"Une chute et des minima olympiques" : Manon Trapp, 23 ans, nous a raconté son premier marathon

Le dimanche 14 avril 2024, Manon Trapp s'alignera sur la ligne de départ du marathon de Rotterdam. Une course au cours de laquelle elle espère aller chercher le record de France, pour sa deuxième participation seulement sur la distance. Pour le "Journal des Femmes", l'athlète de 23 ans est revenue sur sa première expérience sur la distance reine.

"Une chute et des minima olympiques" : Manon Trapp, 23 ans, nous a raconté son premier marathon
© STADION-ACTU/SIPA

"Après onze ans à faire du judo, je me suis inscrite dans un club d'athlétisme en 2017. Très vite, j'ai commencé à avoir de bons résultats et des sélections en équipe de France. Je faisais de la piste, des cross [elle a notamment été quatre fois championne de France, ndlr] et de la route jusqu'au 10 km. Mais rapidement, j'ai compris que j'aimais les sensations ressenties sur des distances plus longues. J'aime tenir une allure, me sentir libre et avancer sans me fatiguer. Il y a aussi une dimension presque méditative dans cette pratique. En regardant ma progression au fil du temps, les minima olympiques sur marathon (2h26'50'') me semblaient accessibles. Au départ, c'était une distance que je pensais réservée à des athlètes plus expérimentées, mais j'ai vu d'autres filles de ma génération se lancer. À l'été 2023, je me suis dit : "Pourquoi pas moi  ?". Je n'avais rien à perdre, comme j'étais débutante sur la distance.

Tenter le tout pour le tout

Après les championnats de France Élite en juillet 2023, j'ai pris des vacances et je suis retournée à l'entraînement mi-août. Nous avons commencé une préparation avec, dans un premier temps, les championnats du monde de semi-marathon en ligne de mire. Cela m'a permis de travailler le rythme. Ensuite, j'ai eu une deuxième partie de préparation axée sur des séances plus longues, pour l'endurance. J'ai choisi de courir le marathon de Valence avec les minima olympiques pour objectif. Je savais que c'était ambitieux, mais ce n'était pas grave si ça ne marchait pas. Je voulais tenter le tout pour le tout.

Un challenge inattendu

Dès le départ, j'ai eu de très bonnes sensations. Mais au ravitaillement du 10ème kilomètres, j'ai chuté dans une bousculade. Je me suis étalée de tout mon long en me tordant la cheville. J'ai cru que mon premier marathon allait s'arrêter là. J'ai boité sur plusieurs centaines de mètres, mais j'ai fini par me remobiliser et progressivement, j'ai rattrapé le lièvre qui tenait l'allure des minima. Tout au long de la course, j'ai eu des hauts et des bas, des moments où je me disais que je n'arriverais pas à aller jusqu'à la ligne d'arrivée à cette vitesse, à tenir cette allure. Puis à partir du 31ème kilomètre, alors que je pensais "prendre le mur", je me suis sentie pousser des ailes. Je me rapprochais de la fin, je voyais que j'étais dans les temps. J'ai terminé en 2h25'48'' et j'étais très heureuse. C'était inespéré et très encourageant pour la suite. J'ai adoré courir cette distance. Je savais au fond de moi que ça allait me plaire, mais ça a été une vraie confirmation. Je vais recourir un marathon en avril, à Rotterdam, pour tenter de me qualifier pour les Jeux olympiques de Paris car depuis cette course, d'autres Françaises ont également atteint cette marque et il n'y aura que trois qualifiées. Le record de France a même été battu par Méline Rollin [en 2h24'12'' lors du marathon de Séville 2023, ndlr]. Je ne m'attendais pas vraiment à devoir en recourir un aussi tôt, mais je serai prête et une fois de plus, je n'ai rien à perdre. "