"Dans ce sport, ce n'est pas la force physique qui donne un avantage mais plutôt l'habilité à cheval, le sens de l'équipe et de la stratégie."

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Barbara Beaufils est la capitaine de l'équipe de France de polocrosse. © France Polocrosse

Barbara Beaufils est la capitaine de l'équipe de France de polocrosse. Née en Alsace, il y a 38 ans, elle a grandi entre la France, les Etats-Unis et Singapour avant de s'installer en baie de Somme pour travailler dans le domaine de la communication environnementale et des projets européens au CPIE Vallée de Somme, puis à la réserve naturelle de la baie de Somme. Elle a toujours été passionnée de chevaux. Elle est même aujourd'hui monitrice d'équitation spécialisée en éthologie et éleveuse de chevaux Henson et Quarter Horse. Elle a travaillé à la reconnaissance de la race Henson auprès du Ministère de l'Agriculture avec son mari et a fait beaucoup de horse ball avant de se mettre au polocrosse. Rencontre.


Comment avez-vous découvert le polocrosse ?
Barbara Beaufils : J'ai découvert le polocrosse suite à un projet européen de développement du tourisme équestre dans la zone Transmanche dont j'ai été en charge, mené avec des partenaires anglais sur presque 7 ans.


Qu'est-ce qui différencie ce sport du polo ?

Barbara Beaufils : Sa philosophie de respect du cheval et d'équité entre les joueurs. Au polocrosse, un seul cheval est autorisé par cavalier pour la durée d'un match. Le cavalier et sa monture forment un couple et si l'un d'eux est blessé ou fatigué, c'est le couple qui sort de la partie pour être remplacé par un autre couple. Contrairement au polo, les passes sont aériennes avec une balle en caoutchouc très rebondissante qui ne blesse personne au contact. De plus, chaque numéro de joueur correspond à une responsabilité claire sur le terrain, chacun a son rôle à jouer. Ceci crée une vrai parité entre les hommes et les femmes, car ce n'est pas la force physique qui donne un avantage mais plutôt l'habilité à cheval, le sens de l'équipe et de la stratégie. D'ailleurs, outre le fait que la tranche d'âge des joueurs va de 7 à 65 ans dans tous les pays (en Coupe du monde 2007 et 2011, la tranche d'âge était de 18 à 55 ans pour les joueurs), les équipes sont aussi clairement mixtes, jusqu'en international. Une équipe internationale est composée de 3 hommes et 3 femmes, les hommes jouent contre les hommes au sein d'une section et les femmes jouent contre les femmes. Les points se cumulent, ainsi chaque section est importante. En plus de permettre une vraie parité, c'est donc un sport intergénérationnel. Il permet aussi de mélanger les niveaux. Avec un rôle précis sur le terrain, on arrive à faire jouer ensemble des gens d'habilités très différentes et à garder le jeu fluide et actif avec des temps d'action et de pauses pour tous.

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Compétition de polocrosse. Coupe du monde 2011. Rencontre France-Allemagne © France Polocrosse

Qu'est-ce qui vous plaît tant dans ce sport ? Pourquoi ce sport plutôt qu'un autre ?
Barbara Beaufils : Nous jouons en famille avec des chevaux de races différentes. Nous partageons des moments forts sur le terrain et nous rencontrons des gens d'autres pays comme l'Irlande ou l'Australie, qui aiment tous les chevaux, la nature et les moments agréables entre amis. Que demander de plus ?


Pourriez-vous nous expliquer les règles de ce sport ?
Barbara Beaufils : Le polocrosse se joue sur un terrain en herbe de la taille d'un terrain de foot divisé en trois zones distinctes : une zone centrale où tous les joueurs évoluent et deux zones de but à chaque extrémité. Les zones sont matérialisées par des lignes blanches au sol et les buts sont des poteaux hauts espacés de 2m50. Un but est marqué lorsque la balle passe entre les deux poteaux, peu importe la hauteur et que le tir est fait à 10 m du but (aussi matérialisé par une zone de tir). Une équipe est composée de 6 joueurs mais seuls trois jouent ensemble pendant 6 à 8 minutes. La première section de trois joueurs sort et les trois autres couples rentrent, les points se cumulent ainsi sur environ 4 à 6 parties de 6 à 8 minutes. Les deux sections sont numérotés 1, 2 et 3. Le joueur n°1 est le seul habilité à mettre un but, le joueur n°3 est le défenseur du but contre le n°1 adverse et le n°2 est le joueur central qui fait office de pivot et assiste les deux autres. L'idée est de récupérer la balle lancée par l'arbitre à cheval dans l'alignement de démarrage du jeu et d'aller mettre un but. On ne peut pas rentrer dans les zones de buts avec la balle dans sa raquette. Il faut donc faire une passe ou un rebond au-dessus de la ligne. L'équipe qui a mis le plus de buts, gagne la partie.


Côté équipement, que faut-il ?

Barbara Beaufils : Un cheval qui ait envie de jouer ! Une raquette, une balle, une selle, un filet, un collier de chasse et un équipement de protection de base du cheval (tapis, guêtres), un casque pour le joueur et en match, un casque et les maillots aux couleurs que l'on souhaite défendre.


Y a-t-il beaucoup de pratiquants en France ?
Barbara Beaufils : Aujourd'hui, il y a 5 clubs et environ 150 pratiquants entre la Corse et la baie de Somme. Les gens commencent à en entendre parler et ne demandent plus "Polo... quoi?" avec un air d'incompréhension. Le nombre de joueurs augmente tous les ans depuis que nous avons lancé le premier club fin 2005.


Côté compétition, quelles sont les meilleures équipes au niveau international ?
Les pays fondateurs qui jouent depuis les années 1930 : Australie, Nouvelle Zélande, mais aussi l'Afrique du Sud et le Zimbabwé


Quel est le niveau de la France ?  
Barbara Beaufils : La France est la dernière arrivée en Europe dans la pratique du polocrosse. Nous jouons en série B avec l'Allemagne, les Pays-Bas, la Norvège, le Canada et les Emirats. Nous avons joué pour la première fois en Coupe du monde en 2007 en Australie lors de la Coupe des Nations Emergeantes et avons fini 2e. Nous avons remporté le tournoi des 4 Nations en 2010 et le Challenge International de la Coupe du Monde 2011 devant les autres pays de la série B. Nous sommes relativement récents en pratique mais systématiquement sur le podium en Coupe d'Europe depuis 2006.

A-t-on nos chances pour la prochaine Coupe du Monde en 2015 ?
Barbara Beaufils : Oui, en série B pour sûr ! Nous ne sommes pas prêts à nous présenter en série A par contre et serions bon dernier vue la différence importante de jeux. Il faut plus de masse critique et faire monter le niveau des chevaux et des joueurs. Ce sera dans quelques années, lorsqu'il y aura plus de pratiquants en France.


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