Bouboule dérange, et alors ? Rencontre avec Bruno Deville et David Thielemans

C'est un binôme que le Journal des Femmes a rencontré près des Champs-Elysées. Indissociables, le réalisateur, Bruno Deville, et sa graine de star, le jeune David Thielemans, s'accordent à dire que "Bouboule" est un projet commun qui a croisé leur chemin. Avec émotion et fierté, ces "frères de cœur" racontent cette jolie aventure...

Le Journal des Femmes : Pourquoi avoir choisi le thème de l'obésité infantile ?
Bruno Deville : C'est un thème très important pour moi, puisque j'ai aussi été obèse étant plus jeune. Au départ, je ne voulais pas faire un film sur ce problème en soit, mais je voulais raconter une histoire que j'ai moi même vécu. Humiliations, complexes, affirmer ma virilité en tant qu'adolescent en surpoids... J'en ai beaucoup souffert, et encore aujourd'hui, à 38 ans et après des phases douloureuses, il me reste des séquelles de cet épisode. Il était important que je consacre mon premier long-métrage à ce sujet, que j'estime être un vrai problème de société. Le plus difficile était de se confronter à soi-même et de parler de ses propres blessures. 

Comment s'est passé le tournage avec le jeune David ?
B.D. : C'était une expérience formidable. David m'a appris beaucoup de choses, a ajouté son naturel et son brin de folie à la genèse du film. On s'est adapté ensemble à nos désirs. Bien-sûr, il y a eu des moments difficiles où il a craqué, où se mettre pratiquement nu face à la caméra était douloureux, comme à la piscine ou chez le docteur... Alors, on prenait le temps d'en discuter ensemble : c'était comme une thérapie pour lui et moi.
David Thielemans : Oui et heureusement que Bruno était là pour me donner de la force et du courage. Le fait qu'il ait vécu les mêmes épreuves que moi, plus jeune, a fait que je ne me suis jamais senti jugé.

 Comment a été reçu Bouboule au Festival d'Angoulême ?
B.D. : Le film a suscité de vives émotions. Des spectateurs sont même venus me voir, en larmes, en me disant qu'ils vivaient la même chose, de près ou de loin. Des mères s'identifiaient à Julie Ferrier dans le rôle de la maman de Kevin. J'en ai été très touché. Avec Bouboule, je veux montrer ce qui dérange, que le public se mette dans la peau du protagoniste et porte avec lui tous ces kilos de problèmes...

Et toi, David, comment se sont passés tes débuts d'acteur ?
D.T. : J'ai adoré, alors que je ne me destinais pas à le devenir... Je suis au collège, j'ai 12 ans et je ne m'attendais pas à ça. C'est Bruno qui m'a repéré à la sortie de l'école. Après en avoir parlé avec ma mère, j'ai accepté l'aventure et il m'a tout de suite mis en confiance. En plus, me mettre dans la peau de Kevin n'a finalement pas été difficile puisque c'est un peu moi. Je souffre des mêmes regards, des mêmes complexes alors qu'en soit je suis normal, je ne suis pas différent des autres garçons de mon âge. J'adore le football, m'amuser avec mes amis... En plus, ma famille m'a vraiment soutenu et mes amis ont hâte de me voir sur le grand écran. Ils me voient comme une petite star. Une chose est sûre : ma première expérience me donne envie de poursuivre dans cette voie, et tout ça, c'est grâce à Bruno. 

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Affiche du film "Bouboule", réalisé par Bruno Deville © ARP Selection