"Quand on commence à observer les oiseaux, on devient vite accro !"

Ornithologue, photographe animalier et naturaliste, Jérôme Morin a réalisé un guide permettant d'identifier "l'ensemble des oiseaux susceptibles d'être vus dans les villes, jardins et parcs urbains". Rencontre avec ce fou de Nature.

"Quand on commence à observer les oiseaux, on devient vite accro !"
© Jérôme Morin

Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?

Jérôme Morin : J'ai 36 ans. J'habite en Seine-et-Marne, région parisienne. J'ai suivi un cursus sans rapport avec ma passion d'aujourd'hui. J'ai un diplôme de technicien informatique ! J'ai toujours été passionné de nature et j'ai pu, peu à peu et grâce à mon employeur, le Maire de Pontault-Combault, diriger ma carrière vers le secteur de l'environnement. Je suis aujourd'hui chargé de l'environnement au sein de ma commune, cela en parallèle avec ma passion, l'ornithologie. Voilà 10 ans que j'observe et apprends à connaître les oiseaux. D'une simple curiosité, c'est devenu une réelle compétence qui m'a permis, en plus de créer le site Web Ornitho, d'écrire un guide ornithologique, aujourd'hui recommandé par la ligue pour la protection des oiseaux, la LPO.

Vous êtes également le créateur du Cercle d'Action Internet pour la Nature, le C.A.I.N. De quoi s'agit-il ?

En 2005, j'ai lancé une action de sensibilisation, sur mon site, car je voulais protester contre les agissements de candidats d'une émission, Kho Lanta. Ceux-ci se nourrissaient d'oiseaux, des puffins, une espèce protégée par la législation calédonienne car l'émission se déroulait sur l'île des Pins, en Nouvelle-Calédonie. Contre toute attente, mon article a fait le tour du monde et l'affaire a été médiatisée. La LPO a mis la société de production devant les tribunaux et a gagné son procès.

Suite à cette aventure, j'ai réalisé la puissance des réseaux internet et j'ai créé le Cercle d'Action Internet pour la Nature, le C.A.I.N. Le principe en est simple. Chaque personne qui y adhère, gratuitement, reçoit alors des informations environnementales à transférer à son tour à ses contacts. Ainsi, il est possible de diffuser une information (pétitions, articles, etc.) de façon pyramidale à des milliers d'internautes en quelques heures. Chaque membre a la possibilité de m'envoyer des infos que je peux transmettre au C.A.I.N. Je suis donc le fondateur de ce cercle et le coordinateur unique.

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La Fauvette grisette juvénile. © Alex et Marie Beauquenne

Comment vous est venue la passion pour l'ornithologie ?

Curieux de nature, je me suis toujours intéressé à la biodiversité. Au début, j'étais fan de grenouilles et tritons. Un beau matin, un oiseau est venu se poser devant moi. Je ne savais pas de quelle espèce il s'agissait. J'ai acheté un guide et je me suis plongé dedans pour y trouver mon oiseau. Depuis la fièvre ornithologique s'est emparée de moi, ne m'a plus quitté et je ne souhaite en aucun cas en guérir ! 

Qu'est-ce qui vous plaît tant dans l'observation des oiseaux ?

Etre dans la nature, découvrir de nouvelles espèces à observer (ce qui devient plus rare car avec l'expérience la liste se rétrécit). L'oiseau vit en dehors du tumulte des passions humaines, des envies, des ambitions, des vices et des besoins d'argent. En observant leur monde, je m'éloigne un peu de celui des humains, bien moins glorieux, et je m'y sens bien.

Quels types d'appareils photos utilisez-vous pour faire des photos d'oiseaux ?

Pour l'instant, un Konica Minolta Dynax 5D, et un Objectif Tamron 300 mm + trépied. Mais cela n'est pas suffisant, je ne suis pas satisfait, notamment sur la fiabilité. De nombreuses marques font du matériel de grande qualité et de grande précision. Mais je n'en citerai aucune étant donné le peu d'intérêt, excepté celui du portefeuille, et de soutien qu'elles portent au monde des photographes naturalistes.

Les oiseaux sont vifs, souvent éloignés, alors pour les saisir, un équipement de pointe est indispensable. Mais la photo loisir reste possible à faible coût. Certaines espèces peu farouches se laissent approcher et un appareil standard permet alors de faire des photos sympathiques.

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Le Martin-pêcheur d'Europe © Alex et Marie Beauquenne

Quels conseils donneriez-vous à un débutant qui souhaite se lancer dans l'ornithologie ?

