Louise est bibliothécaire et fan de shibari : "Quand je suis attachée, je perds le contrôle, c'est ça qui m'excite"
Personne n'imagine un tel profil pourtant c'est le plaisir de Louise. Elle raconte au Journal des Femmes sa passion intime pour les cordes et comment elle la partage avec les hommes...
J'étais une adepte du "sexe vanille" jusqu'à mes 30 ans. Je n'imaginais pas qu'on puisse faire l'amour différemment qu'à deux dans un lit. Je n'avais jamais rien testé de l'univers du BDSM, même pas les menottes. Même pas une fessée. Pour tout dire, je n'y avais même jamais pensé. Mais d'un coup, sans prévenir, je me suis faite larguée par mon mec, avec qui j'étais depuis trois ans. J'avais 34 ans. Le deuil a été vraiment très long et très compliqué, j'en ai bavé. Et quelques mois plus tard, je me suis lancée sur les sites de rencontres pour tenter de passer à autre chose. Le premier mec, pas terrible. Le deuxième, non plus. Et le troisième, Anthony. Une dinguerie.
Il m'a demandé très vite si j'avais déjà fait du BDSM. On était chez lui, ça aurait pu paraître flippant. Mais il dégageait quelque chose de très rassurant, de très calme. Il avait plus de 40 ans, je pense que ça jouait aussi. Il m'a longuement expliqué les grandes catégories : les soumis et les maîtres, le candaulisme, le fétichisme, l'échangisme... puis m'a clairement exprimé ce que lui aimait : attacher les femmes avec des cordes, et les laisser à sa merci. C'est là que j'ai découvert le shibari, un art ancestral japonais qui est devenu une pratique sexuelle. C'est un art compliqué qui demande de bien s'y connaître, car cela peut être dangereux. On peut abuser de vous, et vous pouvez aussi vous faire très mal, si on vous a mal attaché.
"Je suis saucissonnée, souvent au pied de sa table basse"
Moi je travaille dans une médiathèque, au rayon jeunesse. J'ai un univers quotidien très "Oui-Oui part en vacances". Je suis incapable d'expliquer pourquoi le shibari m'a immédiatement attiré. Je ne sais pas si c'était le mec, si sexy, ou le fait de transgresser un interdit. Ou les deux ! En tout cas, après l'avoir entendu m'expliquer tous les risques avec sérieux, comme un médecin, j'ai dit oui. Il m'a sorti un contrat, où j'ai pu écrire tout ce que j'acceptais qu'il me fasse quand je serai attachée. J'ai dit oui pour la pénétration, mais pas pour les guilis ! Honnêtement, je ne me reconnaissais pas moi-même à ce moment-là. Mais j'ai bien fait de suivre mon intuition, car le shibari a vraiment été une révélation pour moi. Quand on est attaché, on ne peut rien faire d'autre que réfléchir. Et c'est ça, la vraie difficulté ! Dans la vie on a toujours un téléphone, de la musique, des gens autour… Là, il m'attache, et il me laisse pendant des heures ! Je suis saucissonnée comme un cocoon, souvent au pied de sa table basse, et il vient me faire l'amour quand il a en envie, sans rien dire, puis il repart. Au début, ça n'a duré qu'une heure, mais maintenant, je peux arriver à 15h et repartir le lendemain matin !
J'ai pris goût à ça, à ces moments où je n'ai plus le contrôle de rien. Je dois juste vaincre l'ennui, et c'est tellement dur, que quand il arrive pour me faire l'amour, j'ai des orgasmes qui pourraient faire s'écrouler les murs. Et puis j'ai le sentiment d'être devenue bien plus résistante, bien plus coriace. Ça peut paraître contradictoire, mais je me laisse moins faire dans la vie maintenant que je suis totalement soumise dans ma vie sexuelle. Maintenant, quand je dis oui, c'est oui. Et non, c'est non. Etre attachée, je le dis souvent mais c'est vrai, m'a libérée.