"J'ai couché avec un homme rencontré sur le quai du métro, ça ne s'est pas du tout passé comme prévu"
Rencontrer un parfait inconnu dans le métro et coucher avec ? Un fantasme qui ne fait pas peur à Romy. Un soir, elle rentre de festival et croise pour la première fois le regard de Mathias...
J'ai toujours aimé les comédies romantiques. Elles nous montrent régulièrement des rencontres improbables entre une jolie fille et un joli garçon, qui tombent éperdument amoureux. Dans certains films, les personnages se croisent dans un train ou dans un wagon de métro et terminent la nuit ensemble. Dans certains cas, ils vivent même une histoire d'amour ! Je me suis toujours demandée comment ce scénario pouvait avoir lieu dans la vraie vie. Alors l'été dernier, lorsque j'étais en pleine exploration, quand l'euphorie des beaux jours me donnait des envies de liberté, je me suis laissée tenter. Nous étions en festival avec des amis et celui-ci s'est terminé plus tôt à cause de la pluie. Nous marchions dans les couloirs du métro, j'ai lancé un regard derrière moi et c'est là que je l'ai aperçu.
Je l'ai tout de suite trouvé très attirant, à mon goût
Un homme d'à peu près mon âge, grand, avec des cheveux bouclés, un visage d'ange et un sourire éclatant, sa chemise blanche mouillée par la pluie lui collait le torse. Je l'ai tout de suite trouvé très attirant, à mon goût. J'ai même fait une blague à mes amis sur les t-shirts mouillés qui nous entouraient et l'effet que cela produisait en moi. Je l'avais remarqué du coin de l'œil, et lui non plus, ne m'avait pas raté. Alors que je m'avançais pour prendre les escalators, il est arrivé par ma droite et m'a dit "Salut Sarah ! Comment tu vas depuis le temps ?". Je ne m'appelle pas Sarah et je ne l'avais jamais vu, c'était totalement une tentative d'approche. Et elle fonctionnait. Je suis rentrée dans son jeu, l'appelant par un prénom qui n'était vraisemblablement pas le sien et faisant des blagues sur une fausse soirée où on se serait rencontrés. Arrivés sur le quai du métro, il m'a demandé mon vrai prénom, avant d'ajouter "Est-ce que tu es aventurière ?". Évidemment que je le suis, surtout en plein été après un festival et avec un bel homme au t-shirt mouillé. J'ai alors fait un signe à mes amis, leur disant au revoir en vitesse, avant de suivre cet inconnu à l'avant du métro.
Après cinq minutes, il s'est avancé vers moi et nous nous sommes embrassés
Une fois rentrés dans le wagon, nous faisions connaissance tout en nous lançant des regards langoureux, il était évident que nous ressentions tous deux un désir ardent l'un pour l'autre. Hasard de la vie ou destin, nous descendions au même arrêt de métro, nous avons alors continué à converser, à faire connaissance en sentant la tension monter entre nos deux corps. Une fois sortis du métro, nous nous sommes mis sous un abri puisque la pluie tombait toujours, pour ne pas cesser notre discussion et clôturer cette fin de soirée. Après cinq minutes, il s'est avancé vers moi et nous nous sommes embrassés. Nos corps n'avaient cessé de s'appeler et on leur laissait enfin l'occasion de s'exprimer. Il a proposé que l'on poursuive sur notre lancée chez moi ou chez lui. Tous deux en colocations, je ne sais pas très bien pourquoi j'ai pris la décision que l'on aille chez moi, mais c'était certainement une de mes plus brillantes idées de la soirée. Sur le trajet qui sépare mon appartement de la bouche de métro, nous parlions de tout et de rien, de la vie, de son travail, de ses origines. Très vite, j'ai senti un malaise s'installer. Il ne cessait de demander quand nous arrivions, se plaignant du temps de trajet (10 minutes de marche) et je me sentais petit à petit oppressée. Le bel homme du métro perdait peu à peu son charme.
