Infidélité : "Il y a 15 000 raisons d'avouer mais une seule de se taire" selon cette psychologue. La voici.

Peur de briser la confiance, culpabilité… Vous avez été infidèle et vous vous retrouvez maintenant empêtré dans des réflexions sur la nécessité ou pas de dire à votre moitié ce que vous avez fait.

Infidélité : "Il y a 15 000 raisons d'avouer mais une seule de se taire" selon cette psychologue. La voici.
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J'ai été infidèle, faut-il lui dire ? Il est compliqué de répondre par un "oui" ou par un "non" à la question de savoir s'il faut révéler une infidélité. Voici quelques éléments de réponse avec notre psychologue et psychothérapeute couple et famille, Camille Rochet. 

C'est quel type d'adultère ? Juste une fois ?

Pour la psychologue, il existe trois catégories d'infidélité :

► L'infidélité opportuniste : C'est l'infidélité qu'on peut qualifier "d'opportunité". "Une attirance pour quelqu'un que l'on rencontre. Le coup classique d'un ou une nouvelle collègue avec qui je passe beaucoup de temps et qui m'attire", explique Camille Rochet. "Il n'y a pas forcément de problèmes dans le couple ou chez nous, mais une occasion se présente et on décide de la saisir."

 Tromper pour quitter une relation"Dans cette situation, ça fait longtemps que ça ne va plus dans le couple, et la question de la séparation est en jeu. Je me sers d'une nouvelle relation pour quitter l'autre. Aller voir ailleurs est une manière d'acter cette décision", note la psychologue. Le danger, c'est que cette infidélité met en jeu l'avenir du couple en oubliant les choses positives que l'on a vécu avec son ou sa partenaire.
► Tromper pour soi : ici la tromperie peut être symptomatique d'une crise existentielle. "Le couple va très bien, mais la personne infidèle traverse une crise existentielle passagère et va chercher des réponses dans l'infidélité. Ça arrive souvent pendant une crise de milieu de vie ou si on s'est mis très tôt en couple sans avoir rien connu d'autre. À 40 ans, on peut avoir l'impression que notre vie n'est que contrainte et on envoie tout ça valser pour un peu de liberté."

L'infidélité est arrivée, on ne peut plus revenir en arrière

C'est le moment où la question fatidique se pose : dois-je avouer cet écart ? Pour Camille Rochet, cette question délicate est à analyser au cas par cas, et il n'existe pas de généralités. Il faut toutefois peser le pour et le contre et sonder pourquoi on a agit comme ça, car "il est très dur de se relever d'une infidélité", prévient-elle.

"Il est très dur de se relever d'une infidélité"

Mais pour elle, c'est finalement assez simple de savoir si on doit ou non en parler : "Il y a 15 000 raisons d'avouer mais une seule de se taire", note la psychologue. La seule raison qui peut pousser à garder ça pour soi ? Quand l'infidélité fait partie de la première ou la dernière catégorie et que toutes les conditions sont réunies : si je n'ai trompé qu'une fois, que ce n'était jamais arrivé avant et que c'était une aventure sans lendemain et qu'on ne revoit jamais la personne. "Si on a beaucoup de remords, et que l'autre ne risque pas d'apprendre cette infidélité, on peut se dire qu'on garde pour soi cette infidélité." Les séquelles sont tellement importantes que si l'on sait que ça ne reproduira pas, il peut être parfois bon de ne pas parler de l'infidélité. Mais attention "ce n'est pas pour nous permettre de continuer librement son infidélité en cachette, rappelle la psychologue, mais plutôt pour protéger l'autre d'une douleur insupportable. Et avec l'engagement intime de ne pas recommencer…"

Si le conjoint a un doute : il faut passer aux aveux

Par contre, dès lors que notre conjoint•e a un doute, a des interrogations, la question ne se pose plus : il faut passer aux aveux. "On peut vraiment créer des pathologies mentales si on rentre dans le mensonge alors que l'autre a des doutes", met en garde la psychologue. Attention aussi à ne pas avouer seulement pour soulager sa conscience, on peut travailler sur notre culpabilité pour éviter de pourrir notre relation. 

"Le pire pour l'autre est de faire des découvertes au fur et à mesure"

"Le pire dans l'aveu d'une infidélité est de faire des découvertes au fur et à mesure", explique Camille Rochet. En disant tout au compte-gouttes, on risque de perdre définitivement la confiance de notre partenaire. Alors on prend son courage à deux mains, on souffle et on se prévoit un moment pour discuter : depuis combien de temps ça dure, qui est la personne, est-ce qu'il y a eu des relations sexuelles ? "Attention à ne pas trop en dire quand même. On ne va pas dans les détails, il n'y a rien de pire que les images que l'on a dans la tête". Exit donc les positions sexuelles que l'on a expérimentées lors de cette aventure.

Après : "C'est dommage de partir du jour au lendemain"

Après une infidélité, "ça peut valoir le coup de se faire aider", rappelle Camille Rochet, car c'est un passage à l'acte qui mérite d'être compris. On va ainsi pouvoir creuser les raisons de cet acte et les catégoriser. Pour la psychologue, "c'est dommage de partir du jour au lendemain alors qu'une infidélité pourrait permettre de creuser plus profondément des problèmes ancrés, qu'ils soient personnels ou liés au couple". D'autant plus que prendre une décision importante dans un moment de crise peut être regretté par la suite. On laisse passer la colère et on se laisse une période de transparence totale. Dans un premier temps, on évite l'agressivité. C'est autorisé d'exercer un certain contrôle (sur les messages, les sorties, etc). Il faut assumer de payer les conséquences de ses actes"L'infidélité est toujours un traumatisme dans le couple, ça fragilise, mais on peut en sortir grandi si on s'y prend bien" conclut la psychologue.