Qu'il commence dans son jardin ou dans les parcs de sa commune ! Déjà plus d'une centaine d'espèces l'y attend ! Un guide comme le mien lui sera très utile.

Il pourra peu à peu, après avoir découvert l'avifaune de son environnement proche, élargir le cercle de ses observations afin d'en découvrir toujours plus. Attention, c'est un vrai virus ! Quand on commence à observer les oiseaux, on devient accro, c'est une véritable collection visuelle qui débute.

Les oiseaux sont nombreux et bien souvent, seule une dizaine d'espèces est connue du public, le moineau, la mésange, le pigeon, la pie, etc. Mais si l'on regarde un peu dans les arbres, vers les buissons, on s'aperçoit que de petits yeux nous observent et qu'une quantité incroyable d'espèces est à portée de jumelles.

Vous avez  publié un guide des oiseaux des villes et des jardins. Qu'est-ce qui vous a donné l'idée de faire un tel guide ? A qui s'adresse-t-il ?

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Le Gobe-mouche gris © Alex et Marie Beauquenne

Premièrement faire partager ma passion et mon souci de protéger ce monde ailé, si fragile. J'ai lu de nombreux guides, souvent trop techniques, trop gros ou difficiles à appréhender. J'ai saisi là l'occasion de créer un livre, pratique, plaisant, efficace et surtout original. Il comporte des anecdotes, des pointes d'humour, et cherche, à chaque page, à entraîner le lecteur plus en avant dans la passion.

La particularité de ce guide ? A chaque espèce, une anecdote ! Tel était mon souhait afin de rendre chaque fiche descriptive la plus plaisante possible. Chaque oiseau a donc, sous sa description, son habitat, son mode de nidification et son type de nourriture, un paragraphe nommé " Le saviez-vous ? " dans lequel une anecdote, souvent méconnue, est donnée : d'où vient l'expression tête de Linotte, quels sont les oiseaux les plus intelligents, les plus petits d'Europe, etc. Cette partie rencontre un franc succès d'après les avis des lecteurs.

Enfin, j'ai souhaité que ce guide soit un support, non pas pour mon enrichissement personnel, mais pour un projet nature qui me tient à cœur. Acquérir un espace naturel pour en faire un refuge pour la biodiversité. Une partie des fonds récoltés servira donc à mettre en place ce projet dont le suivi est mis en ligne régulièrement afin d'en garantir la transparence (http://www.web-ornitho.com).

Ainsi, la boucle est bouclée, j'ai fait un guide pour faire découvrir le monde des oiseaux à tous, et j'utilise les fonds pour créer un projet de protection de la nature.

Ce guide est destiné aux novices et aux observateurs confirmés car c'est un guide d'identification (nécessaire à l'amateur) mais également une source d'informations originales destinée à tous.

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Le Troglodyte mignon © Alex et Marie Beauquenne

Existe-t-il vraiment une distinction entre les oiseaux des villes et jardins et les oiseaux des campagnes ? Y a t-il des espèces que l'on ne peut admirer qu'en ville ?

Il y a de nombreuses différences, bien sûr. Certaines espèces des campagnes ne se voient jamais en ville, elles sont trop farouches et restent éloignées de toutes les sources de nuisances.

Mais les oiseaux des villes, avant qu'il n'y ait des villes, étaient des oiseaux des campagnes ! C'est pour cette raison que les oiseaux que l'on peut observer en ville sont tous potentiellement présents dans les campagnes.

Il n'y a aucune espèce uniquement présente en ville.

Des espèces se sont adaptées aux villes et y ont élu domicile, tels que le Moineau domestique, le Pigeon des villes, certaines mésanges, les pies et corneilles mais elles n'y sont pas inféodées.

Le Rouge-gorge familier, par exemple, ne se rend en ville qu'en hiver, pour se nourrir et repart dans les bois en été pour se reproduire. Chaque espèce a sa particularité.

Mon prochain ouvrage, "le guide des oiseaux des campagnes et des forêts", sera pour moi l'occasion de mettre en avant toutes ces espèces qui ne se rencontrent principalement que dans les campagnes et les forêts, ces oiseaux discrets et souvent, totalement inconnus du public.

 Découvrez son site sur les oiseaux : Web Ornitho

 En images : extraits du Guide des oiseaux des villes et jardins.

 

Guide des oiseaux des villes et jardins

couverture 2009
de Jérôme Morin © Editions Belin

Auteur : Jérôme Morin

Editeur : Belin

Pages : 224

Date de parution : 05/05/2009

Prix : 16.90 euros

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