"Avocate, j'ai rencontré l'amour sur Linkedin, c'était vraiment inattendu" (Louise)

Le 20 février 2023, on prêtait toutes les deux serments après nos études pour devenir avocates. On ne se connaissait pas du tout, pourtant, quand je suis arrivée dans cette pièce de la cour d'appel, je l'ai tout de suite vue. C'est le moment, avant la prestation de serment, où on essaie nos robes d'avocat. Elle parlait avec un groupe et je me faisais la réflexion qu'il y avait des personnes qui semblaient vraiment cool dans ce barreau. Peut-être sont-ils amis ou simplement sociables ? En attendant, je les regardais de loin, dans mon coin. Et je l'observais, elle, dont le rire se faisait remarquer dans cette petite pièce. Il se trouve que ce sera la personne qui sera à ma gauche, aussi bien dans la salle de prestation de serment à la cour d'appel, que dans la salle de cérémonie à la maison du barreau, plus tard dans la journée. Je suis gênée par sa présence, elle m'impressionne sans que je comprenne réellement pourquoi. Alors, je fais des blagues et elle rigole. Elle aussi parait gênée, et elle aussi fait des blagues et me fait rire.

Plus j'en parle, plus je comprends que j'ai eu coup de cœur

De 9 h à presque 14 h, on parle et on pouffe, comme si nous étions copines depuis toujours, au point que nos proches, qui nous voient d'en haut, pensent que c'est le cas. Je reçois même un SMS de mon père : "c'est génial que tu prêtes serment avec une amie !". Je lui réponds que je ne la connais pas. Cela faisait très longtemps que je n'avais pas ressenti ça, pourtant, je ne le conscientise pas vraiment. Durant la journée, à aucun instant, je ne m'imagine que nous sommes en train de nous draguer. Lorsque la cérémonie se termine, qu'il est temps de se dire au revoir, c'est le premier moment un peu gênant de la journée, puisque l'on ne s'était même pas dit bonjour. Nos parents sont autour de nous, je lève simplement ma main dans un mouvement de "eh salut !", elle fait de même, avant de tourner les talons et de partir. À cet instant, je réalise que je ne vais jamais la revoir, que cela va rester une parenthèse. Je trouve ça bête, mais elle est avocate à Paris, dans un droit qui n'est pas le même que le mien, nous n'allons pas nous recroiser. Le soir, j'y repense, j'ai envie de la revoir. Le lendemain, je déjeune avec mes parents et ma grand-mère et j'évoque cette rencontre, je leur confie que c'était quand même fou, qu'on a vraiment bien rigolé avec la fille à côté de moi pendant la cérémonie. Plus j'en parle et plus, je comprends que j'ai eu un coup de cœur. J'ai des flashs de nos fous rires, je nous imagine nous retrouver, boire un verre et glousser de nouveau. Toutefois, je ne sais pas comment cette situation va pouvoir avoir lieu, compte tenu du fait que je ne peux pas la recontacter.

J'ai son profil sur mon écran, mais je n'agis pas

Je n'ai pas son numéro. Cependant, j'ai gardé en tête son prénom et son nom de famille. Je me décide alors de la stalker, je la cherche sur Instagram, mais je ne la trouve pas. Ça m'énerve, j'ai l'air bête, j'ai l'impression d'être une ado de 12 ans qui n'obtient pas ce qu'elle veut. Quelques jours passent et elle ne quitte pas mes pensées. Sur un coup de tête, je tente une recherche sur Linkedin, et là, elle apparaît sur mon écran du premier coup. Mais c'est hasbeen ! Du moins, c'est ce que j'affirme à ce moment-là. Ce n'est pas du tout une plateforme sur laquelle j'ai envie de lui écrire, au contraire, je me dis même, qu'il vaut mieux ne jamais la recontacter que de le faire via LinkedIn. J'ai son profil sur mon écran, mais je n'agis pas. Un jour passe, avant que je finisse par me rendre à l'évidence : je pense trop à elle, c'est mon unique option, je n'ai pas le choix si je veux entrer en contact avec cette fille. Je me rends alors compte que nous avons une relation en commun, une fille qui était dans mon école à Lyon, mais qui n'était pas réellement une amie, plus une connaissance. Je ne sais même pas si elle se souvient de moi. Mais ce sera mon point d'accroche pour lui envoyer un message à peu près naturel, sans que cela soit gênant. J'écris quelque chose comme "Ne me dit pas que tu connais une telle". J'ai relu 12 fois avant d'envoyer et lorsque c'était fait, j'étais tellement stressée que j'ai éteint mon téléphone et j'ai attendu une petite heure avant d'oser le rallumer. Je me disais qu'elle avait trois options : ne pas répondre parce qu'elle n'est pas intéressée, répondre un pouce puisqu'elle est polie (mais qu'elle n'est pas intéressée) ou répondre. Et… elle l'a fait ! J'étais dans tous mes états.

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Durant les premiers échanges, je ne m'avouais pas ce qu'il se passait, pour moi, ce n'était pas de la drague. Je me disais juste : "je ne veux pas que ma vie soit sans elle et je veux retrouver le lien assez fou qu'on a eu". Je pensais chercher une amie, pourtant inconsciemment, je savais très bien ce qu'il se jouait. On a mis quelques jours avant de passer du cadre pro au perso, le temps que je décèle si oui ou non, il y avait de la drague. Les messages étaient envoyés le soir, donc cela semblait évident qu'il se créait autre chose qu'une relation professionnelle. Notamment par l'excitation que chaque notification provoquait. C'est elle qui finira par me suggérer que l'on pourrait communiquer via Instagram. Un peu comme si elle m'indiquait "c'est bon, on arrête de faire semblant qu'on est juste des collègues". Suite à cela, on a continué de s'envoyer des messages, on s'est retrouvé autour d'un verre et depuis, on n'a jamais cessé de rire ensemble. LinkedIn, c'est une tactique qui n'est pas sans risques. J'ai eu l'impression de me mettre en danger. Je ne sais pas comment j'aurais réagi, moi, dans l'autre sens, si j'avais reçu un message sur cette plateforme. J'aurais peut-être trouvé la personne un peu lourde ou la situation inconfortable. Mais je sais pertinemment que si je ne l'avais pas fait, je n'aurais jamais pu comprendre pourquoi je pensais à elle tout le temps, et je ne l'aurais certainement jamais revu. Donc rien que pour ça, je dis merci LinkedIn !