"En couple avec un homme, je suis tombée amoureuse de ma collègue de travail"

Après la naissance de son premier enfant, Chloé court partout. Mère, compagne... Le bien-être de sa famille repose sur elle. Et son bien-être à elle n'existe plus. Sa rencontre avec Léonie, au travail, va tout changer...

"En couple avec un homme, je suis tombée amoureuse de ma collègue de travail"
© 123rf

Quand en 2021, j'ai commencé un nouveau travail après mon congé maternité, j'étais loin de me douter ce tout ce qui allait arriver. La période était compliquée pour moi. J'étais en couple depuis trois ans avec un homme et je donnais tout pour le foyer, plus que ce que je pouvais en réalité donner. J'ai fini par totalement m'oublier. Lorsque l'on a accueilli notre enfant, je courais sur tous les fronts. J'étais devenue une mère et une compagne sur laquelle reposait le bien-être de tout le monde. Mais au milieu de tout ça, mon bien-être à moi, n'existait plus. La fameuse charge mentale dont on entend de plus en plus parler, je la vivais à 100 %. Dès les premiers jours dans ce nouveau travail, quelque chose a basculé.

Dès les premiers jours au travail, quelque chose a basculé.

Reprendre une vie professionnelle après la naissance de mon enfant suscitait en moi beaucoup d'appréhension, mais c'était en réalité une véritable bouffée d'oxygène. Les premiers mois n'ont pas été des plus simples : entre le manque de sommeil, les tâches ménagères et le boulot à assumer, je jonglais entre chacune de mes casquettes. Mais j'ai fini par trouver mes marques. C'est à ce moment-là que j'ai rencontré Léonie. Elle faisait partie de l'équipe et très rapidement, nous nous sommes mises à échanger régulièrement sur nos vies respectives. J'attendais ces instants avec impatience, j'aimais sa présence. Globalement, je me suis toujours attachée à dissocier le travail de ma vie personnelle. Avec Léonie, c'était différent. Je me suis surprise à évoquer certains pans de ma vie avec elle. J'ai alors appris qu'elle était séparée depuis quelques mois de son épouse, avec qui elle était restée 10 ans. Notre relation est restée telle qu'elle tout au long de l'année, jusqu'à la fin de 2022, où tout s'est accéléré. Les précédents mois avaient été difficiles pour moi, aussi bien au niveau familial qu'au niveau de mon couple. Ajouté à cela des changements en interne au bureau, je ressentais un besoin urgent de me retrouver moi, de prendre soin de moi et de mes envies.

Léonie était très soucieuse de savoir comment je me sentais, elle était une oreille, une présence. Un soir de novembre, lors d'un repas d'entreprise, j'ai été étonné de voir que je prenais du bon temps. Initialement, je déteste les dîners qui s'éternisent plus que de raison, où on se sent obligé de faire la conversation pour meubler. Ce soir-là, je n'ai pas arrêté de rire, notamment avec Léonie avec qui j'ai beaucoup discuté. Aujourd'hui, elle dirait que c'est à cette table, qu'elle a ressenti quelque chose pour moi la première fois. Par la suite, nos échanges sont devenus de plus en plus réguliers. Un matin à la machine à café, elle m'explique qu'elle est invitée par une "connaissance".

Ce que je ressentais pour Léonie n'était pas anodin.

Si cette anecdote relève du papotage entre collègue, c'est aussi le moment où j'ai eu un pincement au cœur. J'étais clairement embêtée par le fait que Léonie ait un date. Si je ne mettais pas réellement les mots sur ce que je ressentais, ce n'était pas anodin. Le lendemain, lorsqu'une collègue que nous avons en commun m'a annoncé que Léonie n'allait plus à son date, mais qu'elle voulait qu'on prenne un verre toutes les trois, j'ai été soulagée et très heureuse. Cette soirée était magique. Nous avons bu des verres toutes les trois, refais le monde et profité comme si aucun problème n'existait. Notre collège a pris un tramway, quand avec Léonie, nous sommes retournées sur le parking du travail, pour récupérer nos voitures respectives et rentrer. Sur le parking, elle ouvre son coffre et me propose un dernier verre. J'ai ri de la voir sortir une bière chaude, mais je n'avais pas envie de refuser. Je n'avais pas envie de rentrer, de la laisser. Je voulais profiter encore de sa présence. Nous avons alors commencé à discuter, de tout et de rien pendant des heures et des heures. J'ai pleuré, j'ai ri, je me sentais bien, comme je ne mettais pas sentie depuis longtemps, j'étais écoutée. En partant, j'étais chamboulée. Elle l'était aussi, vraiment, puisque sur le retour, elle a explosé un pneu de sa voiture dans une ruelle et m'a écrit pour me demander de faire demi-tour afin de la ramener chez elle. En la déposant, après ce deuxième contact, je ne voulais pas la quitter. Je l'ai laissée devant chez elle, je suis rentrée et nous avons échangé quelques SMS.

"Je vais faire quelque chose qui va sûrement te mettre mal à l'aise"

Cette nuit-là, je me suis couchée aux côtés de mon compagnon après avoir vérifié que mon enfant dormait bien, et je me sentais libre. Le lendemain, tout a pris sens. À 14h, j'étais dans mon bureau quand Léonie est arrivée. Elle a fermé la porte, je souriais comme si j'avais 14 ans et que je venais de croiser mon crush dans les couloirs du collège. Face à moi, elle a pris le temps de bien me regarder droit dans les yeux avant de dire sans broncher "je vais faire quelque chose qui va sûrement te mettre mal à l'aise". Ensuite, elle s'est approchée et m'a annoncé, toujours sans aucune hésitation "Dans trois secondes, je vais t'embrasser. Mais tu es libre de partir si tu veux". Je ne saurais décrire ce qui s'est joué à l'intérieur de moi. Sûre de moi, sûre de Léonie, j'ai ajouté "je n'ai pas l'intention de partir". Alors, elle m'a embrassé, nous avons échangé notre premier baiser, au milieu de la pièce, entre mon bureau et l'imprimante. C'était irréel, inédit, un moment hors du temps. C'était la première fois que j'embrassais une femme, mais c'était une évidence. C'était elle. Ensuite, elle est sortie de mon bureau et je suis restée là, pendant un temps indéterminé, sur ma chaise, le sourire béat, le cœur qui battait la chamade. Depuis ce jour, nous ne nous sommes plus quittées et je ne me suis jamais sentie aussi bien, aussi libre, aussi moi.