"Un client m'a demandé un gode nain de jardin" : témoignage d'une vendeuse en sex-shop à Pigalle
Il n'y a pas si longtemps, Marie était vendeuse dans un sex shop de Pigalle à Paris. Elle nous raconte les demandes les plus insolites et situations cocasses qu'elle a dû gérer.
Etudiante en Histoire de l'art, Marie Dampoigne cherche un petit boulot. En se promenant à Pigalle (Paris), elle voit une annonce pour un emploi de vendeuse, sur la vitrine d'un sex-shop. "Pourquoi pas" se dit-elle avant d'entrer et de discuter avec le patron. Il l'engage pour travailler de nuit, de 18 heures à 2 heures du matin, 6 jours sur 7. "Ce qui me plaisait le plus, c'était le contact avec les clients. J'entrais dans la vie privée des gens, les interactions étaient très intimes" se souvient la jeune femme. Elle aimait particulièrement observer les comportements. "Il y avait tous les profils, tous les âges : des couples âgés venus explorer de nouvelles expériences sexuelles, les femmes seules venues se découvrir, des jeunes récemment devenus majeurs." Parmi les clients les plus âgés, elle se souvient "de petits vieux d'au moins 80 ans qui venaient pour visionner des vidéos pornographiques dans des cabines". Il y avait aussi de nombreux touristes venus arpenter les rayons à la recherche d'objets divers. "Certains clients me demandaient même si on vendait des préservatifs à taille asiatique en me montrant la taille avec leurs doigts". Lorsqu'ils ne parlaient ni français ni anglais, "ils mimaient ce qu'ils cherchaient" se remémore l'ancienne vendeuse.
Et ça se met où ?
La question la plus fréquente posée par les clients d'un sex shop ? "Et ça, ça se met où ?". Cette question, Marie en a fait le titre de son livre paru le 12 décembre 2023. "Certains clients souhaitaient une démonstration live de l'utilisation des objets. Ils ont les réflexes des magasins classiques, de vêtements ou de chaussures." Il y a aussi les clients embarrassés. "Pour atténuer la gêne de certains, je leur dévoilais des choses sur mes pratiques personnelles. J'expliquais les sensations liées aux différents objets tout en les rassurant sur le fait que ce qu'ils me racontent restaient entre nous". L'humour est très utile pour désamorcer les situations tendues : "J'essayais de faire des blagues pour détendre les clients les plus gênés ou ceux qui disaient venir "pour un ami"". Il y a aussi le profil type de celui qui achète un objet mais n'a aucune idée de son utilisation.
Je vendais des plugs anaux en acier parce que les gens trouvaient ça beau
"Je vendais des plugs anaux en acier avec des jolis bijoux ou des queues d'animaux. Je me souviens de clients qui l'achetaient parce qu'ils trouvaient que l'objet était beau. J'essayais de leur expliquer rapidement l'utilisation du produit pour éviter une situation gênante". Et puis il y a les clients qui en profitent pour lui faire des avances. "J'ai reçu pleins de propositions de plans à 3 ou d'invitations BDSM dans un donjon."
C'est pour ma fille...
La jeune femme a aussi assisté à des situations cocasses. Elle se souvient d'un couple venu acheter un costume de policier. "Le mari revient quelques temps après réclamer une casquette manquante, il portait le costume qu'il tentait de cacher sous un grand manteau".
Parmi les demandes les plus loufoques, elle se souvient du "client qui a demandé un gode nain de jardin" ou d'une habituée qui a débarqué pour acheter un sextoy pour sa fille "parce qu'elle n'arrêtait pas de lui emprunter son vibromasseur". "Les sex shop n'ont pas toujours une belle image. Pourtant, il n'y a aucune honte à s'y rendre. Au contraire, la démarche permet de découvrir et parfois même de débloquer sa sexualité. Cela permet de mieux connaître son corps et écarter les préjugés. Et au moins, contrairement à l'achat en ligne, vous avez une explication sur l'utilisation et le nettoyage des objets."