Marina Foïs, géniale animatrice de L'ATELIER de Laurent Cantet

Nommée au César de la meilleure comédienne cette année pour "Irréprochable", Marina Foïs est l'héroïne de "L'Atelier" de Laurent Cantet, en salles ce 11 octobre. Elle y incarne une romancière qui, chargée d'animer un atelier d'écriture pour des jeunes à la Ciotat durant un été, tissera un lien troublant avec un garçon dangereusement attiré par les extrêmes. Rencontre.

Marina Foïs, géniale animatrice de L'ATELIER de Laurent Cantet
© Jérome Prébois

"L'Atelier " associe chronique sociale et thriller : est-ce ce mélange des genres qui vous a séduite ?
Marina Foïs : 
Je ne l'avais pas mesuré à la lecture du scénario, pas plus que la sensualité du film ou la  tension érotique qui se dégage de certains plans. J'ai surtout été captivée par ce qui se disait sur la désespérante imperméabilité des deux mondes dépeints, entre cette intelligentsia que je représente et cette jeunesse incomprise. Moi, je suis pour le mélange absolu de tout et de tous, pour la mixité sociale, culturelle, religieuse... Mais dans la réalité, les choses ne se font pas si facilement.

Quelles thématiques spécifiques vous ont interpellée ?
Marina Foïs : Le film est ultra-contemporain dans les questions qu'il aborde : l'attrait de la violence, la colère facile qui se pose sur rien, qui se pose sur tout. Quelque chose qui résonne encore plus violemment chez une jeunesse qui n'est souvent pas la bienvenue, qui n'a pas la parole. Laurent leur donne une voix et les regarde sans mépris, sans jugement. Souvent, les adultes et les gens socialement en place ont tendance à faire des constats d'échec sur la jeunesse qui ne lit plus, ne se cultive plus, ne réfléchit plus... C'est un raccourci stupide, enfermant, stérilisant. La preuve : c'est aussi grâce à ses jeunes et ses banlieues que la France n'a pas élu Marine Le Pen. Le film parle du dialogue qu'il faut instaurer et nous dit : écoute ta jeunesse plutôt que de la mépriser car c'est elle qui fera le pays dans lequel tu finiras tes vieux jours.

Tourner avec Laurent Cantet ne se refuse pas ?
Marina Foïs : J'avais vu tous ses films, notamment "Entre les murs" auquel on peut penser dans certaines thématiques abordées : le rapport à la jeunesse, la place qu'on est frustré de ne pas avoir, celle que l'on cherche... Je crois que je ne me serais jamais autorisée à penser que j'allais tourner avec ce réalisateur d'ailleurs. Peut-être parce que c'est un cinéma très proche du réel et que j'imagine que je trimballe un folklore différent. En même temps, dans ce film, il y a aussi du romanesque : j'adore la façon dont il traite la relation entre mon personnage et celui de Matthieu Lucci. Elle n'est basée que sur ce qui accroche, ce qui se confronte. Entre eux, ça n'arrête pas de ne pas marcher.

Le côté star, vous aimez aussi ?
Marina Foïs : Moi, j'aime bien la fringasse. Donc j'ai du plaisir à faire tout ça. Mais je peux aussi perdre beaucoup de temps à être premier degré, à me trouver tarte, à râler parce qu'il y a toujours une fille plus belle à côté.