On vient de faire connaissance et il emploie des mots crus
Une fois chez moi, nous sommes seuls, mes colocataires ne sont pas rentrés. Je lui propose un verre d'eau, lui fait visiter et très rapidement, on s'enferme dans ma chambre. Commence alors un rapport sexuel qui ne m'a pas laissé un agréable souvenir. Tout d'abord, il parle énormément. On ne se connaît pas, on vient de faire connaissance et il emploie des mots crus, me demande à répétition de me mettre dans cette position, puis dans celle-là, sans jamais s'intéresser à mon ressenti, si je suis à l'aise ou non. Malgré mes objections, il insiste pour que je me mette comme-ci ou comme ça. Sa sexualité est très égoïste, son plaisir prime, au point où je finis par lui faire remarquer qu'un rapport sexuel se joue à deux, et qu'il pourrait, lui aussi, me toucher, participer. Après des "préliminaires" qui n'en étaient pas réellement, il me demande si je prends la pilule. Je réponds à la négative, mais je réalise qu'il va tenter de me pénétrer sans préservatif. Je recule, je lui coupe l'herbe sous le pied et je sors de mon sac une capote que je lui tends. S'ensuit un énième moment très désagréable que je ne souhaite à personne : le cours d'éducation sexuelle pendant un rapport sexuel. Cet homme qui semblait très charmant aux premiers abords, m'explique que l'on pourrait faire sans, qu'il n'aime pas les préservatifs.
Je tente de lui faire comprendre que ça n'aura pas lieu, qu'il est hors de question que j'ai un rapport sexuel sans être protégé avec quelqu'un que je ne connais pas, que je ne prends pas la pilule et que je ne veux ni risquer d'avoir une maladie, ni de tomber enceinte. Il se justifie piteusement, mais en voyant que je commence à être tendue, passe à autre chose. On en conclut que l'on peut continuer de se toucher, mais sans aucune pénétration. Au bout de cinq minutes, il insiste de nouveau. Il emploie des phrases comme "mais juste un peu", "juste cinq minutes", "j'ai fait un test il y a peu de temps". Il insistera quatre ou cinq fois avant que je ne prenne enfin la décision de le mettre à la porte.
Je suis obligée d'être désagréable pour qu'il finisse enfin par sortir de mon lit
Je finirai par lui dire que je veux qu'il sorte de chez moi, que je ne me sens pas en sécurité, que je ne veux pas d'un homme qui insiste dans mon lit, que non, c'est non et ça ne devrait même pas être un sujet. Je suis obligée d'être désagréable pour qu'il finisse enfin par sortir de mon lit. Il me demande s'il peut passer aux toilettes avant de partir. Il quittera mon appartement en ayant laissé la lumière allumée dans la salle de bain, la chasse non tirée. Il n'avait aucun respect dans la sexualité, mais il n'avait pas non plus les bases de la bienséance. Il demandera mon numéro de téléphone en sortant de chez moi, n'ayant apparemment pas compris ce qu'il venait de se passer. Et il tentera même de m'embrasser et de glisser ses mains sur mon corps une dernière fois, comme si sur le pas de la porte, j'allais changer d'avis. J'ai eu honte de cette histoire parce que d'une certaine façon, je me suis mise en danger. Mes colocataires étaient rentrés, et si le scénario avait été plus grave, ils auraient pu intervenir. Mais quand j'ai raconté cela à mes amies, elles m'ont recommandé de ne pas recommencer et de peut-être, parler à un homme quelques heures avant de le ramener chez moi. Comme si l'excitation de la nouveauté, de la rencontre inopinée sur le quai du métro, ne valait pas la peine d'être vécue. Je ne sais pas trop. Je ne recommencerais certainement pas, mais je pense surtout qu'il faudrait que les hommes s'éduquent sur le respect, l'usage du préservatif et le consentement. Parce qu'un non veut dire non. Et qu'insister, c'est une forme d'agression sexuelle.