"J'étais en colère contre la course à pied" : après son cancer du sein, Céline Valette prépare son premier marathon

En 2021, Céline Valette a été diagnostiquée d'un cancer du sein triple négatif. Aujourd'hui en rémission, elle s'apprête à participer au marathon de Paris, le 7 avril 2024.

"J'étais en colère contre la course à pied" : après son cancer du sein, Céline Valette prépare son premier marathon
© Celine Valette

Attachée de presse, mère de deux garçons, sportive… Céline Valette est une femme très occupée. Sa vie bien chargée a été bousculée le 28 mai 2021, lorsqu'on lui a diagnostiqué un cancer du sein triple négatif. Celle qui s'est relevée après avoir "pris un bus dans la gueule" est aujourd'hui en rémission et prête à courir son premier marathon dans la capitale, le 7 avril prochain. Elle raconte son parcours. 

Journal des Femmes : Quelle est votre histoire ?
Céline Valette : Comme les autres femmes à qui ça arrive, j'ai senti une grosseur dans mon sein et je suis allée à la clinique. J'y ai été très mal reçue à plusieurs reprises. On m'a dit que je n'avais rien, que les résultats n'indiquaient "pas grand-chose". Puis, on m'a annoncé un faux négatif. On m'a même dit, un jour : "Vous n'êtes ni la première ni la dernière à qui ça arrive". Et puis, le 28 mai 2021, tout s'est écroulé autour de moi. À l'hôpital, on m'a annoncé un cancer du sein triple négatif, très agressif. Le 10 juin, je suis entrée en chimio avant d'être opérée. J'ai pu conserver mon sein. Ensuite, c'est allé de bonne nouvelle en bonne nouvelle, car j'ai bien répondu à la chimio. Pour mettre toutes les chances de mon côté, j'ai contrôlé tout ce que je pouvais, dont la course.

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© Celine Valette

Comment avez-vous découvert la course à pied ?
Je faisais du sport bien avant ma maladie, j'avais même déjà participé à des semi-marathons. C'est pour ça que quand on m'a diagnostiquée, j'étais en colère, j'en ai voulu à la course à pied. Jusqu'à ce qu'un jour, un ami me dise que si je n'avais pas fait d'activité physique, j'aurais pu être encore plus malade. Avec le recul, je pense que c'est lui qui a le bon état d'esprit.

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© Celine Valette

Que ressentez-vous quand vous courez ?
Je me sens vivante
! Pendant les quatre plus grosses chimios, je ne pouvais plus courir. Mais au cours des 12 autres traitements, plus tolérables, je me sentais vivante, comme tout le monde. C'est fou, mais j'avais un peu l'impression de m'autoguérir en activant mon corps. Ça m'a aidé à tenir. Et d'ailleurs, plus on se bouge, moins on a d'effet secondaire. En revanche, je refusais de courir dans des groupes composés d'autres personnes malades. Quand on a un cancer, tout notre monde change, on n'est plus qu'un "malade". Quand je courais, c'était le seul moment pendant lequel j'avais l'impression d'être en pleine santé.

Aujourd'hui, vous êtes en rémission depuis deux ans et demi et vous vous préparez à courir le marathon de Paris. Pourquoi avez-vous voulu y participer ?
L'idée me trottait dans la tête depuis un moment déjà, mais le fait d'avoir été malade a contribué à ce que je passe le cap. La maladie, ça fait accélérer beaucoup de choses. On voit la vie différemment, c'est indescriptible. Maintenant, je suis très contente de vieillir par exemple ! J'ai 42 ans aujourd'hui et j'en suis heureuse. Si mon témoignage peut donner de l'espoir et de la force aux femmes malades, c'est le but. C'est pour ça que je fais ce marathon et que je témoigne. 

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© Celine Valette

Comment vous entraînez-vous ? 
J'ai un coach et je cours dans un club tous les mercredis soir. Je m'entraîne en plus trois ou quatre fois par semaine. Le marathon, on l'a dans la tête tous les jours, c'est une hygiène de vie. J'ai eu quelques douleurs au dos il y a quelques semaines, donc j'ai tout de suite eu peur de la récidive et j'étais vraiment mal mentalement. Même si les chances de récidives diminuent au bout de trois ans, on n'est jamais tranquilles. Mais ça va bien. Ce marathon, j'y vais pour me faire plaisir et pour kiffer. Comme je suis compétitrice, je veux faire un bon temps, mais je suis sereine. 

Quel est cet objectif de chrono ?
J'aimerais finir en moins de 4h. Ce serait la cerise sur le gâteau !

Votre histoire est très liée à celle de votre idole, Anaïs Quemener. Sa rémission vous a-t-elle donné confiance ?
Les témoignages des autres femmes en traitement m'ont donné des ailes ! Quand j'ai découvert Anaïs, qui est aujourd'hui complètement guérie, j'étais en plein traitement, elle m'a fait beaucoup de bien. C'est réellement mon idole. Elle est radieuse. Je vais d'ailleurs la rencontrer avant le marathon, j'espère qu'elle pourra me donner quelques conseils ! Mais les réseaux sociaux m'ont aussi fait du mal, car je voyais des femmes mourir de ma maladie. Pour garder espoir dans les moments durs, je répétais les prénoms de celles qui s'en sont sorties avant de m'endormir.