux.

De quoi êtes-vous la plus fière ?
Je suis fière de la manière dont je me comporte dans mon travail. Je me soucie des gens sur un plateau, je suis reconnaissante du temps, du talent et de la contribution de tous. Je suis fière de la place que les équipes ont pris dans ma vie. La considération des autres est profondément importante, surtout en tant que parent. Je veux être un exemple pour mes enfants, alors je suis très fière de ma réputation professionnelle.

Vivienne est très féminine, comme Carrie Bradshaw et comme tous les rôles qu'on vous connaît. Diriez-vous que c'est ce qui vous caractérise ?
Ma féminité n'est pas consciente. Je m'habille et je quitte la maison apprêtée en fonction de la journée qui m'attend. C'est très personnel, la féminité. Je n'y pense pas vraiment, je réfléchis davantage à moi en tant que personne.

Qu'est-ce qui vous donne confiance ?
Après avoir passé autant de temps dans ce monde, j'ai accumulé des expériences, un savoir, qui me permettent d'être plus à l'aise. C'est la différence entre une personne de 22 ans et une de 42 ans !

En tant qu'actrice, peut-on vraiment ne pas se soucier de son apparence ?
Je fais du mieux que je peux. Je refuse de passer ma vie à me soucier de ce que les gens vont penser de moi. C'est une perte de temps. J'essaie d'être présentable quand l'occasion le requiert, par respect, mais au quotidien, je me prépare rapidement, comme quelqu'un qui a un rendez-vous, qui doit sauter dans le métro ou attraper un taxi. L'aspect pratique entre en compte. En hiver à New York, vous ne sortez pas en talons hauts, ça c'est juste dans Sex and the city ! Il faut trouver le juste milieu pour se sentir soi-même, être en adéquation avec la personne que l'on veut présenter aux autres et pouvoir marcher quatre blocks.

Quelle est votre position par rapport à l'affaire Weinstein et à la révolution en cours à Hollywood ?
J'espère que l'on est en train de créer un espace qui encourage les femmes à atteindre leur potentiel maximal. Mais je veux aussi que ce soit le cas pour la communauté LGBT, pour tous les genres. J'ai eu à faire à du sexisme, à de la misogynie, et parfois je me dis que c'est générationnel. Cette discussion est très nouvelle, on doit encore trouver comment se parler les uns aux autres, déterminer nos attentes. Les victimes doivent être entendues, les coupables condamnés, mais on doit surtout trouver la définition que l'on souhaite donner à cette réadaptation. Il y a beaucoup à faire.

Here and Now, disponible en DVD depuis le 28 août.

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